PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Tout ce que vous voulez savoir sur les Petits Formats et sur la BD populaire est ici.
Retrouvez également l'actualité des Fumetti en France, les projets des éditeurs sans oublier les fanzines dédiés.
De Akim à Zagor en passant par Tex Willer, Mister No ou Blek le Roc, c'est ici que ça se passe !
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Message par Nutello »

datadox a écrit :D'après la description du début de l'histoire que tu m'as envoyée en mp, c'est bien la même. :wink:
Merci Tristan. Je complète mon listing.
Avatar du membre
datadox
Guide Spirituel
Guide Spirituel
Enregistré le : jeu. 01 mai 2008, 00:29
Localisation : Library of Congress
Contact :

Re: PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Message par datadox »

Carlo Jacono a aussi réalisé deux couvertures pour Oltretomba 22 et 29, mais à ma connaissance elles n'ont pas été reprises chez Elvifrance.

En revanche, on les retrouve en Espagne chez Elviberia, respectivement aux numéros 20 et 34 de Delirium (mais cette dernière sous une version grossièrement censurée).
Oltretomba 22_800.jpg
Oltretomba 29_800.jpg
Mes recherches : http://www.forumpimpf.net/viewtopic.php ... 53#p555499
Mes séries complètes : http://www.forumpimpf.net/viewtopic.php ... 49#p587549

Plus que 19 Arédit / Artima [et 26 Filles] [hors rebrochages] sur 12.285
Avatar du membre
Tovenaar
Administrateur Pimpf Wiki
Administrateur Pimpf Wiki
Enregistré le : mar. 11 avr. 2006, 03:34

Re: PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Message par Tovenaar »

Pour rendre ce sujet et les suivants encore plus beaux, utilisez la fonction "insérer dans le message" (images).
Inserer.png
Inserer.png (2.58 Kio) Vu 4539 fois
J'ai édité les messages des deux sujets "PFA ... Elvifrance". :wink:
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Message par Nutello »

Le château intervient dans ces récits essentiellement de par ses capacités fantasmatiques de vaste lieu impressionnant et inconnu où beaucoup de choses peuvent se produire.

Il est rare que des intentions politiques de critique sociale post-révolutionnaire visant l'aristocratie apparaissent dans les récits d'Elvifrance. Ceux-ci au contraire montrent toujours des domestiques très attachés à leurs maîtres, et sans doute plus encore à leurs maîtresses. Nous sommes loin des films Chair pour Frankenstein et Sang pour Dracula d'Andy Warhol, Paul Morrissey et Antonio Margheriti où le prolétaire Joe Dallessandro est naturellement hostile au comte et au baron Udo Kier.
Tout juste peut-on relever quelques exemples.
On peut ainsi mentionner le remarquable "Château des morts-vivants", dans Outre-tombe n° 10, dans lequel les seigneurs morts-vivants ont accès à un sérum les aidant à se maintenir et vivent dans le château, tandis que leurs anciens serviteurs sont enfermés dans le cimetière et, privés de sérum, se dégradent implacablement. Creusant un tunnel sous les grilles du cimetière, les serviteurs morts-vivants sortent de leur enclos et lancent une attaque contre le château dans une jacquerie vite réprimée.
Dans "Concerto d'outretombe", dans Outre-tombe II n° 14, un seigneur profite de son statut social pour abuser des femmes et des filles des habitants du village proche. Mais ceux-ci se tournent contre lui, et le punissent.
Comme autre exemple, dans "L'or du démon" et "Le salaire du malin", dans Terror n° 7 et 8, Gilles de Rais utilise sa richesse pour acheter des enfants chez les paysans des environs de son château. Son pouvoir ne le sauvera pourtant pas d'une enquête et du bûcher de l'Inquisition.

A l'opposé, dans "En passant par Fentonville", dans Outre-tombe II n° 11, le comte Dogman règne par la terreur sur le village voisin non par son pouvoir social, mais par la magie noire et sa capacité à se changer en monstre.
Dans "Le loup-garou", dans Terror hors série n° 4, le duc Kurd Vlenic use de son pouvoir financier non contre des représentants du peuple, mais contre un autre noble, le comte Rakmalnikoff, terriblement endetté, dans le but de le convaincre de lui faire épouser sa fille.
Dans "La fin du cauchemar", dans Outre-tombe II n° 8, on est encore plus loin d'une pensée "progressiste" : une jeune femme découvre que son mari, descendant d'un simple écuyer ayant assassiné un comte et pris sa place en usurpant son titre, est un être dégénéré, alors que les authentiques aristocrates du récit sont au contraire des sujets bien plus respectables.
Comme rare allusion politico-sociale, on peut noter la dénonciation du racisme en Rhodésie dans "Le pouvoir de la mort", dans Outre-tombe II n° 17.

Le propos des bandes dessinées d'Elvifrance est plutôt, comme dans la plupart - la totalité ? - des œuvres "de genre", de poser un conflit, avec comme ressorts dramatiques essentiellement la vengeance, parfois liée à la jalousie et l’adultère, et par ailleurs le meurtre par intérêt.
Connues pour leur érotisme, une autre fonction première des publications d'Elvifrance est naturellement de montrer des personnages féminins déshabillés et participant à des ébats érotiques.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Message par Nutello »

CONSIDÉRATIONS DRAMATURGIQUES

Au vu des couvertures des fascicules de Terror et Outre-tombe, évoquant des affiches de cinéma, au vu de leurs thèmes et leurs décors, les récits paraissent s'inscrire dans une certaine tradition cinématographique. Cette impression est toutefois trompeuse. Car, dans le même temps, et sur le plan dramaturgique, ces récits curieusement méprisent bien des codes cinématographiques – et aussi bédéphiliques – traditionnels.

Remarquons au préalable que l’on emploie souvent le mot "héros" comme raccourci pour "personnage masculin principal" d’un récit : 2 syllabes à prononcer au lieu de 9, ce qui engendre une certaine polysémie ambiguë du terme. Remarquons aussi que le spectateur ou lecteur généralement ne semble guère attendre d’actes "héroïques" de la part de l’"héroïne".
http://www.larousse.fr/dictionnaires/fr ... AFne/39721
http://www.linternaute.com/dictionnaire ... ion/heros/

Le premier grand stéréotype de la dramaturgie ordinaire est de montrer la rencontre entre une jeune femme et un homme, pas forcément jeune. Dans la quasi-totalité des récits "traditionnels", la fonction du héros est de rencontrer, séduire et éventuellement sauver l'héroïne.
Dans les fascicules Elvifrance, il n'a pas toujours besoin de séduire.
La séduction peut en effet être "naturelle" comme dans les cas de la liaison et la rencontre amoureuse, la relation d'une femme consentante avec son amant qu'elle soit ou non déjà engagée par ailleurs, d'une façon générale la scène érotique où la femme est consentante de façon crédible, avec le cas particulier d'une femme qui s'offre au spectre de son mari défunt (Outre-tombe II n° 2) : les deux collections Terror et Outre-tombe présentent 81 accouplements hétérosexuels doublement consentants sur les 204 répertoriés, sauf erreur de calcul, soit 39,7 %.

Dans les autres cas, la séduction, nettement moins consentante, peut être artificielle, ainsi avec le pouvoir diabolique ou l’hypnose ; elle peut aussi ne pas être nécessaire, la jeune femme étant "séduite" d'avance comme dans le cas où les personnages féminins se révèlent être de parfaites nymphomanes : 23 accouplements hétérosexuels sur les 204, soit 11,27 % ; la jeune femme peut aussi ne pas avoir à être séduite, avec un impressionnant nombre de viols : 50 sur 204, soit 24,51 %, auxquels on peut ajouter les cas de l’épouse soumise au "devoir conjugal", la prostituée, la succube ou la diablesse qui n'a pas besoin d'être séduite, étant elle-même, et à l'opposé, une séductrice.

Enfin, il n'est pas nécessairement besoin de sauver l'héroïne. Celle-ci est possédée sexuellement, avec ou sans son consentement, éventuellement fouettée et torturée, et même assassinée.
Modifié en dernier par Nutello le ven. 09 sept. 2016, 18:27, modifié 2 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Message par Nutello »

Deuxième considération, usuellement – et cela est d'autant plus vrai que l'"œuvre" appartient à des genres naïfs tels que les blockbusters hollywoodiens et les téléfilms –, un récit "classique" présente des personnages très typés, héros et héroïnes, identifiables dès le début.
Il est généralement recommandé aux apprentis scénaristes de faire apparaître les personnages principaux rapidement après l'ouverture du film. Il est également impensable de faire disparaître un héros au cours du récit. Et cela est tout aussi vrai pour la bande-dessinée.
S'il existe des contre-exemples, ils appartiennent davantage au cinéma d'art et essai ou du moins à un cinéma aux exigences scénaristiques plus marquées : ainsi le célébrissime 2001 de Stanley Kubrick (1968) où l'on change de personnage central au milieu du film ; ainsi le brillant film de Peter Fleishmann, La maladie de Hambourg (1980) dans lequel le personnage principal meurt aux deux tiers de la durée.
maladie.jpg
maladie.jpg (31.48 Kio) Vu 4501 fois
maladie2.jpg
maladie2.jpg (19.14 Kio) Vu 4501 fois
maladie3.jpg
maladie3.jpg (18.86 Kio) Vu 4501 fois
Un grand mérite des récits italiens publiés par Elvifrance est de délibérément bafouer de tels sacro-saints commandements du cinéma grand public et de la bande-dessinée.

Les récits de ces deux séries sont toujours très sanglants, finissant en particulier avec la mort de la plupart des personnages humains centraux, et souvent avec le triomphe des forces du mal, spectres ou démons. Sur 72 récits, 34 s'achèvent avec la mort de la totalité des personnages ! Près de la moitié...
A l'opposé, on ne peut dénombrer que 7 "happy ends". Citons les pour leur rareté : Terror n° 10, Terror hors série n° 1, 2, 3, Outre-tombe n° 14 et 16 Outre-tombe II n° 6. On peut même signaler un faux "happy end" dans Terror n° 19, "La vengeance du malin". Au terme d'une enquête, le héros sauve l'héroïne des forces du mal, en abattant un faux démon. Le "vrai" démon surgit au dernier moment pour les frapper.

D'autre part, certains des personnages masculins ne sont pas toujours très présents. Dans "La vengeance des druides", dans Terror n°10, les héros n'apparaissent qu'au milieu du récit. Celui du "Moulin maudit", dans Terror n° 18, n'est visible qu'à l'ouverture et à la fin du récit, et laisse l'héroïne agir seule pendant l'essentiel du fascicule.
Ou encore, un certain nombre de récits présentent plusieurs personnages masculins dont aucun n'est principal ni ne se détache particulièrement, ou qui se trouvent cantonnés à des rôles de comparses très secondaires. Dans Terror n° 5, le jeune homme de départ se fait tuer par l'héroïne possédée par l'esprit d'une défunte ; le héros, jeune détective, ne surgit qu'au milieu du récit. Dans "Les statues de la mort" (Terror n° 13), le directeur de Scotland Yard meurt au milieu du récit, et c'est désormais l'assassin qui devient le personnage clef.



Troisième point, un certain nombre de récits de Terror et Outre-tombe présentent certes un personnage masculin principal que l’on puisse qualifier de "héros", ainsi capable de comportements héroïques comme de sauver l'héroïne. Sur 72 récits, les collections Terror et Outre-tombe en présentent 36 – l’exacte moitié – où figure un tel protagoniste "positif". Mais ce taux de 50 % paraît faible si on le compare à ceux de bien d'autres genres narratifs qui, sans trop de risques d'erreur, doivent pouvoir être estimés proches de 100 %.

Dans bien d'autres récits, le personnage masculin principal est un meurtrier, parfois doublé d'un sadique : 22 cas sur 72, ce qui constitue quand même un pourcentage honorable de 30,55 %. Ce ne sont pas toujours des assassins directement agissants. Le personnage de "La mariée sanglante", dans Terror n° 21, "se contente" de refuser de témoigner en faveur d'une innocente condamnée à mort, afin de ne pas porter ombrage à sa carrière. Le personnage masculin principal des "Maudits de Dieu", dans Outre-tombe n° 5, est un faux héros : il mène l'enquête, séduit l'héroïne, mais se révèle finalement être un meurtrier.

Dans d'autres cas, certains personnages masculins principaux, sans être des meurtriers ni des sadiques, ne sont toutefois pas des personnages répondant tout à fait à l'idée que l’on se fait du "héros". il paraît difficile de parler de "héros" pour désigner l'archéologue du "Fantôme de la ville morte", dans Outre-tombe II n° 9, qui n'hésite pas à frapper (p. 78), pour la faire parler, la malheureuse héroïne régulièrement violée et fouettée par son maître. Les expériences étranges du médecin de "La maison des squelettes" dans Terror n° 9, offrant sa maîtresse endormie à un monstre, ne font pas non plus de lui un personnage très reluisant au regard des conventions. Bon nombre d'entre eux se révèlent sensiblement lubriques, pratiquant l'adultère sans grands remords, voire la tentative de viol comme celui du "Portrait de Louise Brown" dans Outre-tombe II n° 6.

Ou encore : Le personnage principal de "Démona", dans Terror n° 4, est un bossu guère séduisant, valet de Satan et d'une sorcière. Le directeur de Scotland Yard, dans "Les statues de la mort", dans Terror n° 13, n'hésite pas à violer une prostituée. Le personnage masculin central des "Chiens du mal", dans Terror n° 22, est un père tyrannique ; celui du "Monstre du lac", dans Terror hors série n° 3, est un vampire ; celui de "La nuit des horreurs", dans Outre-tombe n° 8, se dédouble en homme-bête.

Le "beau jeune homme" de service est souvent le héros, mais dans certains cas, amant de l'héroïne, il est plutôt une victime et disparaît très vite, assassiné pour une raison ou une autre : par un père jaloux (Terror n° 3), par son amante possédée par l'esprit d'une morte (Terror n° 5), par un assassin (Terror n° 13, Outre-tombe n° 15, Outre-tombe II n° 5), par un rival (Terror hors série n° 4).
Dans "Le fantôme de l'opéra" (Terror n° 1), il est défiguré par un mari jaloux. Dans "Démona" (Terror n° 4), il est victime d'une sorcière ressuscitée, en tant que descendant de l'homme qui l'a condamnée au bûcher des siècles plus tôt. Dans "Les maudits de Dieu" (Outre-tombe n° 5), il se révèle être un faux héros, meurtrier.

L'inspecteur de police est rarement le héros, à moins qu'il devienne l'amant de l'héroïne, comme dans "Conte gothique" (Terror n° 5). Mais dans "Les maudits de Dieu" (Outre-tombe n° 5), l'inspecteur de police amant de l'héroïne se révèle au final être un antihéros, puisqu'il s'agit en vérité d'un assassin. Le plus souvent, l'inspecteur de police sert plutôt de lien entre différentes actions qui, à travers lui, se regroupent pour composer la présentation de l'intrigue. Il permet aussi de faire des ellipses dans celle-ci, en créant une intrigue secondaire qui ménage dans le même temps un suspense en détournant le lecteur du récit principal. Il peut également servir à expliquer les événements, à la manière du coryphée de la tragédie grecque, comme à la fin d'"Orgie de sang", dans Terror n° 17. N'ayant ainsi qu'une fonction purement utilitaire, s'il n'est pas le héros, il peut être éliminé sans problème à n'importe quel moment du récit (Terror n° 6, 13).
Modifié en dernier par Nutello le sam. 10 sept. 2016, 08:54, modifié 20 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Message par Nutello »

Il semblerait que, à partir du moment où le "contrat" de poser un conflit et d’autre part de montrer des personnages féminins déshabillés participant à des ébats érotiques, était rempli par les scénariste et dessinateur du fascicule, ceux-ci avaient les coudées relativement franches.
Ils pouvaient ainsi développer leur récit comme bon leur semblait sans être soumis, comme la plupart des auteurs de bandes dessinées et de films, au carcan de lois dramaturgiques souvent simplistes et excessives à appliquer à la lettre sous peine que l'œuvre soit rejetée par les éditeurs ou producteurs.
L'auteur de récits publiés par Elvifrance semblait pouvoir aligner des fantasmes gratifiant ses lecteurs, tout en se souciant de la cohérence de l'intrigue résultante mais sans avoir à trop se soucier des lois clefs de la dramaturgie qui sévissent ailleurs, dans les autres "branches", ou secteurs, de la création d'œuvres "de genre". Sans doute une certaine richesse et une certaine subtilité de nombreux récits complets publiés par Elvifrance viennent-elles de là. Ce serait dans la mesure même où les auteurs auraient été dégagés du souci éprouvant de respecter les règles imposées d'une dramaturgie traditionnelle, qu'ils auraient pu exercer une certaine liberté dans leur narration et développer des intrigues et des structures plus originales qu'ils n'auraient pu le faire ailleurs. Ils auraient retrouvé là une certaine liberté dont jouissent les auteurs d'œuvres d'art et essai sur lesquels ne pèse pas la malédiction, ou la dictature, de critères de rentabilité, donc du besoin de plaire au plus grand nombre.

De là, sans doute, ces entorses fréquentes aux lois les plus élémentaires de la dramaturgie classique. Dans Terror n°2, 1er récit, le héros est un jeune bossu. Dans Terror n° 3, le beau jeune homme, amant de l'héroïne, se fait rapidement tuer. Dans Terror n° 4, le personnage principal est un affreux bossu, le beau jeune homme se fait tuer par une diablesse, et il n'y a précisément pas d'héroïne, mais une démone comme personnage féminin principal. Dans Terror n° 5, le jeune homme de départ se fait tuer par l'héroïne possédée par l'esprit d'une défunte ; le héros, jeune détective, ne surgit qu'au milieu du récit. Dans Terror n° 6, il n'y a pas d'héroïne, mais une succession de jeunes femmes victimes de l'éventreur... Dans Terror n° 18, le héros part au début du récit et ne revient qu'à la fin, et la majeure partie du récit se déroule sans lui ; d'autre part, il ne sauve nullement l'héroïne, mais la tue avec lui . Etc. etc.

En déconstruisant les codes narratifs, et plus particulièrement cinématographiques, traditionnels, - et aussi de la bande dessinée -, certains récits publiés par Elvifrance auraient permis le petit miracle de faire accepter par un public "populaire" des structures narratives dignes seulement d'œuvres difficiles, voire "élitistes" ou même franchement "underground" ; en tout cas des structures narratives absentes de toute forme narrative, cinématographique ou autre, à destination du grand public.
Grâce à l'érotisme, le public d'Elvifrance aurait été conquis d'avance. Grâce à cette "conquête d'avance", les auteurs auraient eu les coudées franches pour développer des récits qui ne pouvaient que s'en trouver enrichis au lieu de demeurer prisonniers de cadres moins ambitieux comme les œuvres devant encore conquérir leur public en faisant appel à une cuisine scénaristique immuable et implacable dûment éprouvée et reconnue par les éditeurs et producteurs cinématographiques toujours très pointilleux sur les questions de rentabilité.

Semble-t-il, cela ne dérangeait nullement le lecteur que le personnage principal soit un assassin, ou un individu au comportement étrange comme le médecin de "La maison des squelettes" qui, sous couvert d'"expérience", amène un monstre à violer sa maîtresse (Terror n° 9). Comme autre sérieuse prise de recul par rapport à des publications plus traditionnelles, on peut rappeler le nombre infime (10 %) de happy ends, généralement liées au maintien ou à la constitution d'un couple, et à l'opposé le nombre considérable (47,22 %) de récits montrant la mort de tous les personnages.
En ce sens, les récits publiés par Elvifrance sont en quelque sorte "révolutionnaires", et ne pourraient en aucun cas constituer, tels qu'ils sont, des scénarios cinématographiques, en raison des a priori drastiques qu'exigent et auxquels succombent les producteurs et le grand public.

En ces années 1970 et 1980, l'érotisme aurait donc permis de vendre à un large public bien des choses, y compris une sorte d’avant-garde structurelle. Et ce large public paraît s'en être très bien porté. En conséquence, la présence de scènes érotiques était peut-être pour beaucoup de lecteurs la principale raison d'achat d'un fascicule Elvifrance. Mais ce n’était pas la seule. La liberté accordée aux auteurs leur aurait permis de créer des situations et de développer des intrigues impossibles dans d'autres cadres d'édition.
Modifié en dernier par Nutello le mer. 31 oct. 2018, 16:39, modifié 3 fois.
Avatar du membre
satanik
Maître 4e Dan
Maître 4e Dan
Enregistré le : dim. 03 avr. 2005, 10:47
Localisation : région parisienne

Re: PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Message par satanik »

Etude très intéressante, tes pourcentages sont un peu faussés car ils ne concernent que la publication française et pas l'ensemble des revues publiées en Italie sur ce titre.
Chaque fois que l'on se fait photographier, on croit qu'il va naître un Dieu
Avatar du membre
mario
Grand Maître
Grand Maître
Enregistré le : dim. 08 août 2010, 15:21
Localisation : Paris

Re: PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Message par mario »

Nutello a écrit : En ces années 1970 et 1980, l'érotisme aurait donc permis de vendre à un large public bien des choses, y compris une sorte d’avant-garde structurelle. Et ce large public paraît s'en être très bien porté. En conséquence, la présence de scènes érotiques était peut-être pour beaucoup de lecteurs la principale raison d'achat d'un fascicule Elvifrance. Mais ce n’était pas la seule. La liberté accordée aux auteurs leur aurait permis de créer des situations et de développer des intrigues impossibles dans d'autres cadres d'édition.
Belle analyse.

Réduire Elvifrance (les fumetti neri) à l'érotisme (ou à la pornographie) c'est une erreur que commettent ceux qui ne les connaissent pas.

Ils sont bien pire que ça!
Avatar du membre
nano
Maître Jedi
Maître Jedi
Enregistré le : jeu. 02 avr. 2015, 16:10

Re: PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Message par nano »

mario a écrit :
Nutello a écrit : En ces années 1970 et 1980, l'érotisme aurait donc permis de vendre à un large public bien des choses, y compris une sorte d’avant-garde structurelle. Et ce large public paraît s'en être très bien porté. En conséquence, la présence de scènes érotiques était peut-être pour beaucoup de lecteurs la principale raison d'achat d'un fascicule Elvifrance. Mais ce n’était pas la seule. La liberté accordée aux auteurs leur aurait permis de créer des situations et de développer des intrigues impossibles dans d'autres cadres d'édition.
Belle analyse.

Réduire Elvifrance (les fumetti neri) à l'érotisme (ou à la pornographie) c'est une erreur que commettent ceux qui ne les connaissent pas.

Ils sont bien pire que ça!
Je ne sais pas si l'analyse est belle mais la partie en jaune, je ne l'ai pas comprise.
Je pense cependant qu'on se situe dans l'analyse de Nutello sur un plan révisionniste. Que nous décelions aujourd'hui dans ces publications quelques richesses dépassant un cadre pornographique, j'en conviens. Nutello a un talent certain dans l'intellectualisation positive, l'analyse et la narration. Que cette réalité soit celle d'il y a 40 ans, j'ai des doutes. C'était pour moi à l'époque exclusivement et prosaïquement du matériel à semence.
La petite fiente universelle!!!!!!!!!!
Avatar du membre
mario
Grand Maître
Grand Maître
Enregistré le : dim. 08 août 2010, 15:21
Localisation : Paris

Re: PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Message par mario »

nano a écrit : Je ne sais pas si l'analyse est belle mais la partie en jaune, je ne l'ai pas comprise.
Je pense cependant qu'on se situe dans l'analyse de Nutello sur un plan révisionniste. Que nous décelions aujourd'hui dans ces publications quelques richesses dépassant un cadre pornographique, j'en conviens. Nutello a un talent certain dans l'intellectualisation positive, l'analyse et la narration. Que cette réalité soit celle d'il y a 40 ans, j'ai des doutes. C'était pour moi à l'époque exclusivement et prosaïquement du matériel à semence.

Tu étais bien jeune à l'époque, Nano.

Ceci explique cela.
Jean-Louis
Maître Jedi
Maître Jedi
Enregistré le : mer. 27 août 2003, 02:00

Re: PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Message par Jean-Louis »

Nutello a écrit : En ces années 1970 et 1980, l'érotisme aurait donc permis de vendre à un large public bien des choses, y compris une sorte d’avant-garde structurelle.
Disons que cela a fait partie (et contribué) à un mouvement de libération des mœurs, y compris sur un plan artistique, où l'époque était très riche en expérimentations diverses.

Hélas, comme souvent, le bon temps ne dure pas, et l'existence retombe dans un marasme conventionnel ; mais bon, les gens se sont rendus compte que pendant un bref moment, il était permis de croire que tout était possible. :D

Cependant, tout n'a pas été vain ; des expériences tentées, certaines ont fait long feu ; d'autres ont perduré, et desserré un peu l'étau des conventions, n'en déplaise aux censeurs de tous poils...

Mais bon, on est arrivés à une période un peu n'importenawak (comme on dit finement :wink: )...
Quand il y a un chemin, tu peux t'en écarter ; mais quand il n'y a plus de chemin, tu erres en vain, sans savoir où aller... :sifl:
Avatar du membre
nano
Maître Jedi
Maître Jedi
Enregistré le : jeu. 02 avr. 2015, 16:10

Re: PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Message par nano »

mario a écrit :
Tu étais bien jeune à l'époque, Nano.

Ceci explique cela.
Certes et mes souvenirs sont fait de phantasmes en lorgnant sur les étagères du haut... Mais je ne suis pas sûr que les adultes de l'époque aient réellement perçu cela comme une brique à l'édifice de la liberté pas plus que le talent nécessaire et indéniable qui soutenait ces œuvres comme le développe avec un certain brio le compère Nutello.

Peut être ne s'agit il pas d'une réécriture de l'histoire, une nostalgie libertaire dopée par le carcan de notre quotidien... A creuser...

Je note cependant que Jean-Louis et toi, êtes d'accord. Même les montagnes se rencontrent :wink:
La petite fiente universelle!!!!!!!!!!
Avatar du membre
mario
Grand Maître
Grand Maître
Enregistré le : dim. 08 août 2010, 15:21
Localisation : Paris

Re: PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Message par mario »

nano a écrit : Je note cependant que Jean-Louis et toi, êtes d'accord. Même les montagnes se rencontrent :wink:
Bah! En vérité, Jean-Louis est amoureux de moi mais il est trop coincé pour l'admettre.

Il est un peu old school.
Jean-Louis
Maître Jedi
Maître Jedi
Enregistré le : mer. 27 août 2003, 02:00

Re: PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Message par Jean-Louis »

Mais non, même pas dans tes rêves ; ou alors, il faudrait te faire opérer, et enlever tout ce qui gêne entre nous :wink: . Il faudrait te refaire complètement. Même comme ça, ce ne serait pas gagné... :sifl:

Et puis, j'aurais des rivaux de taille : le gorille de ton avatar, et ton ami de cœur, celui qui s'est vexé ; comment s'appelait-il, déjà, Mariolino ? :heu:
Avatar du membre
nano
Maître Jedi
Maître Jedi
Enregistré le : jeu. 02 avr. 2015, 16:10

Re: PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Message par nano »

mario a écrit :
nano a écrit : Je note cependant que Jean-Louis et toi, êtes d'accord. Même les montagnes se rencontrent :wink:
Bah! En vérité, Jean-Louis est amoureux de moi mais il est trop coincé pour l'admettre.

Il est un peu old school.
Jean-Louis a écrit :Mais non, même pas dans tes rêves ; ou alors, il faudrait te faire opérer, et enlever tout ce qui gêne entre nous :wink: . Il faudrait te refaire complètement. Même comme ça, ce ne serait pas gagné... :sifl:

Et puis, j'aurais des rivaux de taille : le gorille de ton avatar, et ton ami de cœur, celui qui s'est vexé ; comment s'appelait-il, déjà, Mariolino ? :heu:
Ah ben voilà qui est mieux :lol:
Et en plus comme dirait J.J.I, on est en plein dans le sujet. Ce n'est qu'outre-tombe que les EL (synonyme d'hommes) vireront en France.
La petite fiente universelle!!!!!!!!!!
Avatar du membre
cromosome
V.I.P.
V.I.P.
Enregistré le : jeu. 10 nov. 2011, 11:54

Re: PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Message par cromosome »

Est-ce que quelqu'un saurait si le magazine italien Oltretomba n°29 "La fredda carezza" a été publié en France ?

La dame ci-dessous vous remerciera de vos recherches mieux que je ne saurais le faire... :bise:
STELIO FENZO Oltretomba 29 La fredda carezza.jpg
Seul moi dont le nom figure dans le Coran, "ramadan" est pour les musulmans le « mois saint par excellence » car il constitue le mois du jeûne (ou saoum) et contient Laylat al-Qadr (la nuit du Destin)
Post Signaturum : Rien à voir avec un épisode des Mystères de l'ouest, toutefois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Message par Nutello »

Bonjour Cromosome,

Il faut voir que seule une partie des gigantesques séries italiennes a été traduite en français.

Reprenons la liste des Outre-tombe français.

Ils ne sont que : 18 + 5 + 18 = 41 numéros.

Or ils couvrent une amplitude de… 208 numéros italiens !

Outre-tombe n° 1 : Les morts-vivants = Oltretomba n° 1 : I morti viventi
Outre-tombe n° II 17 : Le pouvoir de la mort = Oltretomba n° 208 : Pelle nera

Et il y a des emprunts à d'autres séries.
Des Outre-tombe hors série viennent de Terror.
Il y a aussi des emprunts à des séries moins connues comme Aldilà ou I Sanguinari.
Outre-tombe n°II 16 : La tête d'Orphée = Aldilà n° 2 : La testa di Orfeo
Outre-tombe n°II 18 : La mort venue d'ailleurs = I Sanguinari n°54 : Un carico di morte

Donc prendre un n° italien ou une planche d'un n° italien en espérant qu'il ait été traduit, hélas les chances sont minimes.
Espérer de plus que quelqu'un connaisse suffisamment bien toutes ces séries - en particulier les vastes Séries jaune, rouge, bleue - pour y retrouver une page précise...
C'est un peu la bouteille à la mer.

Un recensement et une correspondance complète devaient être entrepris à partir de 2004. Hélas le projet a été interrompu pour cause de… décès.
RIP Pierre Charles (25 décembre 2003).


Outre-tombe

n° 1 Les morts-vivants (Oltretomba n° 1 : I morti viventi)
n° 2 Le masque de l'horreur (Oltretomba n° 2 : L’orrenda maschera)
n° 3 La sangsue (Oltretomba n° 3 : La succhiatrice di sangue)
n° 4 Le nécrophile (Oltretomba n° 4 : Il necrofilo)
n° 5 Les maudits de Dieu (Oltretomba n° 8 : Il maledetti di Dio)
n° 6 L'étrangleur de Soho (Oltretomba n° 10 : Lo strangolatore di Soho)
n° 7 Le cercueil de la poupée (Oltretomba n°12 : La bara della bambola)
n° 8 La nuit des horreurs (Oltretomba n° 13 La notte degli orrori)
n° 9 Qu'il repose en paix (Oltretomba n° 14 : Requiescant in pace)
n° 10 Le château des morts-vivants
n° 11 La marquise sanglante
n° 12 La sultane infernale (Oltretomba n° 28 : La sultana infernale)
n° 13 Le coffret des macchabées (Oltretomba n° 31 : Lo scrigno dei maccabei)
n° 14 Les seins blancs de la sirène (Oltretomba n° 27 : I bianchi seni della maimuna)
n° 15 Le pas du démon
n° 16 La protégée de la mer (Oltretomba n° 33 ?)
n° 17 Résurrection (Oltretomba n° 36 : Resurrezione)
n° 18 L'horrible intestin (janvier 1973) ((Oltretomba n° 39 : L’orrido intestino)


Outre-tombe hors-série

n° 1 Le diable et la mort (mai 1972)
Clap, la mort tourne
n° 2 L'horloge de la mort
n° 3 Le vaisseau fantôme (Terror n° 13 : Il vascello fantasma)
Histoire sans titre
n° 4 Le sang des Borgia (Terror n° 16 : Il sangue dei Borgia)
Crimes au cirque (Sada)
n° 5 La piste sanglante (février 1973)


Outre-tombe 2e série

n° 1 Le vent et la mort (décembre 1978) (Oltretomba n° 173 : Il vento e il morto)
n° 2 Spiritisme (Oltretomba n° 171 : Spiritismo)
n° 3 Échec et mat (Oltretomba n° 174 : Scacco matto)
n° 4 Quand les fantômes s'en mêlent
n° 5 Le culte de Cibèle
n° 6 Le portrait de Louise Brown
n° 7 L'esclave de la mort (Oltretomba n° 189 : Lo jettatore)
n° 8 La fin du cauchemar
n° 9 Le fantôme de la ville morte (Oltretomba n° 187 : La lamia)
n° 10 Le gardien éternel (Oltretomba n° 199 : L’eterno custode)
n° 11 En passant par Fentonville
n° 12 La mort vient du passé (Il vampiro n° 5 : La morte viene dal paasato)
n° 13 La maison aux fantômes
n° 14 Concerto d'outretombe
n° 15 Mahatma (Oltretomba n° 206 : Il mahatma)
n° 16 La tête d'Orphée (Aldilà n° 2 : La testa di Orfeo)
n° 17 Le pouvoir de la mort (Oltretomba n° 208 : Pelle nera)
n° 18 La mort venue d'ailleurs (juillet 1980) (I Sanguinari n°54 : Un carico di morte)
Avatar du membre
cromosome
V.I.P.
V.I.P.
Enregistré le : jeu. 10 nov. 2011, 11:54

Re: PFA : Outre-Tombe chez Elvifrance

Message par cromosome »

Nutello a écrit : sam. 09 mai 2020, 08:03 Bonjour Cromosome,

Il faut voir que seule une partie des gigantesques séries italiennes a été traduite en français.

Un recensement et une correspondance complète devaient être entrepris à partir de 2004. Hélas le projet a été interrompu pour cause de… décès.
RIP Pierre Charles (25 décembre 2003).
Merci pour tous ces renseignements Nutello de mon cœur :bise:

Pour compliquer l'affaire, comme chez Arédit, il y a peut-être des numéros d'Oltretomba qui ont été publiés dans d'autres séries (Incube...) françaises.. :cheveux:

Pour le recensement, au moins, Pierre Charles saurait maintenant bien de quoi il parle...(pardon, cette blague est douteuse et horrible, je sors et ne poste plus rien du week-end en signe de pénitence)
Seul moi dont le nom figure dans le Coran, "ramadan" est pour les musulmans le « mois saint par excellence » car il constitue le mois du jeûne (ou saoum) et contient Laylat al-Qadr (la nuit du Destin)
Post Signaturum : Rien à voir avec un épisode des Mystères de l'ouest, toutefois.
Répondre

Retourner vers « Le Cercle des PF disparus ? / La BD Populaire en 2025 »