Made in Italy : la revue Horror

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Nutello
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Made in Italy : la revue Horror

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Horror

Bonjour,

En décembre 1969, Pier Carpi, créateur et scénariste d’Auranella, Zakimort, Bob Lance…, et Alfredo Castelli, futur créateur et auteur de Martin Mystère, créent chez l’éditeur Gino Sansoni la revue mensuelle Horror – La rivista dell’insolito a fumetti.

https://it.wikipedia.org/wiki/Horror_(periodico)
http://www.guidafumettoitaliano.com/gui ... stata/3523


22 numéros se suivent de décembre 1969 à novembre 1971.
Le nombre de pages varie :
n° 1 à 4 : 64 pages
n° 5 à 12 : 72 pages
n° 13 : 108 pages
n° 14 à 22 : 104 pages
Chaque numéro contient entre 6 et 12 récits environ.


Une 2nde série de 9 numéros commence en février 1972 jusqu’en octobre de la même année.
Ces fascicules portent une double numérotation : du n° 1 au 9 et également du n° 23 au 31 à la suite de la 1ère série. Ainsi, le premier numéro porte à la fois le n° 1 et le n° 23.
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N° 6 à 10
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N° 11 à 15
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N° 16 à 20
Ho-a16.jpg
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N° 21 à 25
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N° 26 à 30
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N° 31
Ho-a31.jpg

Sommaire des 14 premiers numéros :

http://www.lfb.it/fff/fumetto/test/h/horror_guida.htm
Ho-b1.jpg
Ho-b2.jpg
Ho-b3.jpg
Fichiers joints
Ho-b4.jpg
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L’essentiel des récits est de création italienne.

Dans certains numéros figurent des bandes d’origine française :
n° 7 : « D. Joke » de Claude Moliterni et Robert Gigi ;
n° 10 : « Il visconte vampiro » de Claude Moliterni et Loro ;
n° 10 :« Lilith » de Claude Moliterni et Got ;
n° 13 : « Klibidiklangdong » de Godard et Loro ;
n° 13 à 16 : « Lone Sloane » de Philippe Druillet.

Dans le n° 5 d’avril 1970, un récit, « Eleonor », est l’œuvre de deux auteurs espagnols, avec des dessins d’Enric Sio inspirés d’un texte de Juan Tébar, et sera repris dans la revue espagnole Dracula n° 1 de février 1971 et dans l’édition anglophone Dracula book 1 distribuée par Warren Publishing en 1972.
Il est visible ici dans son édition espagnole :
http://leyendotebeos.blogspot.fr/2013/0 ... enric.html

Dans les n° 18 et 22 figurent deux récits signés Igor Hervatin.
Igor Hervatin est un graphiste né le 12 janvier 1940 à Fiume, aujourd’hui Rijeka, en Croatie.
En 1945 ses parents et lui quittent Fiume pour quelques années de déplacements dans plusieurs villes, avant de s’établir à Brianza, en Lombardie.
Il fréquente l’école supérieure d’art de Castello Sforzesco à Milan, et il finit par s’intéresser au surréalisme.
(Horror italien n° 22 p. 58)

À côté de bandes dessinées, le n° 22 présente un photo-roman de 8 pages.
Modifié en dernier par Nutello le mer. 04 avr. 2018, 20:03, modifié 6 fois.
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Les couvertures de la première série sont dues à Marco Rostagno, jouant dans les premiers temps sur un modèle répétitif juxtaposant une silhouette jeune et féminine en tenue légère avec des portraits masculins monstrueux et d'éventuels animaux nocturnes ou repoussants.
Ho-2 (2).jpg
Ho-5.jpg
Ho-11.jpg
Ho-12 (2).jpg
Ho-14.jpg
Modifié en dernier par Nutello le dim. 22 avr. 2018, 09:34, modifié 13 fois.
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Ensuite, à partir du n° 18, les monstruosités masculines et animales s’effacent, et les figures féminines deviennent exclusives.
Ho-18 (2).jpg
Ho-20.jpg

Curieusement, un portrait de Franck Zappa apparaît sur la couverture du n° 7.
Ho-7 (2).jpg
Sur celle du n° 9, c’est cette fois le portrait de George Harrison photographié par Richard Avedon qui figure.
Ho-9 (2).jpg
AveGeorgeD.jpg
Modifié en dernier par Nutello le mar. 13 mars 2018, 16:46, modifié 9 fois.
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Cette photographie de Richard Avedon exploite un effet de solarisation, utilisée par l’imagerie psychédélique des 60s.

https://pentaxklub.com/la-solarisation/
http://www.francisoshaughnessy.com/wp-c ... ressed.pdf

Saga.jpg
Freak.jpg
Jason.jpg
solar.jpg
Bram.jpg
solar.jpg
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Cet effet photographique semble avoir plu à Marco Rostagno, car il imitera dès lors cet effet sur des couvertures ultérieures de Horror.
Ho-18 (2).jpg
Ho-17.jpg
Ho-17x.jpg
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Les couvertures deviennent clairement dans la ligne de l’iconographie psychédélique.
Ho-18x.jpg
Ho-19.jpg
Ho-19x.jpg
Ho-20x.jpg
Ho-20x.jpg (32.52 Kio) Vu 3249 fois
Ho-11x.jpg
Pour les couvertures de la seconde série, Marco Rostagno a adopté un tout autre style, plus proche de celui des couvertures de fumetti neri.
(Dans la revue italienne Fumetti d’Italia n° 31 de mars 1992, figure un dossier de 30 pages sur Marco Rostagno, avec un entretien abondamment illustré, en particulier de couvertures et de planches de Horror, et de nombreuses autres œuvres.)
Modifié en dernier par Nutello le dim. 01 avr. 2018, 09:06, modifié 9 fois.
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Psy2.jpg
Certaines des bandes du Horror italien ont été traduites dans trois revues françaises mensuelles, Horror, Cauchemar et Psycho à partir du 1er trimestre 1972, aux éditions de Poche dirigées par Max Canal.
Cau8.jpg
Nightmare et Psycho étaient des revues US des éditions Skywald, créées fin 1970 par un scénariste et dessinateur, Sol Brodsky, et un éditeur, Israel Waldman. Un scénariste, Al Hewetson, est venu se joindre à l'équipe.
Leur objectif était de concurrencer les publications des éditions Warren (Eerie, Creepy, Vampirella), hélas sans autant de talent. Quelques dessinateurs émergent, Bruce Jones, Jeff Jones, Michael Kaluta... Dans Back-up n° 4 et 5 (juillet et octobre 1999), Tristan de Datadox a dressé un historique et une bibliographie de cette maison d'édition.
Pour alimenter leurs trois publications, les éditions de Poche firent appel également à cette source, très différente de Horror dans son inspiration.


Les trois revues françaises, Horror, Cauchemar et Psycho ont donc fait paraître en vrac un triple méli-mélo de traductions de bandes italiennes originaires de Horror mêlées aux productions US de qualité très discutable, à quelques exceptions près, provenant de Nightmare et Psycho.
Les récits italiens se distinguent au premier coup d'œil, de par leurs thématiques scénaristiques sophistiquées, sans commune mesure, et leur graphisme le plus souvent lumineux et au trait fin contrastant sérieusement avec celui sombre et épais du matériel d'outre-Atlantique.

A propos de ce curieux assortiment, Pierre de Database a écrit :
« On peut dire que les éditeurs français pouvaient récupérer du matériel par diverses sources, mais qu'ils avaient ensuite un devoir de panachage imposé par la commission de censure. D'où les habitudes de mélanger torchons et serviettes ...
Il n'est pas par exemple impossible que certaines agences comme Graph-Lit qui ont dragué les éditeurs étrangers pendant longtemps aient fait des catalogues mélangés pour les présenter aux éditeurs français qui n'étaient alors pas forcés de connaître l'origine des bandes ou au moins pouvaient s'en moquer. »
viewtopic.php?f=1&t=38504&p=907159#p907159
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Horror n° 7 s'ouvre avec un curieux récit de six pages, « La lotion magique » signée Igor Hervatin.

Une jeune femme est assise chez un coiffeur. Chauve, elle se verse une lotion sur le crâne, et des cheveux commencent à lui pousser de façon débridée.
Du néant sortent deux forgerons qui entreprennent de lui édifier sur la tête à partir de sa chevelure une tour formée d'un escalier hélicoïdal s'achevant par un belvédère. Un homme curieusement raide et portant une jambe artificielle escalade l'escalier qui conduit à une vaste plaine nue comptant pour tout ornement un billard qu'un cavalier et sa monture sautent. L'homme gagne un horizon de montagnes-femmes géantes où est dressé un lit à baldaquin derrière lequel attend une femme portant une prothèse semblable à la sienne mais à la place de l'autre jambe. Allongés sur le lit, ils fusionnent en un être unique androgyne. Un ballon les survole, qu'une main géante surgie du baldaquin crève du bout du doigt. La tour-escalier s'écroule et, tels Little Nemo et autres personnages de Winsor MacKay, la jeune femme se réveille.
Le récit ne compte qu'un seul texte, celui du coiffeur expliquant, à la dernière case, à sa cliente qu'elle s'était endormie.

Ce récit onirique offre un aspect proche de celui de collages.
Il est semble-t-il élaboré à partir d'un nombre très réduit de dessins préalables, possiblement reproduits à l'aide d'un pantographe ou autre système, et retouchés.
Une gravure ancienne pleine page montre une officine où un homme prépare ladite lotion. Se succèdent ensuite plusieurs copies d'un même dessin à peine modifiées de l'une à l'autre, montrant la jeune femme assise, d'abord chauve, se versant ensuite la lotion sur la tête, puis avec de longs cheveux. Les forgerons, tirés eux aussi en plusieurs exemplaires à partir d'une même illustration, apparaissent alors dans la composition. L'escalier s'élève progressivement, dans une succession de cases presque identiques montrant la progression de son édification.
Le personnage masculin à jambe artificielle paraît provenir d'une vieille publicité pour prothèses et instruments orthopédiques. Il figure dans une apparence similaire pas moins de neuf fois, dans des tailles variables, et est introduit dans des décors eux aussi créés à partir d'éléments également peu nombreux et toujours semblables : le billard, les femmes-montagnes, le lit, le ballon... Ce caractère figé et répété des êtres et des choses confère à l'ensemble son climat ineffable.

Il s’agit là de la première bande dessinée du graphiste croate Igor Hervatin. La suivante, « Edamon », est parue dans le Horror italien n° 22.
* « La lotion magique » d’Igor Hervatin - Horror n° 7 (4e trimestre 1972) – « La lozione » - Horror italien n° 18

Une autre page d’Igor Hervatin, sortie d’un autre magazine, moins réussie :
http://poplitefumetti.blogspot.fr/2017/10/
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Plusieurs récits sont scénarisés par Pier Carpi, par ailleurs auteur d'Auranella, avec des dessins de Sergio Zaniboni ou Marco Rostagno.


Dans « Le sépulcre » (Horror n° 1), dessiné par Sergio Zaniboni, un jeune chevalier part en croisade à la recherche du tombeau du Christ.
Il ne cesse de voir le visage de ce dernier sur chacun des hommes morts dans les combats.
* « Le sépulcre » de Pier Carpi et Sergio Zaniboni - Horror n° 1 (1er trimestre 1972) – « Il sepolcro » - Horror italien n° 9


Dans « Le moment est venu » (Cauchemar n° 2), sur des dessins de Marco Rostagno, un touriste étatsunien descendant d'avion à l'aéroport de Milan est arrêté par la police, car il manque la photo d'identité sur son passeport.
Il est remis à l'Inquisition à laquelle il parvient à échapper. Il traverse Milan en pleine guerre israélo-arabe et envahie par les rats, la peste, les anges exterminateurs. Il croise Salomé, en strip-teaseuse de night-club, Saint Jean-Baptiste, Mona Lisa et un Leonardo di Vinci en costume à carreaux. Il pose pour le peintre qui termine grâce à lui La Cène. Il quitte Milan mais, marqué par ces événements, il devient un nouveau Jean-Baptiste.
* « Le moment est venu » de Pier Carpi et Marco Rostagno - Cauchemar n° 2 (2e trimestre 1972) – « Il tempo è vicino » - Horror italien n° 1


Dans « Les vieux ne volent pas » (Cauchemar n° 2, également), dessiné par Sergio Zaniboni, une jeune fille, attendant de prendre l'avion, essaie des ailes mécaniques archaïques construites par un vieil homme.
S'envolant pour de bon, elle croise dans le ciel une gargouille, puis Méduse chevauchant Pégase. Rejoignant le sol, elle est prise dans la répression d'une manifestation d'ouvriers par des Croisés. Quand elle décolle enfin à bord de son avion, le vieil homme essaie les ailes à son tour; il s'écrase.
* « Les vieux ne volent pas » de Pier Carpi et Sergio Zaniboni - Cauchemar n° 2 (2e trimestre 1972) - « I vecchi non possono volare » - Horror italien n° 4
Zani.jpg
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Dans « Rendez à César » (Horror n° 2), dessiné par Marco Rostagno, un professeur d'université d'aujourd'hui rencontre Brutus, meurtrier de César, qui le conduit à assassiner le président italien du présent.
* « Rendez à César » de Pier Carpi et Marco Rostagno – Horror n° 2 (2e trimestre 1972) – « Date a Cesare » - Horror italien n° 2


Dans « Rome ou la mort » (Horror n° 4), avec des dessins de Marco Rostagno, un prêtre "de gauche" va intercéder auprès de son évêque en faveur du "peuple souffrant".
Il change d'époque, revivant un épisode de la révolution garibaldienne durant lequel un couvent fut envahi par les troupes du prince de Bourbon, puis pris d'assaut par les républicains. Statue qui saigne, sacrifice d'une jeune fille, crucifixion parsèment cette dérive dans le temps au cours de laquelle l'actualité présente reproduit le passé.
* « Rome ou la mort » de Pier Carpi et Marco Rostagno – Horror n° 4 (3e trimestre 1972) – « O Roma o morte » - Horror italien n° 3


Le récit « L'œil de Lucifer » (Psycho n° 5), dessiné par Marco Rostagno encore une fois, commence avec le rappel d'une légende d'origine chrétienne.
Lucifer, en latin "porteur de lumière", lors de sa chute a perdu une émeraude qu'il portait au front. La pierre, en touchant le sol, s'est changée en vase, le Saint-Graal, dans lequel Joseph d'Arimathie a recueilli le sang du Christ mourant sur la croix.
De nos jours, un homme, au volant de sa voiture, percute un autre véhicule conduit par une jeune fille. Dans la carcasse de l'autre automobile, il découvre le Graal dont il s'empare. Il ne cesse alors de croiser la fée Mélusine dont les deux jambes sont des serpents, et l'Inquisition qui cherche à s'emparer de lui. Le vase redevient émeraude au moment où les inquisiteurs se saisissent de lui. Les hommes à cagoule lui clouent la pierre sur le front, il redevient Lucifer.
* « L'œil de Lucifer » de Pier Carpi et Marco Rostagno - Psycho n° 5 (3e trimestre 1972) – « L’occhio di Lucifero » - Horror italien n° 5


Dans « Révolution italienne » (Psycho n° 5, également), sur des dessins de Marco Rostagno, un jeune révolutionnaire tente d'éduquer une foule de manifestants.
Il rencontre des fantômes de bolcheviques, des paysans du passé qui le prennent pour un voleur de pommes et le mutilent, l'allégorie de la nation italienne, un spectre maternel.
* « Révolution italienne » de Pier Carpi et Marco Rostagno - Psycho n° 5 (3e trimestre 1972) – « Maggio italiano » - Horror italien n° 6
Modifié en dernier par Nutello le jeu. 05 avr. 2018, 22:36, modifié 3 fois.
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Re: Made in Italy : la revue Horror

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Ces divers récits de Pier Carpi n'ont assurément pas grand-chose à voir, ni dans le propos ni dans le traitement graphique, avec l'Histoire usuelle de la bande dessinée.
Ils présentent certaines similitudes et thèmes récurrents : les entremêlements du passé et du présent, la contestation des années 1970, les références à l'Histoire de l'Italie depuis Rome, les personnages historiques - César et Brutus dans « Rendez à César », les Croisés dans « Le sépulcre » et « Les vieux ne volent pas », l'Inquisition dans « L'œil de Lucifer » et « Le moment est venu », Leonardo di Vinci dans « Le moment est venu », Garibaldi dans « Rome ou la mort » -, l'antiquité légendaire et les êtres fabuleux - Salomé et les anges exterminateurs dans « Le moment est venu », Méduse et Pégase dans « Les vieux ne volent pas », la fée Mélusine dans « L'œil de Lucifer »-, et en particulier les allusions judéo-chrétiennes - le tombeau du Christ dans « Le sépulcre », Saint Jean-Baptiste dans « Le moment est venu », prêtre, évêque, couvent et crucifixion dans « Rome ou la mort », Lucifer et le Graal dans « L'œil de Lucifer ». Le ton n’est guère courant.

Un exemple de dialogue. Dans « Le moment est venu » (Cauchemar n° 2), le touriste étatsunien est interrogé par l'Inquisition :
"- Approuves-tu l'excommunication de Freud, de Buñuel ? Qu'est-ce que l'âme ?" demande le bourreau.
"- L'âme est une chose blanche comme la fleur de coton de notre cher vieux sud" répond le personnage à la satisfaction de son interrogateur.

Notons que dans « Le moment est venu » (Cauchemar n° 2), les pages 32 et 33 sont interverties.


A la lecture de tels récits, il apparaît que la revue italienne porte mal son nom, Horror, car de tels récits ne l’inscrivent guère dans une tradition du récit d’horreur façon Warren ou EC Comics et assimilés.

Et si les trois titres français hétéroclites Horror, Cauchemar et Psycho sont usuellement rattachés à cette ligne, c’est assurément en raison des productions d’outre-Atlantique de Skywald se situant à des années-lumière des bandes transalpines.

(En plus de son titre, remarquons que la galerie de ses couvertures par Marco Rostagno ne reflète pas non plus vraiment le propos de la revue et constitue davantage et en quelque sorte une oeuvre en soi avec ses thèmes de figures monstrueuses des débuts et plus encore de ces jeunes personnes court-vêtues, certes très décoratives, mais en décalage avec un contenu guère érotique.)
Modifié en dernier par Nutello le mar. 13 mars 2018, 11:23, modifié 11 fois.
Nutello
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Re: Made in Italy : la revue Horror

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D'autres récits méritent l'attention.

Ainsi « Comme un papillon » (Horror n° 1) de Pier Carpi et Sergio Zaniboni.
Le décor de ce récit est celui d'un cimetière. Une femme, couturière, récemment veuve, vit désormais ses jours près de la tombe où son époux est inhumé. C'est là qu'elle prend le thé, reçoit ses clientes. Elle encourage de la voix son jardinier qui, armé d'une faux, coupe des mains qui surgissent sans fin de terre. Des accès de tristesse la poussent parfois à enlacer l'ange de pierre aux ailes déployées qui orne le tombeau de son mari.

Le climat singulier de ce récit s'appuie dans un premier temps sur son décor unique de cimetière aux formes figées.
Les tombeaux et les croix dessinent une structure de traits rectilignes, à laquelle s'ajoutent les lignes tourmentées de branches d'arbres dépouillés.
S'y opposent, seules formes vives, les ondoiements curvilignes des cheveux et plus encore des longues franges de la robe du personnage féminin. Le dessinateur a ombré l'ensemble, robe, pierre et parfois ciel, de fines hachures et quelques à-plats d'encre.

Mais c'est le décalage des dialogues qui crée singulièrement l'étrangeté.
Ainsi, ce n'est pas de ces mains surgissant régulièrement de terre que le personnage se plaint.
Nouvellement blessée par son deuil, la couturière éprouve principalement le sentiment que chacun profite de son statut de veuve pour la duper.
"- Tout le monde se moque de moi" affirme-t-elle, "parce que je suis seule depuis la mort de mon mari".
Naît ainsi une dispute avec une jeune cliente qu'elle juge trop exigeante. "- C'est parce que je suis une pauvre veuve sans défense que tu en profites" reprend-elle. "- Les clientes haussent le ton maintenant ?"
Elle poignarde donc la jeune fille : "- Ça t'apprendra à venir critiquer le travail d'une pauvre couturière, seulement parce qu'elle a le tort d'être veuve". Elle offre ce jeune corps à son neveu également enterré dans le cimetière, les enfermant dans le même cercueil.

Elle accuse de la même manière le jardinier de ne plus travailler aussi bien qu'auparavant. Il est vrai que l'homme, malgré tous ses efforts, parvient difficilement à faire face à toutes les mains qui s'élèvent du sol.
"- Toi aussi tu en profites. Tu négliges mon jardin de pauvre veuve" dit-elle la main sur les yeux. "- Tu te moques de moi. Comme mon mari n'est plus là, tu penses qu'avec cette pauvre veuve tu n'as plus besoin de te fatiguer" lui reproche-t-elle encore.
"- Je suis vieux et je ne peux plus travailler comme autrefois. Ce n'est pas de la négligence, Madame" tente-t-il de se disculper. La couturière l'oblige à creuser sa tombe puis, s'emparant de la faux, elle le décapite.
"- Madame, vous êtes sûre d'avoir bien réfléchi ? Je peux encore vous être utile" plaide-t-il humblement avant le coup fatal. La veuve prend sa faux pour faucher les mains.

La raison de la couturière vacille, elle le sent bien.
"- Depuis la mort de mon mari, mon jardin est devenu un cimetière où croissent des mains à la place de l'herbe et je me sens poussée à des actes cruels et macabres" explique-t-elle à un prêtre, espérant son réconfort.
"- Ce ne sont pas des hallucinations, les mains existent, j'ai tué le jardinier et ma petite cliente."
Le prêtre prend pitié d'elle. Il demande à sa jeune nièce, amatrice de chauves-souris, de dissimuler un poignard "sous le bras de l'ange". Quand une nouvelle fois la couturière embrasse l'ange de pierre, la lame cachée fait son œuvre, la libérant de sa vie et son veuvage.
"- Elle avait quelque chose d'étrange, d'anormal qui ne me plaisait pas du tout" commente le prêtre.
Comme le travail doit être fait, c'est alors le prêtre qui saisit la faux pour couper les mains.
* « Comme un papillon » de Pier Carpi et Sergio Zaniboni – Horror n° 1 (1er trimestre 1972) – « Come una farfalla » - Horror italien n° 6
Papillon2.jpg
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