Misogynie dans la BD : Incube de Carmelo Gozzo

Tout ce que vous voulez savoir sur les Petits Formats et sur la BD populaire est ici.
Retrouvez également l'actualité des Fumetti en France, les projets des éditeurs sans oublier les fanzines dédiés.
De Akim à Zagor en passant par Tex Willer, Mister No ou Blek le Roc, c'est ici que ça se passe !
Répondre
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Misogynie dans la BD : Incube de Carmelo Gozzo

Message par Nutello »

INCUBE. Carmelo Gozzo

http://petitsformatsadultes.com/elvifra ... ce-incube/

Bonjour,

Fin 1982, plusieurs années après l'arrêt de Terror, Outretombe et Terrificolor, alors que la branche "récits complets" est représentée par les fameuses séries à dos coloré, Elvifrance commence la publication d'une nouvelle collection, Incube.
Signalons qu'au n° 6 les fascicules passent d'une épaisseur simple à une épaisseur double, et qu'à partir du n° 34 la plupart des récits sont enfin signés du nom des auteurs.
Pour ce qui concerne le contenu, cette collection suit un parcours pour le moins chaotique.

Les débuts sont laborieux, avec la réédition, en N&B, de quelques récits de Terrificolor parfois amputés de certaines scènes.
Un inédit, "Grand guignol", figure au n° 4, mais d'un intérêt très relatif.

Les choses changent ensuite, et aux alentours des n° 8, 9, 10..., peu après le passage du format fin au format double, s'amorce la publication d'une suite de récits plus notables, d'une qualité souvent supérieure à celle des Séries bleue, jaune et rouge, très inégale, à celle des débuts de la Série verte, voire à celle d'un grand nombre de fascicules de Terror, Outretombe et Terrificolor.
Cette partie de la collection se remarque d'abord par une qualité graphique maintenue de numéro en numéro, et quelques thèmes et caractéristiques récurrents. On retrouve, une fois de plus, le fantastique "gothique" avec, dans la majeure partie des récits, la sacro-sainte époque du XIXème siècle. On y rencontre également les châteaux et les cimetières, les sorcières et les démons, les morts-vivants. Ajoutons un érotisme de bon ton misant sur les scènes de séduction et les jupes relevées sur des bas et porte-jarretelles, et un penchant certain pour les tortures. Plusieurs récits se distinguent.

Dans Incube n° 8, 1er récit, une maîtresse d'école veut devenir la réincarnation d'une sorcière morte sur le bûcher des siècles plus tôt. Pour cela, elle contrôle les pulsions, sexuelles et sadiques, d'une jeune collégienne et du jardinier de l'établissement. Les scènes de séduction sont réussies, dans ce récit bien dessiné sur un scénario habile. Il est difficile de déterminer si le scénario est de Carmelo Gozzo, même si les présomptions sont fortes.

Dans Incube n° 9, 1er récit, le spectre d'un criminel s'empare une heure par nuit de la vie d'un homme afin de continuer, en habitant ainsi son corps, ses exactions. Notons une scène étonnante où l'assassin introduit la moitié inférieure du corps d'une jeune femme dans la cage d'une panthère pour la livrer ainsi à sa voracité. Séquence digne de Carmelo Gozzo ?

Dans Incube n° 9, 2nd récit, dans une succession de scènes hallucinantes, un couple se livre à des expériences étranges dans un cimetière maudit. Livrant des jeunes femmes aux morts-vivants qui le hantent, ils étudient en fait un procédé pour pénétrer sans risque dans un monde souterrain situé dessous. Ils parviennent à leurs fins, en quête d'un trésor, tandis que, fous de rages, les morts-vivants attaquent un village. On ne peut que regretter le fait que ce récit ne soit pas de longueur double. Il est vraisemblable qu'il s'agisse là d'une perle de Carmelo Gozzo.

Dans Incube n° 10, 2nd récit, des jeunes filles réveillent des forces spectrales en visitant un château la nuit. Dessins de Lorenzo Lepori.

Trompée par la Mort, persécutée par des hordes de squelettes sadiques, une jeune femme vit un cauchemar perpétuel (Incube n° 11, 2nd récit). Dans ce récit au graphisme remarquable, on peut noter la représentation intéressante de l'enfer, décor de pierres arides et aux émanations sulfureuses où la jeune femme ne parvient pas à échapper à une éternelle voiture tueuse. Ajoutons un érotisme raffiné des sous-vêtements féminins. Pourrait être du Carmelo Gozzo.

Dans un climat de cimetière proche de celui d'Incube n° 9, 2nd récit, un sorcier attire des victimes dans un tombeau et les livre en sacrifice aux membres de sa famille morte-vivante (Incube n° 12, 2nd récit). Par une habileté scénaristique, les motivations réelles du personnage tranchent de façon inattendue sur l'orientation initiale du récit. S'agit-il encore d'une pirouette de Carmelo Gozzo ?
Modifié en dernier par Nutello le jeu. 01 nov. 2018, 09:05, modifié 6 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: Misogynie dans la BD : Incube de Gozzo

Message par Nutello »

A partir du n° 13, les choses changent de nouveau. Désormais s'ouvre un nouveau cycle, avec des récits cette fois contemporains.

La qualité des scénarios baisse sensiblement, même si, pour quelques-uns, une certaine originalité demeure : suite à un concours de circonstances, une machine à repasser se métamorphose en démon (Incube n° 13, 1er récit) ; tourmenté par une fausse lettre anonyme, un homme confond réalité et fantasme (Incube n° 13, 2nd récit) ; des sorcières déclenchent la destruction de leur prison (Incube n° 14, 1er récit) ; des camions fous assiègent une station-service (Incube n° 15, 1er récit) ; un maléfice frappe un jeune homme, puis se communique à un autre personnage en s'inversant en son contraire (Incube n° 16, 1er récit) ; une sorcière entraîne le naufrage du Titanic (Incube n° 18, 1er récit) ; une méthode pour arrêter de fumer change les sujets en assassins (Incube n° 20, 1er récit).

La vengeance "psychique" est un thème récurrent : une jeune fille paralysée et dotée de pouvoirs paranormaux persécute l'homme responsable de son état (Incube n° 15, 2nd récit) ; même chose avec un homme plongé dans le coma (Incube n° 17, 1er récit) ; même chose encore avec l'esprit d'une jeune fille torturée (Incube n° 17, 2nd récit).
Mais au fil des numéros, le niveau ne cesse de se dégrader, les intrigues et le graphisme devenant de plus en plus faibles (n° 18, 2nd récit, n° 19, n° 20, 2nd récit...).

La qualité revient soudainement à partir du n° 21, renouant avec celle des n° 8 à 13. L'encyclopédie Pressibus indique, p. 29, que les récits publiés dans Incube proviendraient de divers titres italiens : Oltretomba, Fatti-Oggi, Realta Misteriosa, Lo Scheletro, I Fumettoni, Stregoneria, Aura, Storie Viola, publiés pour les uns par Ediperiodici, pour les autres par Edifumetto. Ces diverses provenances expliquent-elles ces sauts de thèmes et d'intérêt d'une suite de numéros d'Incube à une autre, les éditeurs d'Elvifrance changeant de temps à autre de source selon la disponibilité des récits venant d'Italie ?
On retrouve donc, à partir du n° 21, qualité autant scénaristique que graphique, fantastique gothique, démons, sorcières et adorateurs de Satan, cimetières et supplices... Remarquons toutefois l'absence complète de recours aux grands mythes du cinéma fantastique, vampires, créatures et savants frankensteiniens, loups-garous et momies, etc., excepté un récit de vampire dans l'épisode de Samantha Redgrave, "Lucy" (Incube n° 36).

Dans "Le Joker" (Incube n° 21, 1er récit), un sorcier se réincarne en transmettant son esprit de femme en femme afin de satisfaire ses désirs homosexuels. On peut souligner certaines séquences, ainsi celle où le personnage masculin est conduit dans le royaume du Joker, paysage désolé hanté de Morts portant leur faux et dirigé par le Joker trônant sur un siège de crânes humains.
Cette bande a été rééditée sous le titre "Joker maléfique" dans Série violette n° 23 (août 1990) dans une version légèrement différente, avec des pages tantôt en plus tantôt en moins dans certaines scènes. Dessins de Lorenzo Lepori.

A la fin du XIXème siècle, un entrepreneur de pompes funèbres vend de façon répétée le même cercueil de luxe qu'il récupère ensuite dans les tombes pour le vendre de nouveau (Incube n° 21, 2nd récit). Les divers défunts, qu'il a ainsi "délogés" de leur dernier habitacle, sortent de terre pour se venger de lui. Carmelo Gozzo ?

Une sorcière oblige un homme à violer et torturer des jeunes filles (Incube n° 22, 2nd récit). C'est au moment où l'homme parvenait enfin à échapper à son emprise que l'arrivée inopinée de deux jeunes filles retourne la situation en faveur de la sorcière. Intrigue suffisamment tordue pour être de Carmelo Gozzo.

Notons (Incube n° 23, 1er récit) un récit manifestement inspiré par la pochette d'un disque du groupe Blondie, "Koo Koo", montrant le visage de la chanteuse Deborah Harry transpercé d'aiguilles de part en part, illustration due au peintre H. R. Giger : voir par exemple H. R. Giger (Ed. Taschen) p. 63. La couverture du fascicule et le récit exploitent abondamment cette image, faisant d'elle l'apparence de "La déesse de la douleur".

Dans Incube n° 23, 2nd récit, un sorcier fétichiste, collectionneur de sous-vêtements féminins, est trahi par les démons soumis à son pouvoir. Il s'agit là encore vraisemblablement d'une habile réussite scénaristique de Carmelo Gozzo. Dessins de Lorenzo Lepori.

Diableries et sorcelleries ne cessent de se succéder de fascicule en fascicule, toujours bien dessinés (Incube n° 24, 25) avec des visions souvent déconcertantes : le magasin pétrifié (Incube n° 24, 2nd récit, p. 13 à 23), les déambulation d'une femme squelette (même récit), un mur se transformant en visage géant (Incube n° 25, 1er récit p. 76 à 83).

Les trouvailles scénaristiques se suivent également : un seigneur du moyen âge fait torturer la fille d'un autre seigneur afin d'obliger ce dernier à l'attaquer sans préparation et de le vaincre aisément (Incube n° 25, 1er récit) ; un peintre supplicie une jeune femme qui l'a repoussé, en peignant des portraits d'elle subissant la torture (Incube n° 25, 2nd récit).
Modifié en dernier par Nutello le mer. 31 oct. 2018, 17:49, modifié 8 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: Misogynie dans la BD : Incube de Gozzo

Message par Nutello »

Une autre période chaotique suit à partir du n° 26.
La plupart des récits - scénarios et dessins - connaît une nouvelle fois la banalité. Différents genres se mêlent. Certains récits semblent bien plus anciens que les précédents, datant de l'époque de Terror et d'Outretombe ou des débuts des Séries bleue, jaune ou rouge. D'autres, bien que paraissant plus récents, ne sont pas forcément de meilleure facture. Remarquons que les meilleurs récits portent le copyright Ediperiodici, les moins bons le copyright Edifumetto.

Figurent quelques épisodes de séries récurrentes. Incube n° 34 présente un épisode d'Ophélie ; Incube n° 36, un épisode de Samantha Redgrave, série par ailleurs publiée dans Super-terrifiant n° 50 à 55 (voir l'encyclopédie Pressibus p. 61).

Trois numéros contiennent des aventures d'Aura Vilas, jeune femme détective du surnaturel, aux dons paranormaux et à la plastique spectaculaire. Ses sous-vêtements en rendent fous plus d'un.
Dans Zombies (Incube n° 37, 2nd récit), elle enquête sur une invasion de zombies sadiques terrorisant un village brésilien ; dans La nuit de Walpurgis (Incube n° 39, 2nd récit), elle démasque un faux revenant hantant un château hache à la main ; dans Le fantôme de la mer (Incube n° 43, 1er récit), c'est d'un vaisseau fantôme qu'elle révèle la nature. On peut noter l'habileté du dessinateur, Xavier Musquera (?), à créer des climats : jungle, vieux château, grottes en bord de mer.

Quelques récits, enfin, appartenant au cycle "diableries de qualité", se distinguent. Une jeune servante est persécutée par une sorcière qui l'offre à un démon en échange de la vie éternelle (Incube n° 29, 1er récit) ; la jeune entraîneuse d'un tripot clandestin se dédouble la nuit pour donner vie à une justicière (Incube n° 29, 2nd récit).

L'inspecteur de police: "- Bonjour professeur, j'aurais voulu avoir des nouvelles du blessé."
Le médecin: "- Il est mort."
L'inspecteur de police: "- Dommage. A-t-il dit quelque chose avant de mourir?"
Le médecin: " - Avant, non. Mais après, il s'est mis à parler, et il continue" (Incube n° 31, 1er récit, p. 29, 30).
Tandis que le cadavre d'un maniaque sexuel en décomposition et en observation à l'hôpital refuse de se taire, des hommes, officiellement respectables, se livrent à des agressions sexuelles et violentes à travers la ville. Un finale particulièrement astucieux parachève ce récit profondément original qui, bien que non signé, peut, sans grand risque d'erreur, être attribué à l'inspiration de Carmelo Gozzo.

Dans Incube n° 32, 1er récit, un psychiatre sadique se sert de deux malades mentaux pour satisfaire ses pulsions.

Dans Incube n° 32, 2nd récit, une vieille fille terne et laide voit un grand homme blond séduisant, Angel, s'installer progressivement dans son existence.

"Magua" (Incube n° 38, 1er récit) permet de suivre une expédition à travers la jungle amazonienne jusqu'à une cité précolombienne perdue. Il s'agit là d'un thème courant (Terrificolor n° 39, Jacula n° 50, 51, Super-terrifiant n° 31, 32, ...). C'est pendant que l'expédition cherche à parvenir à la ville perdue qu'un jeune homme frustré, épris de la femme de son frère, parvient à conquérir celle-ci. Dans ce récit, on assiste encore, entre autres scènes, à une orgie traditionnelle nocturne au cours de laquelle une jeune femme est fécondée par des serpents d'une curieuse manière. Le décor de la ville morte est réussi.

Dans Incube n° 40, 2nd récit, un peintre se spécialise dans la représentation de scènes diaboliques : démons, squelettes, vampires, pendus, supplices.
Considérant les amateurs de ses toiles, il songe : "Je n'ai autour de moi que des êtres retors, avides des émotions malsaines que leur procurent mes tableaux. J'ai prostitué mon art au service de ces dépravés, voilà la vérité" (p. 38). Si l'on remplace "tableaux" par "dessins" ou "bandes dessinées", obtient-on une sorte de confession des auteurs de ce récit, peut-être lassés de devoir travailler pour Edifumetto, société d'édition de bandes dessinées érotico-pornographiques ? A travers le personnage, portent-ils un jugement sur leurs lecteurs ? Ou s'agit-il de second degré ? La scène finale d'un bal costumé sur le thème du fantastique dans un château, et où les serviteurs sont d'authentiques morts-vivants animés d'intentions vengeresses, ne manque pas d'intérêt.

Un parapsychologue traque les fantômes d'une demeure, vrais et faux (Incube n° 42, 2nd récit).

Notons un curieux érotisme du nombril dans Incube n° 40, 1er récit.
Modifié en dernier par Nutello le mer. 31 oct. 2018, 17:50, modifié 5 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: Misogynie dans la BD : Incube de Gozzo

Message par Nutello »

Après cette longue période très indécise, les choses se stabilisent enfin avec la présence régulière de Carmelo Gozzo comme scénariste. Il signe en effet 39 scénarios sur 62 soit plus de la moitié. Incube devient, sous sa plume, l'une des plus étonnantes collections publiées par Elvifrance.

Son règne officiel commence avec un récit particulièrement choisi, "S comme sorcière" (Incube n° 44). Une jeune fille est envoyée par son père dans un collège réputé être autoritaire. Le collège est un vrai blockhaus sans fenêtres, les enseignantes des vieilles filles revêches, les surveillants des nains, la directrice une lesbienne. Les cours portent exclusivement sur l'Inquisition et ses persécutions de sorcières, et les élèves subissent pour un oui pour un non des châtiments corporels cruels. La jeune étudiante découvre enfin la vérité : la directrice est une sorcière, les surveillants des démons, les enseignantes des robots et les élèves des descendantes d'inquisiteurs et de dénonciateurs de sorcières.

Le thème de sorcières se vengeant sur des descendants de leurs anciens bourreaux est classique chez Elvifrance (Terror n° 4, Outretombe n° 9, Terrificolor n° 40, Incube n° 24, 1er récit, ...). Mais le traitement de ce thème par Carmelo Gozzo est pour le moins personnel.
Ce récit marque en effet un véritable tournant dans la collection Incube. Le fait que le récit s'étende sur l'ensemble du fascicule, alors que les précédents numéros présentaient presque toujours deux, voire trois, récits, permet à Carmelo Gozzo de développer son intrigue, d'installer un climat et de répartir ses scènes "choc".
Carmelo Gozzo joue en effet à plein sur certaines caractéristiques : le caractère perpétuellement sombre de son inspiration ; l'aspect implacable de la narration, l'héroïne étant obligatoirement une victime qui ne peut en aucun cas échapper à l'engrenage dans lequel elle se trouve entraînée jusqu'à la fin forcément tragique ; l'amoralisme et la cruauté des personnages négatifs ; l'omniprésence de l'érotisme ; en particulier, le recours permanent à des sous-vêtements recherchés, bas et porte-jarretelles ; l'insistance sur les viols collectifs et les pénétrations multiples que le ou les personnages féminins doivent endurer ; les intromissions de mains et d'objets ; la répétition et l'atrocité des supplices ; la présence de trouvailles scénaristiques et graphiques : en l'occurrence, dans cet épisode, la pénétration par des chaînes (p. 85 à 87). Le dessin de Lorenzo Lepori soutient le projet initial du scénariste.
Modifié en dernier par Nutello le mer. 31 oct. 2018, 17:51, modifié 6 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: Misogynie dans la BD : Incube de Gozzo

Message par Nutello »

Dans ce style, la suite de la collection ne déçoit pas.

Quand deux cambrioleurs en couple s'introduisent dans la maison d'un extra-terrestre finissant paisiblement ses jours sur terre, et massacrent ses occupants, ils doivent s'attendre à un châtiment hors du commun (Incube n° 45).
Remarquons une nouvelle fois certaines trouvailles, graphiques comme la vision de la planète-crâne ou le voyage en "train fantôme", ou scénaristiques comme précisément le personnage de l'extra-terrestre venu sur terre pour y attendre la fin de ses jours comme les humains peuvent le faire dans une ville d'eau ou une station balnéaire.
Il s'agit là d'une présence extra-terrestre sur notre planète bien éloignée de celles courantes dans la science-fiction et dans d'autres récits de Carmelo Gozzo lui-même : préparation d'une invasion de la terre ou séjour dans le but d'y prendre du plaisir, visite scientifique ou séjour forcé à la suite d'une avarie d'un véhicule. Carmelo Gozzo reprendra cette idée ultérieurement (Incube n° 94). Notons encore que dans ce titre un personnage masculin, et non seulement un personnage féminin, subit d'atroces supplices. Par ailleurs, un certain nombre de pénétrations et de sodomies avec des ossements a manifestement été gommé dans la version française (p. 99, 102, 103).

Nul n'étant infaillible, "La caserne aux fantômes" est une terne création de Gozzo (Incube n° 47, 1er récit).

Nouvelle victime, une jeune employée de bureau harcelée par sa supérieure bisexuelle, emménage dans un immeuble neuf. Cinq sorciers extra-terrestres ont précisément choisi d'y célébrer leur sanglant rite millénaire à une divinité cosmique, Keeialhan (Incube n° 49). Notons qu'un personnage féminin secondaire survit au massacre final lors de la transformation de l'immeuble en créature tentaculaire.

Pour tourner des snuf movies fantastiques, un homme passe un pacte avec le diable (Incube n° 50). Une jeune serveuse, lasse de son travail, de son patron et des mains baladeuses des clients, croit sa fortune arrivée en devenant la star d'une production. A condition, certes, de s'exhiber et de subir quelques sévices...
Numa Sadoul a dû apprécier une didascalie : "Emeline apprendra à ses dépends qu'il existe quelque chose d'encore plus terrible que les forces du mal : c'est le fanatisme même quand il se prétend au service du bien", allant dans le sens de son analyse de Luciféra (p. 17).

L'action conjuguée d'une machine à voyager dans les mondes parallèles et les incantations d'une sorcière déchaîne une horde de morts-vivants géants venus d'un autre monde et avides de sang (Incube n° 51). De nouveau, l'affaire finit mal pour les principaux protagonistes. Quelques scènes retiennent l'attention: la résurrection des géants, l'attaque de Londres...

Avec "Magie cosmique" (Incube n° 52), Carmelo Gozzo signe une nouvelle fois un récit ahurissant.
Un extra-terrestre, venant d'une planète dont les habitants dominent autant la magie que la science, échoue sur la terre suite à une avarie de son vaisseau. Afin de remettre en état son appareil, l'extra-terrestre doit faire naître une armada de petits démons, ce qu'il accomplit en violant quelques terriennes.
Le scénario devient un prétexte pour les incroyables scènes d'apparitions de ces êtres qui l'aideront à regagner son monde. Une fois n'est pas coutume, l'héroïne sort indemne de l'aventure.
De nouveau, le dessin de Lorenzo Lepori se conjugue admirablement à l'intrigue de Carmelo Gozzo, tout comme dans "S comme sorcière", pour faire de ce fascicule l'un des plus étonnants de la collection.
Modifié en dernier par Nutello le mer. 31 oct. 2018, 17:47, modifié 5 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: Misogynie dans la BD : Incube de Gozzo

Message par Nutello »

Dans "Un mystérieux pouvoir" (Incube n° 53), deux jeunes sœurs désireuses de se débarrasser de leur marâtre se rendent nuitamment dans un cimetière afin de ressusciter un mort par la magie. Deux extra-terrestres, venus sur terre pour faire eux aussi des expériences de résurrection des morts avec des moyens scientifiques, se trouvent au même endroit au même instant. Un mort surgit alors de sa tombe, et les deux jeunes filles l'utilisent pour exécuter la femme qui les tyrannise. Mais frappé de priapisme aigu, le mort-vivant se tourne ensuite vers les jeunes filles, et revient chaque nuit auprès d'elles afin qu'elles satisfassent ses caprices sexuels en tout genre. Jusqu'au moment où tous les morts du cimetière sortent de leurs tombes pour obtenir les mêmes faveurs des jeunes filles... Les capacités imaginatives de Carmelo Gozzo sont ici une fois encore admirablement montrées, à travers les interrogations des deux scientifiques extra-terrestres : qui a en vérité ressuscité les morts ? Les deux jeunes filles avec leur incantation ? Eux-mêmes avec leur machine ? L'explication finale est une nouvelle acrobatie mentale dont seul Carmelo Gozzo est coutumier.

Nouvelle faille, pourtant, dans l'œuvre gozzienne : "Instruments diaboliques" présente une nouvelle variation sans grande originalité sur la vengeance, et la résurrection, d'une sorcière par sa fille (Incube n° 55).

Trois femmes extra-terrestres viennent sur terre préparer son invasion, thème classique. Ce qui l'est moins, c'est qu'elles se font aider de démons pour obliger des terriens à assassiner des hommes pouvant se révéler dangereux pour elles. Curieusement, les personnages principaux sortent indemnes du combat final. On n'a pas là non plus la meilleure création de Carmelo Gozzo, en dépit de certaines scènes étonnantes, ainsi le viol des diverses parties des corps de femmes coupées en morceaux et toujours vivantes (Incube n° 57).

Une femme, dont le cerveau est maintenu en vie dans un appareillage, transfère son esprit dans le corps d'une autre femme (Incube n° 58).

Quand une jeune femme dérobe le "Livre des supplices", elle ignore qu'en être le propriétaire condamne à subir toutes les atrocités que ses illustrations montrent. Elle ignore aussi que c'est délibérément que ses bourreaux l'ont incitée à s'emparer de cet ouvrage magique (Incube n° 60).

Un homme insignifiant, petit employé dans une grande entreprise et que sa collègue repousse, passe un contrat avec un extra-terrestre qui lui accorde divers pouvoirs (Incube n° 62). Il change alors de sexe et, jouant désormais de ses charmes, gravit les échelons dans sa société. Il en profite pour harceler son ancienne collègue dont il est désormais le/la supérieur(e). A sa mort, il prend connaissance de la seconde partie du contrat. L'extra-terrestre le ressuscite, et le loue comme "cadavre vivant" à des sadiques.
Curiosité de ce récit, cette fois c'est donc un homme qui devient objet de torture d'un groupe de femmes. Sa jeune collègue, elle, se tire honorablement d'affaire.
Gozzo a-t-il voulu donner une leçon au lecteur, lui faisant éprouver ce que cela peut signifier de toujours représenter les femmes en victimes par cette inversion des rôles ?
Remarquons une idée graphique. Un flash-back apparaît dans un écran TV (p. 123, 124, 130). Les cases de la bande dessinée elles-mêmes cessent alors d'être rectangulaires pour prendre la forme légèrement bombée d'un écran vidéo (p. 125 à 130).

La jalousie d'une sorcière la conduit à monter une machination contre son mari, avec la complicité d'un démon (Incube n° 66).

Une extra-terrestre atterrit sur notre monde pour accomplir des sacrifices sanglants à ses divinités. Ce récit constitue un nouvel exemple frappant du talent de Gozzo à jouer sur les erreurs d'interprétation de la part des personnages. Gozzo montre une certaine réalité, puis lui donne plus loin dans le récit une signification tout à fait différente. L'erreur se fait toujours au détriment des personnages principaux, systématiquement victimes des situations (Incube n° 67).

Le début de "Présences occultes" (Incube n° 68, juillet 88) fait évidemment penser au film "Invasion Los Angeles" de John Carpenter, sorti la même année.
Un banal échange de verres de contact amène une inspectrice de police à découvrir que de nombreuses personnalités officielles sont des extra-terrestres, d'aspect répugnant, dissimulant leur apparence derrière une barrière hypnotique. Il s'agit d'extra-terrestres violeurs et cannibales, grands "consommateurs" de jeunes terriennes. L'inspectrice finit comme toutes celles qui l'ont précédée.
Le récit de Carmelo Gozzo ne comporte, cependant, aucune dénonciation de la lobotomisation, ou la pavlovisation, ou la d'hommestication, de la population par le social, symbolisée, dans le film de John Carpenter, par l'omniprésence dans la ville, à la TV, sur les magazines et les journaux, de messages tels que: "Obéis - Consomme - Non à la libre pensée - Regarde la TV - Ne conteste pas les ordres - Reste endormi - Conforme-toi - Soumets-toi - Marie-toi - Fais des enfants" et autres ordres d'asservissement de l'animal humain.

Dans "Félins" (Incube n° 70), Gozzo nous offre un nouveau récit très étrange.
Sur la planète Satamur, la population se partage entre deux clans matriarcaux rivaux, d'un côté les femmes dominatrices de lions, de l'autre les femmes dominatrices de tigres. Leur conflit vient se prolonger sur la terre, où se sont réfugiées trois satamuriennes. Cette fois encore, le talent de Carmelo Gozzo offre au lecteur un rebondissement final subtil. Le dessin précis et stylisé de Lorenzo Lepori convient, ici aussi, au propos de Gozzo.
On peut apprécier la peinture de cet autre monde, relevant du péplum spatial à la manière de Flash Gordon. On retrouve la même coexistence anachronique de caractères antiques et futuristes, que ce soit dans l'architecture et la décoration des édifices ou dans l'armement constitué à la fois d'épées et de pistolets laser. Les tenues de ces amazones méritent aussi d'être soulignées. Dans cet épisode, les tortures sont remplacées par des agressions de lions et de tigres. On peut remarquer à ce propos une victime masculine de ces félins, d'un nombre inférieur, certes, à celui des victimes féminines.

En jouant sur les mots, une sorcière extra-terrestre piège une jeune femme en la poussant à bout de nerfs, afin d'entraîner une réaction agressive de sa part et justifier ainsi une vengeance contre elle (Incube n° 71). La jeune femme ne cesse à partir de ce moment de subir des "mauvais coups du sort", en particulier une impressionnante suite de viols, y compris par des lesbiennes sadiques, une machine, un monstre extra-terrestre et un serpent. Ajoutons le contact d'une araignée. Carmelo Gozzo a su définir un modèle parfait de personnage de victime, comme à l'accoutumée incapable d'échapper à son sort.

Dans "Le règne de la terreur" (Incube n° 72), l'action conjuguée d'une machine à voyager dans le temps et du don de médium de l'une des personnes qui l'a créée, fait venir à notre époque le fantôme de Jack l'éventreur qui commence aussitôt à poursuivre les exactions qui l'ont rendu célèbre. Cherchant à modifier le fonctionnement de la machine pour renvoyer le spectre là d'où il vient, les inventeurs de l'engin ne font, à l'opposé, que dédoubler le criminel en plusieurs centaines d'exemplaires qui ravagent Londres. Étrangement, l'une des deux jeunes femmes ayant créé la machine survit aux agissements de l'être. Nouvelle idée comme seul Carmelo Gozzo peut en produire.

Dans "Un jour ce sera ton tour" (Incube n° 73), un conflit interplanétaire intervient dans la vie d'une terrienne. Les sorcières de la planète Elmauss sont persécutées par une autre espèce d'extra-terrestres. L'une d'elles survit, sous forme désincarnée, dans le psychisme d'une terrienne jusqu'au jour où elle parvient, grâce à un exorcisme, à se matérialiser. La malheureuse terrienne, pour sa part, n'échappe pas à un sort peu enviable.

Curieux récit que "Je veux mourir" (Incube n° 74). Une femme condamnée à mort accepte qu'un chirurgien du cerveau pratique une opération expérimentale sur elle. Elle devient une morte-vivante aux pouvoirs paranormaux et aux tendances nymphomaniaques. Il ne s'agit pas là du meilleur Gozzo.
Modifié en dernier par Nutello le mer. 31 oct. 2018, 17:54, modifié 3 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: Misogynie dans la BD : Incube de Gozzo

Message par Nutello »

Dans cette suite de récits, une caractéristique des intrigues de Carmelo Gozzo est le mélange des genres, conjuguant fantastique et science-fiction.

Ses scénarios font appel aux extra-terrestres et à la technologie autant qu'aux démons et à la magie. On trouve ainsi les thèmes réguliers de la sorcière ou du sorcier d'un autre monde (Incube n° 49, 51, 57, 68, 71, 73) ou de la civilisation ayant pratiqué la fusion entre science et magie (Incube n° 52, 57, 67).

Des êtres venus d'une autre planète se livrent à des rituels sataniques, avec pentacle et sacrifices humains (Incube n° 49), d'autres ont des démons comme serviteurs (Incube n° 57), un extra-terrestre a besoin de démons pour reconstituer un vaisseau spatial (Incube n° 52), une extra-terrestre offre des victimes humaines à ses dieux protecteurs (Incube n° 67). Démons et robots voisinent dans Incube n° 44, où une sorcière, ingénieur en électronique, utilise des machines sophistiquées ; XIXème siècle et machines futuristes dans Incube n° 45, où un habitant d'une autre planète devient un spectre ; sorcellerie, morts-vivants et machine à voyager dans les mondes parallèles dans Incube n° 51 ; fantôme, médium et machine à voyager dans le temps dans Incube n° 72 ; morte-vivante, pouvoirs paranormaux et expérience médicale dans Incube n° 74.
Des démons se rendent sur la planète Saturne (Incube n° 50), des scientifiques d'une autre planète créent des morts-vivants (Incube n° 53), une sorcière possède des gadgets futuristes (Incube n° 55), un livre de magie fait appel à de l'électronique (Incube n° 60), un extra-terrestre dont le nom, Dvil, fait penser au mot anglais devil, porte des mèches de cheveux en forme de cornes et fait signer un étrange pacte à un humain avide de pouvoirs (Incube n° 62), un exorcisme permet à une extra-terrestre de se matérialiser (Incube n° 73). Notons encore l'image du "diable extra-terrestre" (Incube n° 77).
Gozzo reprend toute la thématique de la magie, du satanisme et de la sorcellerie "traditionnels", et l'attribue à des êtres venus d'ailleurs disposant d'autre part d'une technologie avancée, ce qui leur confère une double supériorité.

Dans la suite de la publication d'Incube, Carmelo Gozzo dissocie les deux genres.
La plupart des récits appartient à la science-fiction "pure", ne faisant appel qu'à la technologie : ordinateur (n° 77), transmetteur de matière (n° 80, 95), robot (n° 83, 87), machine pour devenir télépathe (n° 86, 88), cyborg (n° 87), machine à voyager dans les mondes parallèles (n° 90) ; ou à des concepts modernes : extra-terrestres (n° 78, 80, 82, 83, 85, 88, 89, 91, 95), météorite (n° 77, 84), clonage (n° 81), recherche médicale (n° 82), transfert de cerveau (n° 87), virus (n° 93).
Un récit, pour sa part, ne fait appel qu'au fantastique lui aussi "pur", une peinture maléfique (n° 92)
Le seul mélange des genres qui demeure rejoint le thème de la matérialisation, provoquée par des causes relevant de la science-fiction, de rêves et de fantasmes dans lesquels des figures fantastiques peuvent surgir (Incube n° 60, 77, 78, 79, 89, 93).
Modifié en dernier par Nutello le mer. 31 oct. 2018, 17:56, modifié 3 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: Misogynie dans la BD : Incube de Gozzo

Message par Nutello »

Quand une météorite s'écrase sur un institut où l'on fabrique le plus puissant ordinateur du monde, il s'en dégage un nuage de poussière noire d'un genre particulier (Incube n° 77). Le nuage "absorbe" le contenu du cerveau d'un scénariste de films de science-fiction et matérialise ses "inventions" : démon venu de l'espace, camion qui s'anime, morts-vivants, King Kong.
On a là une idée sensiblement outrancière qui rappelle le thème de "Folie" (Terrificolor n° 27). Le camion prenant vie et attaquant les humains alentour avec ses pinces articulées fait pour sa part penser à la machine à repasser d'Incube n° 13, 1er récit, et aux camions d'Incube n° 15, 1er récit. Notons que l'héroïne et le héros survivent. Ce nuage de poussière possédant l'inspiration d'un scénariste de science-fiction et matérialisant des fantasmes est-il une image de Carmelo Gozzo lui-même ?

Une jeune femme rejette les avances d'un homme. Pour son malheur, cet homme est un extra-terrestre susceptible qui va utiliser une machine de son monde, le xonirixon, pour matérialiser les cauchemars de la jeune femme (Incube n° 78). Surgissent démons, morts-vivants, nains cyclopes, homme-loup. L'un des êtres oniriques ressemble à celui du film "L'étrange créature du lac noir" de Jack Arnold (1954).

Nouvelle intrigue pour le moins étonnante dans sa construction et ses rebondissements (Incube n° 80).
Deux extra-terrestres sont venus s'installer sur terre pour construire, à l'abri des curieux, une machine à produire de la wursénite, métal précieux. Au lieu de cela, la machine se comporte comme un "simple transférateur de matière", faisant surgir sur la terre des monstres habitant la planète Dawaladx. Pendant qu'intrigués les deux inventeurs étudient le comportement de ces êtres qui s'attaquent aux humains, ils se font voler leur machine, bernés par une remarquablement subtile machination. L'un des monstres, sorte de rat à pattes d'araignée, paraît emprunté au film "Angry Red Planet" d'Ib Melchior, de 1959. Un autre de ces monstres est copié de "Contact mental" (Série verte n° 77), d'un autre dessinateur. On peut ainsi comparer deux dessins : Série verte n° 77 p. 36 et Incube n° 80 p. 77. Étrangement, l'héroïne survit dans ce récit.

"Le téléphone de l'horreur" (Incube n° 81) présente une variation sur le thème de Docteur Jekyll and Mister Hyde.
Un médecin, spécialiste des perversions, fabrique un clone de lui-même chez lequel il a isolé sa "partie noire", afin de pouvoir l'étudier. Mais l'être échappe à son contrôle et commence à répandre le mal, se focalisant sur une employée du médecin qu'il persécute psychologiquement avant de s'en prendre à elle physiquement. Notons le retournement de situation : quand les personnages principaux abattent le médecin, ils croient en avoir fini avec la créature malfaisante. Mais celle-ci surgit inopinément. Le médecin, en effet, ne se transformait pas comme Jekyll, mais avait fabriqué un véritable double, distinct de lui.

Dans Incube n° 82, des scientifiques proposent à des jeunes femmes de se torturer elles-mêmes, contre rétribution, et sous couvert de recherche scientifique. Après ces expériences, les jeunes femmes continuent à s'infliger elles-mêmes des supplices, sans pouvoir s'en empêcher, à moins de boire un antidote. Les "scientifiques" sont en réalité des malandrins qui fournissent un bordel interplanétaire en jeunes terriennes, lesquelles sont tenues de satisfaire, sous la menace de ne plus recevoir d'antidote en cas de refus, les extra-terrestres les plus bizarroïdes. Certains ont le pénis dans la bouche, d'autres ont trois sexes, d'autres salivent beaucoup ; les Mixidelses émettent des décharges électriques douloureuses, les Bholtisteses ont l'éjaculation abondante. Quand les jeunes femmes cherchent à se rebeller, un détail trompeur, une fois de plus, les trahit, et leur sort, une fois encore, n'est guère enviable. Gozzo dans tout son cynisme.
Le thème de personnages livrant des terriennes à des extra-terrestres avait été déjà abordé par Eneg dans "Talons aiguilles dans le cosmos", récit publié sous forme de petit fascicule à découper figurant au centre de Métal hurlant n° 8 (juillet 1976).
Modifié en dernier par Nutello le mer. 31 oct. 2018, 17:57, modifié 4 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: Misogynie dans la BD : Incube de Gozzo

Message par Nutello »

Dans Incube n° 83, une jeune femme, chez un psychiatre, raconte sous hypnose une scène de viols et de tortures endurés par deux jeunes femmes. Rentrée chez elle, elle saisit un couteau et se taillade la chair, s'enlève la peau : c'est un robot. Le robot adopte une autre apparence humaine, masculine cette fois, pour se rendre en consultation chez le même psychiatre. Au grand ébahissement du médecin, et du lecteur, il lui raconte la même histoire, vue du point de vue, cette fois, d'un des violeurs tortionnaires. Le robot revêt ensuite l'apparence du médecin lui-même, et commence un interrogatoire de son assistante.
Comme si cela était possible, Gozzo surenchérit dans l'étonnant par rapport à toutes ses créations précédentes. Il profite également de son récit pour expliquer les notions de refoulement, de traumatisme et de culpabilité (p. 54, 55). Ce scénario fait songer au thème de la nouvelle "Rashomon" de Ryunosuke Akutagawa rendue célèbre par l'adaptation cinématographique d'Akira Kurosawa de 1950.

"Le trou du diable" (Incube n° 84) est une nouvelle version de l'intrigue du "Tueur de l'espace" (Série verte n° 42/43, 2nd récit), traitée sur le mode western.
Dans une petite ville de l'Arizona, un homme et sa maîtresse, Gilly, décident de supprimer son épouse, Théa. Ils la torturent, l'assassinent, et jettent son corps dans une crevasse où se trouve une météorite enfouie depuis des millions d'années. Sous l'effet de radiations émises par l'aérolithe, le cerveau de Théa se réactive, désormais capable de pouvoirs paranormaux. A distance, elle accomplit sa vengeance, obligeant son mari et Gilly à adopter divers comportements contre leur gré. La scène, par exemple, où Gilly fait un strip-tease au milieu de la grand-rue, se masturbe et se pénètre avec un manche de fourche devant la population masculine intéressée, ne manque pas de piquant.
Remarquons à cette occasion l'usage de fines hachures parallèles horizontales pour assombrir les bas de Gilly, procédé différant de celui des hachures croisées façon bas résille. On retrouve dans ce récit l'idée infantile de la toute-puissance visant à se venger des êtres jalousés.

Idée simplissime et tout à fait brillante dans "Le parfum de la haine" (Incube n° 85).
Une jeune femme entraîne, à son égard, l'animosité collective de toutes les personnes qui l'approchent, recevant insultes, gifles et coups, puis de véritables sévices. L'inspectrice de police qui enquête sur son cas commence à son tour à subir le même phénomène.
On peut noter le travail étonnant sur les dialogues, ainsi par exemple la subtilité de leur progression dans les paroles de personnages d'abord bien attentionnés à l'égard de chacune des deux jeunes femmes, et qui en viennent peu à peu à manifester une haine violente contre elle (p. 53 à 55, 61 à 65, 174 à 176...).
La scène d'introduction du récit, dans laquelle un père de famille, bientôt aidé de sa fille, supplicie la première malheureuse tandis que la mère vaque à la cuisine en parlant de choses quotidiennes, est tout à fait déconcertante.
Dans ce récit, Gozzo montre qu'en plus d'être un scénariste très imaginatif, il peut se révéler un excellent dialoguiste.
Modifié en dernier par Nutello le mer. 31 oct. 2018, 17:58, modifié 3 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: Misogynie dans la BD : Incube de Gozzo

Message par Nutello »

Dans "Exil mental" (Incube n° 86), un "stimulateur cérébral" rend télépathe l'assistante de l'inventeur de l'appareil. L'expérience ne réussit que trop bien. La jeune femme échange son esprit avec celui d'un bourreau du moyen âge, dans le corps duquel elle se retrouve prisonnière. Elle finira par se sortir indemne de l'aventure.
On peut faire deux remarques. Dans un premier temps, la jeune femme, par transfert d'esprit, prend l'identité du bourreau en train de violer une de ses victimes. Image de l'identification du lecteur au même personnage ?
Ensuite, pendant que la jeune femme est inconsciente, son esprit étant "parti" au moyen âge, l'inventeur de l'appareil déshabille, caresse et finalement viole son assistante. Celle-ci, après son "retour" dans son corps, et à son réveil, en prend conscience. Elle insulte alors l'inventeur : "Vous ne serez jamais un grand homme" déclare-t-elle (p. 183).

Des scientifiques transfèrent le cerveau d'un mourant dans le corps d'un robot (Incube n° 87). Ce faisant, ils fournissent ainsi à l'homme, qui est un pervers sadique, un corps surpuissant pour assouvir ses pulsions. Comme dans le récit précédent, notons que les deux héroïnes se sortent de l'affaire à peu près bien.

Tout comme dans "Exil mental" (Incube n° 86), des scientifiques stimulent les capacités télépathiques d'une jeune femme à l'aide d'un appareil dans "Conditionnement télépathique" (Incube n° 88). Mais cette fois, la jeune femme ne perçoit pas les pensées d'un bourreau. Elle ressent, idée complémentaire, les souffrances de victimes suppliciées. Les scientifiques sont en réalité des policiers extra-terrestres qui se servent d'elle comme d'un goniomètre pour localiser un "centre de torture" interplanétaire, installé sur terre, où des "clients" viennent faire martyriser, par des professionnels, des individus qu'ils haïssent. Encore une victime qui finit le récit sans trop de séquelles.

Dans Incube n° 89, des extra-terrestres torturent, psychologiquement d'abord, puis physiquement, une jeune femme afin que son cerveau produise des molécules qu'ils utilisent comme traitement médical pour soigner l'un des leurs.

Dans Incube n° 90, deux scientifiques élaborent une machine à voyager dans le temps qui se révèle être, en fait, une machine à voyager dans les mondes parallèles. La co-inventrice de l'engin l'expérimente, sans connaître sa véritable nature. Croyant aller dans le passé, elle parvient dans une autre dimension d'apparence proche de la nôtre, univers dont elle ne connaît pas, pour son malheur, les règles sociales. On retrouve le dessinateur Lorenzo Lepori.

Une avarie d'un vaisseau spatial extra-terrestre provoque la mutation d'humains et d'animaux en monstres sanguinaires (Incube n° 91).
Remarquons que le premier monstre (p. 42) ressemble beaucoup à L'homme-chose (voir Eclipso à partir du n° 42).
Le vaisseau spatial des extra-terrestres (p. 174), lui, rappelle étrangement celui de la couverture de Cosmos n° 30 aux éditions Artima (avril 1959).

Dans Incube n° 92, un tableau diabolique attire des humains à l'intérieur de la scène représentée sur la toile, tandis qu'en échange des personnages peints sont "libérés". Une jeune femme ainsi piégée dans le tableau est finalement sauvée.

Plus abracadabrant que jamais, Gozzo nous présente un virus qui a pour effet de matérialiser les phobies ou rêves inconscients du sujet (Incube n° 93).
Un pommeau de douche s'anime, des médecins se changent en autant de Mister Hyde, une dominatrix castratrice sort d'un écran TV, un portemanteau devient un SS squelettique, des plantes s'humanisent, des voitures rétrécissent, des réverbères se changent en tentacules, des tabourets en nains lubriques et le bureau d'un psychanalyste en une énorme entité maternelle étouffante. Ce récit est proche de deux autres publiés dans Série verte n° 52, 2nd récit, et n° 186.
Modifié en dernier par Nutello le mer. 31 oct. 2018, 18:00, modifié 3 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: Misogynie dans la BD : Incube de Gozzo

Message par Nutello »

"Transfert diabolique" (Incube n° 94) est un hommage à Eneg, Stanton et John Willie.
Une jeune femme a épousé un vieil homme en espérant hériter prochainement de lui. Il s'avère que le vieil homme est un extra-terrestre, doué de forts pouvoirs mentaux, venu finir ses jours sur terre. Pour dompter sa jeune épouse guère empressée de satisfaire ses désirs, il la conduit dans un univers fantasmagorique inspiré des trois dessinateurs cités.
Le récit devient alors un vagabondage dans un grand château médiéval où bien des fantaisies prennent corps, avec femmes en cages, femmes liées et pendues dans toutes les positions, torturées en tout lieu. Une jeune femme attelée et pourvue d'un mors tire une voiture à bras ; une autre, régulièrement fouettée, est enchaînée au cabestan faisant lever ou baisser le pont-levis. Une jeune femme "de ménage" en porte-jarretelles récure le sol sous la surveillance d'une majorette en bas résille ; une autre sert de table vivante dans une position très inconfortable. Sous le trait de Lorenzo Lepori, le lecteur a droit à un défilé de tenues sadomasochistes et fétichistes portées par ces jeunes femmes soumises et leurs tortionnaires : french maid à la robe "réduite à sa plus simple expression" (p. 90), mousquetaire de charme, exploratrice à casque colonial et cuissardes, gladiatrice barbare, femme SS, dans un festival de talons aiguilles, de guêpières et de tenues du XIXème siècle ultracourtes.
L'héroïne, possédant les traits de Jane Fonda, parvient à échapper à son seigneur et maître. La représentante du women's lib des 70's appréciera.
Notons un point important. La jeune femme est une lesbienne collectionneuse de magazines érotiques fétichistes et sadomasochistes qu'elle aimait feuilleter avec son ex maîtresse (p. 23, 24, 30, 31, 32, 105). C'est à partir des images qu'ils contiennent que le vieux mari extra-terrestre a élaboré cet univers de fantasme où il l'a envoyée. "La ressemblance entre ces femmes et les revues que je conservais dans mon tiroir me semble de plus en plus évidente. Pour autant que je me souvienne, il y avait une situation tout à fait semblable à celle-ci" songe-t-elle (p. 99, 100). "Ce sont les magazines devenus réalité, il n'y a pas le moindre doute" (p. 105). A mesure que la jeune femme découvre cette matérialisation bien réelle des scènes qu'elle affectionnait sous la forme de simples dessins imaginaires, elle est sensiblement dégoûtée. "Avais-tu besoin de "créer" toutes ces horreurs ?" demande-t-elle à l'extra-terrestre. "Les jeux sont une chose, la torture en est une autre. J'ai sans doute des tendances sadomasochistes, mais je ne suis pas une criminelle assoiffée de sang" (p. 116, 117).

Avec "Obsession" (Incube n° 95), Gozzo a créé un nouveau personnage "exemplaire" de victime.
Une jeune femme, harcelée sexuellement par son supérieur de travail, souffre de curieuses hallucinations au cours desquelles elle a l'impression de subir des sévices : viol par des monstres, agressions par des rats, ou des insectes et des vers, tortures... Il s'avère qu'elle est la sosie d'une jeune scientifique partie sur une autre planète à l'aide d'un transmetteur de matière, et tombée entre les mains d'extra-terrestres sadiques et belliqueux.
Modifié en dernier par Nutello le mer. 31 oct. 2018, 18:01, modifié 3 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: Misogynie dans la BD : Incube de Gozzo

Message par Nutello »

Quelques récits, d'auteurs autres que Carmelo Gozzo, sont à retenir.

Dans "Madame Faust", une jeune femme avide de sensations finit torturée sur les planches d'un théâtre très spécial (Incube n° 54, 1er récit).

Dans "Evasion astrale", un forçat extra-terrestre "s'évade" du pénitencier où il est retenu sur une autre planète, en transférant son esprit dans le corps d'infirmières terriennes.
Le scénariste a retenu la leçon de Carmelo Gozzo en faisant de l'héroïne une victime qui découvre peu à peu l'horreur inéluctable de sa condition.
On peut noter par ailleurs l'ingéniosité de la justification du comportement en apparence absurde de l'autre personnage féminin du récit par la révélation finale (Incube n° 65).

Dans "Le hollandais volant", un aviateur cruel de la première guerre mondiale est victime d'une malédiction. Il doit voyager à travers diverses époques du passé et sauver une vie innocente afin d'obtenir sa rédemption. Il parvient à sauver la vie d'un jeune garçon, Adolph Hitler.

Le second récit du même fascicule, "Le sang de mon sang", est un intéressant récit de vampire, renouvelant le genre.

Bien que n'étant pas signé Carmelo Gozzo mais Studio If, "Le joueur de flûte" (Incube n° 75) est très proche de l'univers gozzien : extra-terrestre venu sur terre pour enlever des jeunes femmes et les prostituer sur une autre planète (même thème que Incube n° 71, 82, Série verte n° 188, Série demi-verte n° sn/3), recours à une torture particulièrement perverse, ainsi une jeune femme est assise sur un bocal contenant un rat affamé, lequel, pour retrouver sa liberté, doit se frayer un chemin à travers le corps de la jeune femme (on trouve déjà cette idée dans Satanik n° 8, et surtout dans les obsessions d'un patient fameux de Freud, connu sous le nom de "L'homme aux rats").

Dans Incube n° 76, nouvelle variation sur le thème de l'arbre vivant (voir Ophélie dans Super-terrifiant n° 29, 30).

Tout comme "Le joueur de flûte", "Cartoons vivants" (Incube n° 79), signé Studio If, pourrait être un scénario de Carmelo Gozzo.
Une enfant extra-terrestre égarée sur terre amène, par ses pouvoirs mentaux magiques, des personnages de dessins animés, Popeye, Schtroumpfs, robot géant, à se matérialiser.
On retrouve là toute une thématique et une imagerie gozziennes : rencontre entre fantastique - pouvoirs magiques de la pensée - et science-fiction - extra-terrestres -; femme extra-terrestre au crâne rasé, comme dans Incube n° 73 ; matérialisation d'idées inconscientes et d'images ; notions de psychologie - allusions à la "scène primitive", jalousie de la petite fille à l'égard de ses parents et désir de grandir -; torture "raffinée" - l'héroïne pelée vive comme on épluche une orange...
Y a-t-il des erreurs dans les attributions des noms de scénaristes ? La mention Studio If désignait-elle un collectif auquel collaborait Carmelo Gozzo ? Ou un scénariste de ce studio a-t-il cherché à "faire du Gozzo" ?
Modifié en dernier par Nutello le mer. 31 oct. 2018, 18:03, modifié 3 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: Misogynie dans la BD : Incube de Gozzo

Message par Nutello »

EROTISME ET VIOLENCE.

Les 39 récits de la série Incube jusqu'au n° 97 signés Carmelo Gozzo montrent, sauf erreur, 165 accouplements hétérosexuels. Ce nombre n'est pas excessif si on le compare avec les 204 cas relevés dans les 72 principaux récits des séries Terror et Outretombe, les 166 cas comptés dans les 62 récits de référence de Hors série couleur et Terrificolor ou les 203 exemples des 99 fascicules de Luciféra, en tenant compte du fait que les fascicules d'Incube sont d'épaisseur double, donc correspondent chacun à deux numéros de Terrificolor ou de Luciféra. Ils se répartissent comme suit :
- Liaison et rencontre amoureuse, relation d'une femme avec son amant qu'elle soit ou non déjà engagée par ailleurs, d'une façon générale scène érotique où la femme est consentante de façon crédible : 30 (18,18 %).
- Femme s'offrant par intérêt à un homme : 5.
- Séduction diabolique : 1.
- "Devoir conjugal" d'une femme mariée avec un homme qu'elle méprise : 2.
- Prostitution : 5.
- Viol : 121 (73,33 %). Parmi lesquels on peut distinguer :
- Viol collectif (n° 45, 55, 67, 71, 83, 86, 88, 90, 93).
- Viol par nain (n° 44, 86).
- Viol par démon (n° 66, 77, 78).
- Viol par démon nain (n° 52).
- Viol par monstre (n° 49, 50, 78, 81, 89, 91).
- Viol par extra-terrestre (n° 52, 68, 71, 77, 82, 89).
- Viol par morts-vivants (n° 53, 77).
- Viol par robot (n° 83, 87).
- Viol par fantôme (n° 72).
- Viol par serpent (n° 71, 89).
- Viol par chaîne (n° 44).
- Viol par pomme de douche (n° 93).
- Viol collectif par faunes (n° 92).
- Viol collectif par nains (n° 44, 93)
- Viol collectif par démons (n° 50, 55, 73).
- Viol collectif par démons nains (n° 52).
- Viol collectif par monstres (n° 95).
- Viol collectif par morts-vivants (n° 53, 60, 77, 78).
- Viol nécrophile (n° 74).
On peut ajouter un cas particulier :
- Une jeune femme octroie un câlin buccal à un homme pour pouvoir le castrer (n° 93).
Signalons enfin quelques scènes saphiques (n° 44, 49, 62, 70, 71, 94), et les viols, par des démons, de femmes coupées en morceaux (n° 57).

Ce qui frappe, évidemment, est la proportion ahurissante de viols. Quelques chiffres :
...............................…...relations consentantes / viols et assimilés (prostitution)
- Terror et Outretombe :.....39,7 %...……………………../ 30 %
- Terrificolor :...………………...52,41 %...…………………../ 31,92 %
- Luciféra :...……………………...58,25 %...……………………/ 30,58 %
- Jacula :...………………………...52,12 %...…………………../ 29,09 %
- Zara :...…………………………...51,16 %...…………………../ 30,23 %
- Ophélie : ………………………….62,64 %...…………………../ 27,09 %
- Zordon :...………………………..66,66 %...…………………../ 26,66 %
- Incube de C. Gozzo :...…...18,18 %...…………………./ 78,18 %

La disproportion est flagrante. Carmelo Gozzo semble ne croire guère aux relations avec une femme consentante, ou feint de n'y pas croire. Pense-t-il pour sa part que c'est avant tout la représentation de femmes "forcées" que les lecteurs attendent ? S'agit-il d'"instructions" reçues de l'éditeur italien ?
Modifié en dernier par Nutello le jeu. 01 nov. 2018, 09:07, modifié 8 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: Misogynie dans la BD : Incube de Gozzo

Message par Nutello »

A cette violence dans les rapports sexuels, il faut évidemment ajouter celle des supplices les plus variés et omniprésents : les 39 fascicules d'Incube considérés présentent le nombre étonnant de 81 scènes de supplice, sous les prétextes les plus variés, dont les victimes sont des femmes.
Les tortures de sujets masculins sont, en comparaison, très minoritaires : 4 cas (n° 45, 62, 88, 90) et 1 castration (n° 93).
Il faut ajouter encore les agressions et dépeçages par des démons ou des monstres, voire par des fauves (n° 70).
Le viol n'est souvent que le prélude à pire encore.
Rappelons que, dans la plupart des scénarios de Carmelo Gozzo, l'héroïne est une victime permanente qui meurt le plus souvent, et de façon guère enviable, à la fin du récit.
Dans la période fantastico-science-fictive de Carmelo Gozzo, dans les 21 récits entre les n° 44 et 74 l'héroïne ne réchappe de l'aventure que dans 4 cas. Dans la période purement science-fictive, l'hécatombe est légèrement moins grande. Dans les 18 récits entre les n° 77 et 95, 7 héroïnes ont la vie sauve.

La relation entre violence sexuelle et violence sadique se manifeste particulièrement à travers trois points.
Le premier est la haine ouvertement montrée lors d'un viol.
"Tiens salope, prends ça !" dit un violeur sodomisant une de ses victimes (Incube n° 22, 2nd récit p. 74). "Ça ne fait que commencer" l'a-t-il déjà prévenue (p. 71). "Prends ça, salope. Tiens, et tiens" dit un de ses émules pratiquant le même genre d'exercice (Incube n° 41, 1er récit p. 69, 70). "Avec une violence sauvage: Tiens prends ça" prononce un troisième (Incube n° 81 p. 32).
Un homme endort avec un somnifère sa collègue de travail, qui jusque là a rejeté ses avances. Il la viole durant son sommeil. "Tiens, prends ça. Et encore ça" songe-t-il en la pénétrant, le visage convulsé de haine (Incube n° 73 p.92). On peut noter le caractère très limité et répétitif des dialogues en pareils cas. Pauvreté des textes italiens, ou des traductions françaises ?
Dans Incube n° 77 (p. 35, 36), une femme mariée s'accouple avec un noir. "Quand j'ai appris que ton mari était un salopard de raciste, je n'ai rien trouvé de plus excitant que de baiser sa femme. Une façon de venger mes frères de couleur" lui explique ce dernier.

Le deuxième point est la relation claire entre sexe masculin et poignard.
"Le poignard est une forme supérieure de pénétration" déclare Jack l'éventreur (Incube n° 85 p. 72).
Carmelo Gozzo joue en effet souvent sur l'image du couteau (Incube n° 72 p. 88, n° 81 p. 74, n° 85 p. 23, n° 93 p. 161) ou de l'épieu (Incube n° 72 p. 111, n° 73 p. 57, 58) planté dans un sexe féminin, ou à proximité : poignard dans le ventre (Incube n° 72 p. 84, 178, n° 78 p. 26, 27), dans les fesses (Incube n° 78 p. 31, 145) ou dans l'anus (Incube n° 85 p. 25), fourche dans les fesses (Incube n° 73 p. 74), griffes dans le sexe (Incube n° 66 p. 178, n° 73 p. 88, n° 81 p. 141), rat vivant dans l'anus (Incube n° 75 p. 120 à 123, 125, 157, 160, 161, 167, 170, 182).

Le troisième point manifestant une relation entre violence sexuelle et violence sadique réside dans les scènes montrant des victimes simultanément violées, torturées, dépecées ou dévorées, que ce soit par des humains d'un univers parallèle (Incube n° 90), des bourreaux du moyen âge (Incube n° 86), des nains diaboliques (Incube n° 93), des bourreaux extra-terrestres (Incube n° 88), des démons (Incube n° 57, 73, 77), des extra-terrestres (Incube n° 68, 89), des morts-vivants (Incube n° 53).


En ce qui concerne les spécialités, deux remarques sont à faire.
Elles sont toutes éminemment représentées, avec une prédilection pour les pénétrations multiples, le plus souvent au cours de viols collectifs.
A l'opposé, les cunnilingus sont très rares (5 cas dans Incube n° 44, n° 47, 1er récit, n° 51, 74, 93), contrairement aux fellations, très courantes. Il est vrai que le cunnilingus est gratifiant pour le personnage féminin et beaucoup moins pour le personnage masculin, donc le lecteur. Dans Luciféra, 17 cas sont à signaler ; dans les 30 premiers fascicules de Zara, 8 cas ; dans Ophélie, 23 cas ; dans Zordon, 7 cas. Il n'y a que dans Jacula que le nombre est aussi peu élevé : 3 cas. Mais il convient de rappeler que cette dernière collection est l'une des plus parcimonieuses en terme de scènes érotiques, ce qui est loin d'être le cas d'Incube. Il est donc clair que Carmelo Gozzo se préoccupe davantage du plaisir des personnages masculins, et des lecteurs, que de celui des personnages féminins, qu'il voue plutôt au viol et aux supplices. Notons encore la quantité d'éjaculations faciales.

Les sous-vêtements féminins sont très présents, sous une forme quasi unique : les bas et porte-jarretelles.
Exception est faite de quelques fantaisies : soutien-gorge noir sans bonnets (Incube n° 50 p. 149 à 167), et tenues de femmes extra-terrestres : brassières en métal, maillots sophistiqués et bas noirs, voiles transparents (Incube n° 57), bodies (Incube n° 62 p. 170 à 181), ou bijoux et bikinis en métal, pagnes (Incube n° 70). Il faut enfin ajouter la luxuriante galerie de vêtements et sous-vêtements du monde fantasmagorique sadomasochiste et fétichiste de "Transfert diabolique" (Incube n° 94).
Modifié en dernier par Nutello le mer. 31 oct. 2018, 18:04, modifié 2 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: Misogynie dans la BD : Incube de Gozzo

Message par Nutello »

MONSTRES ET DIABLES.

Gozzo fait abondamment usage des sorcières, des démons, des morts-vivants et surtout des extra-terrestres.
Les sorcières se répartissent en plusieurs catégories, soient-elles terriennes ou non. Certaines respectent une apparence traditionnelle de vieille femme en longue robe (Incube n° 71), quelquefois pourvue d'un chapeau pointu et d'un chaudron (Incube n° 51).
D'autres sont jeunes et séduisantes (Incube n° 55, 66), et peuvent être diplômées d'électronique (Incube n° 44). Remarquons une sorcière d'une autre planète au crâne rasé (Incube n° 73).

Les démons, qui leur servent quelquefois de serviteurs, sont composés à partir de quelques caractères traditionnels assemblés suivant les cas de différentes façons comme dans un jeu de construction : barbiche, oreilles pointues et cornes (Incube n° 77), auxquelles on peut ajouter ailes et longues queues (Incube n° 89).
Certains n'ont pas de barbiche, mais toujours des oreilles pointues et des cornes augmentées de dents acérées (Incube n° 66, 73, 81). Ils peuvent en outre être entièrement velus, porter des ailes et une queue à terminaison triangulaire (Incube n° 52). Ils peuvent tout autant être entièrement velus, avec oreilles pointues, dents acérées et queue, mais sans cornes ni ailes et avec une longue barbe à la place (Incube n° 57). D'autres ont le crâne rasé, les mêmes oreilles pointues et cornes (Incube n° 55), avec jambes velues, barbichette, ailes, et queue à terminaison triangulaire (Incube n° 50), ou seulement le crâne rasé avec oreilles pointues et ailes (Incube n° 78). Un vrai meccano, vous dis-je. Quelques-uns ont les oreilles pointues et de courtes trompes d'éléphant (Incube n° 60), ou sont des nains à oreilles pointues et à cornes, avec des pieds fourchus (Incube n° 44).

Les morts-vivants n'offrent guère de traits particuliers si ce n'est leur décomposition et leurs lambeaux de vêtements (Incube n° 60, 77, 78, 89). L'un a la mâchoire sensiblement dégoulinante (Incube n° 53). Notons des géants morts-vivants à trois yeux (Incube n° 51).

Les monstres sont plus variés.
L'un emprunte de nombreux traits aux démons : toison fournie, oreilles pointues, dents acérées, cornes et longue queue (Incube n° 50). On rencontre aussi un être poilu avec quatre tentacules en guise de bras (Incube n° 78), un monstre poilu à crête (Incube n° 80), un être à tête de reptile possédant deux bras et deux tentacules (Incube n° 80), une créature poilue, à quatre bras et longue trompe (Incube n° 91), un monstre gélatineux et dégoulinant (Incube n° 89), un autre couvert de plaques chitineuses (Incube n° 91), un ours géant à longue queue (Incube n° 91), deux bibendums à la longue langue pointue (Incube n° 95), un rat géant à pattes d'araignées (Incube n° 80), un serpent géant (Incube n° 80), des nains cyclopes (Incube n° 78), des faunes (Incube n° 92).

Les extra-terrestres sont eux aussi de divers genres.
Les femmes extra-terrestres sont presque toujours humaines et séduisantes (Incube n° 57, 67, 70, 83). Notons un cas exceptionnel d'extra-terrestre laide (Incube n° 89).
Pour ce qui concerne les sujets masculins, certains sont également humains (Incube n° 45, 53, 62, 82, 85, 88, 94), ou presque, à quelques détails près : ils peuvent être de petite taille (Incube n° 85), avoir toujours les traits ridés d'un vieillard (Incube n° 94), porter des mèches de cheveux en forme de cornes (Incube n° 82) ou des oreilles pointues (Incube n° 80).
Ou s'éloigner davantage du modèle humain en étant très grand, avec un crâne allongé vers le haut et pourvu d'une crête (Incube n° 52). D'autres sont des ombres noires filiformes (Incube n° 49). Enfin on en trouve aussi certains couverts de fines écailles avec quatre tentacules en guise de bras, une langue fourchue, et deux pénis (Incube n° 68), ou couverts cette fois de larges écailles avec les yeux hors de la tête et une longue queue reptilienne (Incube n° 89).
Il est impossible de présenter tous ceux qui transitent par la planète Akartnos (Incube n° 82). On a là un festival de pieuvres terrestres, de becs d'oiseaux, de trompes, de membres multiples et d'appendices divers. Les uns sont à grosses écailles, ou a oreilles pointues et crânes à circonvolutions, ou encore à toison fournie, à gros nez et à longue queue. Les Mixidelses ont une bouche ventouse, des antennes et des tentacules à pinces de crabe ; les Bholtisteses une floraison d'appendices buccaux et des yeux à facettes.
Remarquons que, aussi fantaisiste soit-elle, la plupart de ces êtres, comme il se doit, sont bipèdes, et avec deux yeux dans le même plan facial, deux caractéristiques typiquement humaines.

Remarquons aussi, parfois, un recours à la figure du squelette animé (Incube n° 45, 55, 60, 93), peu courante en fantastique. On peut même noter un squelette SS (Incube n° 93).

A l'opposé, Carmelo Gozzo dédaigne celle plus courante du vampire.
Il lui est arrivé de faire appel à l'image du loup-garou, comme matérialisation de rêves, et même à "l'étrange créature du lac noir" (Incube n° 78).

On peut signaler enfin un spectre (Incube n° 72), et le nuage de poussière noire qui matérialise les inventions d'un scénariste et en particulier King Kong (Incube n° 77).
Modifié en dernier par Nutello le mer. 31 oct. 2018, 18:07, modifié 2 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: Misogynie dans la BD : Incube de Gozzo

Message par Nutello »

La plupart des êtres malfaisants de ces récits font le mal pour les raisons habituelles :

- par vengeance :
une sorcière veut punir les descendantes d'inquisiteurs et de dénonciateurs de sorcières (Incube n° 44) ; un extra-terrestre agressé par des cambrioleurs les condamne lui aussi (Incube n° 45) ; une jeune femme en torture une autre par jalousie (Incube n° 45) ; en sabotant la machine à voyager dans les mondes parallèles d'un rival, un sujet fait venir une sorcière extra-terrestre sur terre (Incube n° 51) ; un homme changé en femme massacre un supérieur hiérarchique auquel il/elle s'est offert(e) par intérêt (Incube n° 62) ; une sorcière jalouse monte une machination contre son mari (Incube n° 66) ; un extra-terrestre utilise une machine de son monde pour persécuter une jeune femme qui a rejeté ses avances (Incube n° 78) ; une jeune femme, assassinée par son mari et la maîtresse de celle-ci, et ressuscitée par les radiations d'une météorite, les soumet à sa vengeance (Incube n° 84) ; un extra-terrestre, exilé sur terre, sanctionne les humains qui ne l'ont pas cru et ont voulu le "soigner" (Incube n° 85) ; des extra-terrestres font supplicier des sujets dont ils veulent se venger dans un "centre de tortures" (Incube n° 88) ; un extra-terrestre fait torturer la maîtresse de son épouse lesbienne (Incube n° 94).

- par intérêt :
des cambrioleurs agressent les occupants de la demeure qu'ils "visitent" (Incube n° 45) ; des sorciers extra-terrestres sacrifient des victimes à leur dieu pour profiter des pouvoirs qu'il leur octroie en retour (Incube n° 49) ; un producteur sacrifie des jeunes femmes pour tourner des films très "réalistes" (Incube n° 50) ; un extra-terrestre se sert de jeunes femmes pour engendrer des démons qui l'aideront à façonner un vaisseau spatial (Incube n° 52) ; deux sœurs se débarrassent de leur marâtre tyrannique (Incube n° 53) ; trois femmes extra-terrestres préparent une invasion de la terre et éliminent les hommes qui pourraient être dangereux pour elle (Incube n° 57) ; un homme assassine ses supérieurs par arrivisme (Incube n° 62) ; une extra-terrestre sacrifie des victimes à ses dieux pour profiter de leur protection (Incube n° 67) ; des sorciers extra-terrestres dévorent des jeunes terriennes pour conserver leurs pouvoirs (Incube n° 68) ; des habitantes d'une autre planète s'affrontent pour la suprématie de leur clan (Incube n° 70) ; des sorcières extra-terrestres piègent des jeunes femmes pour pouvoir ensuite les prostituer (Incube n° 71) ; une sorcière extra-terrestre garde ses pouvoirs en sacrifiant des jeunes femmes à ses démons protecteurs (Incube n° 73 ); des extra-terrestres font surgir des monstres sur la terre pour berner deux de leurs congénères (Incube n° 80) ; des malandrins conditionnent des jeunes femmes pour les prostituer dans un bordel interplanétaire (Incube n° 82) ; une extra-terrestre fait tomber ses deux associées dans un guet-apens (Incube n° 83); deux amants éliminent l'épouse encombrante (Incube n° 84) ; des bourreaux du moyen âge exercent leur "art" au service de l'Inquisition, et de clients privés sadiques (Incube n° 86) ; des extra-terrestres installent sur terre un "centre de tortures" où des clients font supplicier des sujets dont ils veulent se venger (Incube n° 88) ; des policiers extra-terrestres tourmentent une jeune femme pour localiser un "centre de tortures" (Incube n° 88) ; des extra-terrestres torturent une jeune femme afin que son cerveau produise des molécules qu'ils utilisent comme traitement médical (Incube n° 89) ; des extra-terrestres sadiques et belliqueux font subir des sévices à une jeune femme pour créer un pont mental entre leur monde et la terre (Incube n° 95).

- par folie:
arrivé à notre époque sous forme de spectre, Jack l'éventreur poursuit ses méfaits (Incube n° 72) ; une jeune femme morte et ressuscitée devient destructrice comme ses émules de "Résurrection" (Outretombe n° 17), "Cœur mécanique" (Terrificolor n° 32), "La mante nue" (Jacula n° 5) et "La cannibale" (Zara n° 5) dans "Je veux mourir !" (Incube n° 74) ; des femmes extra-terrestres sadiques supplicient un "cadavre vivant" (Incube n° 62) ; des pervers font torturer des jeunes femmes par des bourreaux du moyen âge (Incube n° 86) ; un autre revit dans le corps tout-puissant d'un robot (Incube n° 87).

- par accident :
des scientifiques extra-terrestres font des expériences sur la résurrection des morts qui tournent mal (Incube n° 53) ; un médecin, afin de pouvoir l'étudier, fabrique un clone de lui-même qui échappe à son contrôle (Incube n° 81) ; une avarie d'un vaisseau spatial extra-terrestre provoque la mutation d'humains et d'animaux en monstres sanguinaires (Incube n° 91).

On peut remarquer que ces raisons "usuelles" peuvent se conjuguer et se répondre.
Ainsi un couple de cambrioleurs agresse, par intérêt, les occupants d'une demeure ; la cambrioleuse torture une occupante par jalousie ; l'autre occupant, par vengeance, les punit (Incube n° 45). Un homme changé en femme massacre par vengeance un supérieur hiérarchique auquel il/elle s'est offert(e) auparavant par arrivisme (Incube n° 62).
Deux amants, par intérêt, éliminent l'épouse encombrante ; celle-ci, ressuscitée par les radiations d'une météorite, par vengeance les persécute (Incube n° 84).
Des extra-terrestres, par vengeance, deviennent clients d'un "centre de tortures" où, par intérêt, on supplicie les sujets dont ils veulent se venger ; des policiers, par intérêt, tourmentent une jeune femme pour localiser ce centre (Incube n° 88).
Au moyen âge des pervers sadiques, par folie, font torturer des jeunes femmes par des bourreaux qui, par intérêt, mettent leur "talent" au service de ces clients (Incube n° 86).


A côté de ces motifs "simples" à commettre le mal, il s'en trouve d'autres plus complexes.
Ainsi, on peut remarquer trois récits très proches : des sorciers extra-terrestres sacrifient des victimes à leur dieu pour profiter des pouvoirs qu'il leur octroie en retour (n° 49) ; une extra-terrestre sacrifie des victimes à ses dieux pour jouir de leur protection (n° 67) ; une sorcière extra-terrestre garde ses pouvoirs en sacrifiant des jeunes femmes à ses démons protecteurs (n° 73).
La motivation de ces divers personnages - ombres noires filiformes (n° 49), jeune blonde avenante (n° 67) ou jeune femme au crâne rasé (n° 73) -, est clairement le profit.
Mais qu'en est-il de l'intérêt de leurs mystérieuses divinités ? Carmelo Gozzo ne nous révèle pas grand chose d'elles. Keeialhan est une sorte de Moloch qui accorde sa bienveillance à ses cinq prêtres en leur offrant le statut de "purs esprits" (n° 49 p. 145). En échange, ses cinq adorateurs "célèbrent sa gloire par des rites compliqués et solennels qui exigent des sacrifices propitiatoires" (p. 146). On n'apprend rien de plus.
Il en est de même avec la jeune extra-terrestre. Elle appartient à une civilisation ayant fait fusionner science et magie et où "on adore les dieux de l'espace avec une dévotion intense" (n° 67 p. 112). Ces dieux accordent leur protection à ces extra-terrestres "au cours de [leurs] voyages, même les plus longs et les plus dangereux" (p. 113). A condition que les voyageurs leur offrent "des sacrifices sanglants" sur chaque planète qu'ils croisent. L'explication s'arrête là.
La jeune sorcière chauve d'Elmauss, quant à elle, bénéficie de pouvoirs "d'origine diabolique" (n° 73 p. 174). Pouvoirs qu'elle ne peut "obtenir et conserver qu'en échange de sacrifices humains" offerts à ses "démons protecteurs" (p. 175). Ces personnages eux-mêmes sont-ils censés connaître le profit de ces divinités qu'ils vénèrent en échange des bienfaits qu'ils en obtiennent ?
Dans un autre récit, "Le livre des supplices", Carmelo Gozzo présente une double entité incarnant le "mal à l'état pur" et existant "depuis la nuit des temps" (Incube n° 60 p. 177, 178).
On peut rapprocher ces divers êtres du Grand Mental et de sa créature Wampus.
Modifié en dernier par Nutello le mer. 31 oct. 2018, 18:12, modifié 8 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: Misogynie dans la BD : Incube de Gozzo

Message par Nutello »

FRUSTRATIONS.

La frustration masculine est clairement exprimée dans cette collection.
Un jeune homme est épris de la femme de son frère (n° 38, 1er récit).
Un peintre s'attache à une jeune femme qui lui apparaît en rêve, et qui s'évanouit chaque fois qu'il va l'atteindre (n° 40, 2nd récit). "Une fois de plus elle m'a abandonné, excité et insatisfait" (p. 7). Quand il la rencontre enfin "réellement", et qu'elle pose pour lui, il songe : "Je dois me retenir à deux mains pour ne pas la violer" (p. 46). Et quand il lui demande de devenir son épouse, elle refuse (p. 47). "Elle semble vouloir me fuir, comme dans mes rêves" (p. 51).
Un jardinier fantasme sur une jeune invitée de ses maîtres (n° 43, 1er récit). "Ce n'est pas à moi que cela arriverait, de tomber une merveille pareille. Je l'imagine toute nue, avec des bas noirs et des talons aiguilles" (p. 23).
Un homme se caresse en regardant des cassettes vidéo érotiques (n° 62).
Un autre lit des magazines érotiques, seul dans sa chambre le soir (n° 73 p. 79).
Un garçon se masturbe aux toilettes en lisant lui aussi des magazines (n° 75 p. 2 à 5). Pourquoi pas en lisant des fascicules de bandes dessinées ?
Un homme demande à son employée de s'habiller plus décemment, évitant minijupe et "chemisier scandaleusement collant" (n° 81 p. 4, 5, 37, 38).


HUMOUR.

Dans Incube n° 88, le dessin du bas de la p. 63 est cadré de façon penchée, ce que les cinéastes nomment un "plan cassé". Mais si toute l'image est inclinée, avec par conséquent les "verticales" et les "horizontales" figurées de manière oblique, on peut noter que la surface de l'eau dans un verre que tient l'un des personnages est parfaitement horizontale, c'est-à-dire parallèle aux bords de la case et du fascicule, au lieu d'être oblique, c'est-à-dire parallèle aux autres "horizontales" de la scène représentée, comme le dessus du bureau, le haut des portes, etc... Trait d'humour absurde de la part du dessinateur?


CARMELO GOZZO.

Carmelo Gozzo est à l'évidence l'un des scénaristes les plus imaginatifs qui soient, et on peut se demander comment il se fait qu'un tel auteur ne soit pas plus célèbre.
Car à côté de l'aspect déconcertant, et souvent subtil (n° 83, 85...), de ses inventions, il faut en outre et surtout noter l'habileté exceptionnelle de la construction de ses récits. Il est rarissime, dans la bande dessinée, de trouver des intrigues structurées d'une façon aussi habile.
Expert des retournements de situation à la fois logiques et inattendus, il sait admirablement jouer sur les doubles interprétations possibles des événements (n° 53, 60, 67, 80, 81, 82, 94...) et les tromperies et manipulations pouvant éventuellement en résulter (n° 60, 62, 67, 71, 80, 82, 88, 94...). Il n'est pas loin en cela de faire songer à un auteur comme Feydeau, si tant est que l'on puisse comparer des auteurs travaillant dans des genres respectifs aussi différents.
Il est par conséquent curieux que Carmelo Gozzo se soit ainsi cantonné dans une branche mal considérée de la bande dessinée, les fascicules érotiques "de gare", et surtout ceux-là franchement sadiques et misogynes, au lieu de chercher à se faire connaître par d'autres productions plus "recommandables".
A moins que "Carmelo Gozzo" soit le pseudonyme d'un auteur italien écrivant également sous un autre nom. Mais qui, à l'heure actuelle, en Italie, est capable d'idées aussi étonnantes ?


FAIBLESSES ET ABSURDITES.

Si Carmelo Gozzo a souvent des idées de départ très originales et innovantes, il lui arrive quelquefois de les mêler à d'autres plus ternes - la nymphomanie (n° 45, 74...), l'insatisfaction féminine (n° 51...), le harcèlement sexuel et le chantage (n° 49, 62, 95), l'adultère et la jalousie féminine (n° 66, 73, 84, 91) - qui gâchent un peu la qualité des récits où elles interviennent.
On peut noter aussi une répétition, celle du thème récurrent de la matérialisation de rêves et de fantasmes (n° 60, 77, 78, 79, 89, 93). Il est vrai que ce thème est un procédé bien commode pour justifier l'apparition d'êtres monstrueux.

Notons enfin un certain nombre d'absurdités notoires.
Une femme mariée exerce un chantage sur une jeune femme afin de l'offrir à son mari (n° 49).
L'épouse d'un bourreau du moyen âge est excitée par les tortures que son mari fait subir à des malheureuses (n° 86).
Un programme gouvernemental de recherche sur la machine à voyager dans le temps est cofinancé par un industriel qui veut utiliser l'invention à des fins privées (n° 73).
Carmelo Gozzo ne peut, à l'évidence, pas avoir que des idées originales et brillantes, et les faibles délais dont il devait disposer pour imaginer ses intrigues et écrire ses scénarios l'obligeaient sans doute parfois à faire appel à des schémas classiques ou à des variations sur ses propres thèmes déjà exploités.
Modifié en dernier par Nutello le mer. 31 oct. 2018, 18:14, modifié 2 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: Misogynie dans la BD : Incube de Gozzo

Message par Nutello »

COUVERTURES.

http://petitsformatsadultes.com/elvifra ... ce-incube/

Excluons les couvertures de Incube n° 1, 2, 3, 5, 6, 7, 10 et 11 qui sont des reprises de celles des fascicules Terrificolor correspondants, ainsi que celles des n° 34 et 36, récits d'Ophélie et de Samantha Redgrave.

Si l'on considère les couvertures des 88 autres fascicules de la collection jusqu'au n° 97, le mode "scène unique" est nettement majoritaire.
Quatre montages sont à noter : visages féminins démultipliés dans un miroir (n° 16) ; tête de mort avec deux profils masculins (n° 17) ; femme attachée à une étoile de David avec une tête de chien en avant-plan (n° 35) ; personnage mi danseuse brésilienne mi silhouette habillée en squelette (n° 48).

Une grande part des illustrations de couvertures est en relation fidèle avec le contenu du fascicule.
La couverture du n° 60 paraît correspondre davantage au récit du n° 78 qu'à celui du fascicule qu'elle illustre. Ce serait une couverture "décalée".

Ces 88 couvertures amènent leur contingent de victimes féminines :
femme anxieuse (n° 27, 88), femme effrayée (n° 8, 16, 51, 69, 93), femme au visage affligé (n° 18), femme attachée (n° 35, 85), femme attachée et aux yeux bandés (n° 30), femme ensanglantée (n° 63, 67, 76), femme écrasée par une armoire (n° 41), femme défigurée (n° 47), femme attelée à une voiture et fouettée par une autre femme (n° 94), battue par une sorcière (n° 71), agressée par un homme (n° 31, 32, 83), par une autre femme (n° 64), étranglée par un homme (n° 21), agressée par des Schtroumpfs (n° 79), femme menacée par une chauve-souris et des mains sanglantes (n° 19), femme attachée et menacée par un démon (n° 50), femme agressée par un démon (n° 29, 66, 73, 77, 80), par un extra-terrestre (n° 68), par un monstre (n° 91), enchaînée et agressée par des rats (n° 95), femme poursuivie par un mort-vivant et un démon (n° 89), menacée par un démon et un robot (n° 44), par des squelettes (n° 20, 45, 61), par un loup-garou (n° 60), attrapée par mort-vivant (n° 53), femme violée par un homme (n° 86, 90), par un faune (n° 92), femme enchaînée et torturée (n° 54), au visage traversé de pointes (n° 23), femme déchirée par des petits démons sortant de son corps (n° 52), femme poignardée (n° 4), brûlée vive (n° 24), noyée (n° 55), décapitée (n° 57), morte, à demi dévorée (n° 68), jetée dans le vide (n° 72), électrocutée (n° 74), assassinée (n° 97), assassinée et transformée en papillon (n° 96), soit un total de 56 (73,68 %) personnages féminins en triste condition. Il est vrai que ces femmes d'encre et de papier sont précisément créées pour cela.
On peut leur opposer : 9 femmes triomphantes (n° 14, 15, 26, 28, 29, 33, 40, 42, 70), 3 en situation "neutre" (n° 22, 59, 81), 1 femme séductrice (n° 46) et 1 femme extatique (n° 38), soit 14 (18,42 %) personnages féminins en meilleure posture.
Du côté des hommes, on compte un homme effrayé (n° 75), un homme attaché et bâillonné (n° 83), un homme assassiné (n° 26), un homme poignardé par une femme (n° 62) et un autre éventré par une femme (n° 62), ce qui ajoute 2 femmes criminelles, donc dans un statut autre que celui de victime, aux 14 citées plus haut.
Citons encore un couple menacé par un incendie (n° 37), deux femmes luttant (n° 58) et 2 femmes étendues inanimées sur un lit, sans qu'on sache si elles sont mortes ou vivantes (n° 12, 39).

Quelques couvertures sont relativement chastes :
portrait d'un spectre masculin (n° 9), couple en fuite (n° 13), jeune indienne pratiquent un sacrifice (n° 15), visages féminins démultipliés dans un miroir (n° 16), tête de mort avec deux profiles masculins (n° 17), femme habillée (n° 19, 89), portrait féminin (n° 23), visage masculin surgissant d'un mur (n° 25), femme défigurée (n° 47), démon tenant une tête de femme décapitée (n° 57).
Beaucoup d'autres présentent un personnage féminin nu (n° 12, 18, 24, 26, 28, 29, 30, 33, 37, 39, 40, 44, 45, 50, 52, 53, 54, 62, 69, 74, 76, 78, 85, 88, 92, 93) ou presque (n° 21, 27, 32, 41, 42, 49, 59, 64, 65, 66, 67, 68, 70, 71, 73, 79, 80, 82, 91, 94, 97).
On peut encore relever des jupes relevées (n° 20, 31, 46, 51, 55, 58, 60, 64, 72, 83, 86, 87, 90, 95), des décolletés (n° 20, 46), des seins nus (n° 4, 8, 31, 35, 38, 43, 51, 55, 58, 61, 64, 72, 77, 83, 84, 86, 87, 90, 95), des femmes en sous-vêtements (n° 46, 63, 66, 68, 81), en culotte noire (n° 14, 22, 56), qui se déshabillent (n° 46, 65, 80, 82), en bas noirs et porte-jarretelles (n° 28, 32, 33, 46, 49, 63, 64, 65, 68, 72, 73, 80, 86, 88, 91, 94), etc. Notons 2 scènes lascives (n° 56, 75), une scène saphique (n° 49), une danseuse brésilienne (n° 48).

Paradoxalement, les créatures monstrueuses en couverture sont rares.
Ce sont principalement des spectres : femme nue à tête de mort (n° 4), femme transparente (n° 8), femme spectrale (n° 42), spectre d'un criminel (n° 9), spectre de pierre surgissant d'un mur (n° 25), spectres de soldats (n° 47), spectre de Jack l'éventreur (n° 72); et des démons (n° 29, 44, 49, 50, 52, 57, 66, 67, 73, 77, 80, 81, 89). Ajoutons des squelettes (n° 20, 45), un squelette couvert de veines métalliques (n° 61), des têtes de mort (n° 15, 16, 17), des lutins (n° 41), une sorcière (n° 71), la déesse de la douleur (n° 23), le Joker (n° 21), des morts-vivants (n° 53, 89), un extra-terrestre (n° 68), des robots (n° 44, 87), un loup-garou (n° 60), un bourreau (n° 33), un homme défiguré (n° 97), un faux démon (n° 22), des rats (n° 95), un chien féroce (n° 35), un serpent (n° 38), une chauve-souris (n° 63), des mains sanglantes (n° 19), des cadavres (n° 31, 65), une statuette maléfique (n° 63). On peut s'étonner en particulier de la quasi absence d'extra-terrestres si nombreux à l'intérieur des fascicules, contrairement aux démons, bien représentés.

En ce qui concerne les décors, relevons deux cimetières (n° 30, 53) et deux salles de tortures (n° 8, 88).
Modifié en dernier par Nutello le jeu. 01 nov. 2018, 09:06, modifié 3 fois.
Nutello
Maître 1er Dan
Maître 1er Dan
Enregistré le : lun. 14 juil. 2014, 21:35

Re: Misogynie dans la BD : Incube de Gozzo

Message par Nutello »

Incube

n° 1 Vierge perverse (date supposée : octobre 1982, réédition de Terrificolor n° 21)
n° 2 Incarnations (réédition de Terrificolor n° 27)
n° 3 Le secret des Incas (réédition de Terrificolor n° 28)
n° 4 Grand Guignol
n° 5 Bête humaine (réédition de Terrificolor n° 31)
n° 6 La sorcière aux deux visages (réédition de Terrificolor n° 26)
…... Trahison (réédition de Terrificolor n° 24)
n° 7 Vénus (réédition de Terrificolor n° 59)
…... Une odeur de cadavre (réédition de Terrificolor n° 20)
n° 8 Le pacte de Janira
.….. Le chêne
n° 9 Une semaine sabbatique
…... Le cimetière des pécheurs
n° 10 Peau de sorcière (réédition de Terrificolor n° 1)
.…... Le pacte violé
n° 11 Adios, Incas! (réédition de Terrificolor n° 39)
….... Au nom de la mort
n° 12 La main de l'assassin
….... Quatre vie pour l'éternité
n° 13 La machine
...... Soupçons
n° 14 La nuit du maléfice
...... Ombres chinoises
n° 15 État de siège
...... Violence occulte
n° 16 Fluide maléfique
...... Les tourments de l'enfer
n° 17 État comateux
...... La bouche muette
n° 18 La damnée
...... Bras de fer avec la mort
n° 19 Persécution
...... Le gardien de la nature
n° 20 No smoking
...... Le gouffre du péché
n° 21 Le Joker
...... Le sommeil des morts
n° 22 Noces vaudou
...... La maison dans la tourmente
n° 23 La déesse de la douleur
...... Une histoire insensée
n° 24 Prophétie
...... Mort provisoire
n° 25 L'émissaire de Satan
...... Les griffes de la jalousie
n° 26 Les deux juges
...... Le manteau de la mort
n° 27 L'annonce de l'Echo tribune
.......La malédiction enfouie
n° 28 La sorcière de Gretna Green
...... Le marchand des rêves
n° 29 In saecula saeculorum
...... La justicière de la nuit
n° 30 Le message
...... Le château des monstres
n° 31 L'enfer peut attendre
...... La main invisible
n° 32 Projection privée
...... L'ange déchu
n° 33 La maison des âmes mortes
...... Un été à Haverhill
...... Carnaval (court récit de 16 pages)
n° 34 Un fâcheux contretemps (épisode d'Ophélie)
n° 35 Jézabel
...... Pour l'amour de Sarah
n° 36 Lucy (épisode de Samantha Redgrave)
n° 37 L'horloge du destin
...... Zombies (épisode de Aura Vilas)
n° 38 Magua
...... Kailasa aux mille fontaines
n° 39 Le moulin de sept poupées
...... La nuit de Walpurgis (épisode de Aura Vilas)
n° 40 Les jardins d'Ispahan
...... Portes closes sur un massacre
n° 41 Ann et les lutins
...... Gelée royale
n° 42 Obsession tragique
...... La chasse aux fantômes
n° 43 Le fantôme de la mer (épisode de Aura Vilas)
...... Le rêve qui tue
n° 44 S comme sorcière
n° 45 Le douzième coup de minuit
n° 46 Jalousie mortelle
...... Le culte de/du Moloch
n° 47 La caserne aux fantômes
...... Estampes
n° 48 Le journal de la mort
...... La Sylphide
n° 49 Les prêtres de Keeialhan
n° 50 Les démons de Saturne
n° 51 Bestiaire
n° 52 Magie cosmique (réédité dans Les grands classiques de l'épouvante n° 111 sous le titre" Les créatures du mal")
n° 53 Un mystérieux pouvoir
n° 54 Madame Faust
...... Inari le renard
n° 55 Instruments diaboliques
n° 56 Nuit tragique
...... Les cadavres de cuir
n° 57 Horribles ténèbres
n° 58 Automation totale
n° 59 Le dernier chevalier
n° 60 Le livre des supplices
n° 61 La machine anatomique
...... La race des géants
n° 62 Le contrat des Dvils
n° 63 Le sang de la vierge
...... Satan vénitien
n° 64 Les trois souhaits
n° 65 Évasion astrale
...... Cauchemar de zone (court récit humoristique de 6 pages)
n° 66 La bête infernale
n° 67 Les dieux de l'espace
n° 68 Présences occultes (réédité dans Cauchemars n° 9)
n° 69 Le Hollandais volant
...... Le sang de mon sang
n° 70 Félins (réédité dans Cauchemars n° 10)
n° 71 La dernière occasion
n° 72 Le règne de la terreur
n° 73 Un jour, ce sera ton tour
n° 74 Je veux mourir!
n° 75 Le joueur de flûte
n° 76 Chlorophylle
n° 77 Impulsion vitale
n° 78 La dernière proie
n° 79 Cartoons vivants
...... Sorcier de famille (récit complémentaire de 36 pages)
n° 80 La nuit des monstres
n° 81 Le téléphone de l'horreur
n° 82 Au-delà du cauchemar
n° 83 Le souvenir qui tue
n° 84 Le trou du diable
...... Performance (court récit humoristique de 7 pages)
n° 85 Un parfum de haine
n° 86 Exil mental
n° 87 Cyborg
n° 88 Conditionnement télépathique
n° 89 Sans retour
n° 90 Voyage dans le temps
n° 91 Une pluie de monstres
n° 92 Peinture diabolique
n° 93 Forces obscures
n° 94 Transfert diabolique
n° 95 Obsession
n° 96 Les papillons de nuit
...... Un moraliste pervers (récit complémentaire de 38 pages)
n° 97 Une mariée sanglante
...... Lycanthrope (récit complémentaire de 45 pages)
Répondre

Retourner vers « Le Cercle des PF disparus ? / La BD Populaire en 2024 »