Thierry de Royaumont

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Nutello
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Thierry de Royaumont

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Thierry de Royaumont

Scénario d’André Sève, signant Jean Quimper, et dessins de Pierre Forget


4 épisodes
- Le secret de l’émir (1954)
- La couronne d’épines (1956)
- L'ombre de Saïno (1958)
- Pour sauver Leïla (1959, publié en album seulement en 1987)


Sur l’historique de cette série et ses auteurs, voir ici :

https://www.bd-anciennes.com/blog/thier ... de-bayard/

http://bdzoom.com/79124/patrimoine/«-th ... medievale/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Avent ... _Royaumont
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Nutello
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Re: Thierry de Royaumont

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Thierry1.jpg
Thierry de Royaumont tome 3 : « L’ombre de Saïno »

L’ombre de Saïno est celle d’un homme diabolique qui, à l’aide d’armes encore inconnues comme des canons et de la poudre, et de tout un réseau d’espions et de traîtres, s’empare peu à peu des domaines d’une région de la France du XIIIe siècle.
Thierry de Royaumont est un jeune homme revenant de Terre Sainte accompagné de quatre jeunes gens amis, un apprenti détective perspicace, un apprenti serrurier habile à ouvrir toute porte officielle et toute entrée secrète, un colosse, et une certaine damoiselle du nom de Leïla de Coucy, bien sous tout rapport.

Au début du récit, les cinq compagnons découvrent que le terrifiant Saïno a anéanti, ainsi que tous ses habitants, le château de Royaumont, demeure ancestrale de la famille de Thierry qui n’est plus qu’un monceau de ruines. Ils cherchent alors refuge chez le seigneur de Coucy, oncle de Leïla.
Ils se rendent compte petit à petit que, grâce à des complicités intérieures, Saïno est sur le point de s’emparer de ce nouveau domaine après plusieurs autres déjà.

C’est là que commence le grand morceau de bravoure de l’album, quand Thierry et ses amis s’aperçoivent que le château de Coucy est plus creux que creux.
En effet, la partie visible et accessible de la vaste demeure est doublée d’un véritable second château dans le château, un extraordinaire entrelacement de salles, de corridors, d’escaliers camouflés. Ce château secret se prolonge d’un ensemble souterrain aménagé dans des cavernes, jusqu’à rejoindre le château de Saïno, lui aussi tout aussi truffé de passages secrets et d’escaliers dérobés.

Dès lors, devant Thierry et ses compagnons, des leviers cachés et systèmes à contrepoids font basculer des dalles, s’ouvrir des fonds de cheminées, tourner des parois, glisser des portes de fer, surgir du sol des échelles, s’allonger des passerelles au-dessus d’un abîme, rouler des rocs sur des rails.
Tous les ressorts du récit de château truqué sont convoqués et rassemblés ici comme dans un véritable catalogue en un seul album.
Thierry et ses amis s’aventurent donc dans cet inextricable dédale défendu par des pièges de toutes natures : des trappes sans nombre s’ouvrent sous les pas des imprudents donnant sur des oubliettes hérissées de pointes ou de lourds blocs de pierre tombent du plafond sur le visiteur confronté à une énigme que le lieu lui propose et qu’il ne parvient pas à résoudre – en quelque sorte un double casse-tête…
Une scène est à elle seule très spectaculaire. Une pièce circulaire voit son sol basculer en pivotant autour d’un axe en son milieu comme une balançoire, précipitant ses occupants sur des pieux acérés dressés au fond du puits. Thierry et ses compères imaginent une manœuvre particulièrement ingénieuse, et acrobatique, pour échapper à ce piège.
Un endroit étonnant de ce ténébreux réseau de passages et de salles difficilement pénétrables, est un corridor à la voûte, au sol et aux parois teintés de rouge et couverts de signes étranges qui trouveraient leur place dans un récit de Philippe Druillet.
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Après bien des combats, Thierry, ses proches amis et les hommes du seigneur de Coucy parviennent à déjouer les ruses, manœuvres et complots de Saïno, à défaire ses troupes et à s’emparer de sa forteresse, pour découvrir enfin que Saïno lui-même n’y résidait pas, laissant quelques-uns de ses fidèles proches accomplir ses basses œuvres dans cette région de France.
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Nutello
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Re: Thierry de Royaumont

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Thierry1a.jpg
Le climat d’intrigues au château de Coucy et les enquêtes du jeune détective en herbe, ami de Thierry de Royaumont, peuvent faire songer à ceux de l’abbaye bénédictine et de Guillaume de Baskerville dans le grand livre d’Umberto Eco « Le nom de la rose » et le film associé, même si la nature des propos est sans relation d’une œuvre à l’autre.

Nous pouvons également établir une correspondance avec l’album « Le sphinx d’or » de Jacques Martin publié quelques années auparavant.
Saïno a auprès de lui un "maître du feu" chinois qui lui a, à lui aussi, révélé le secret de la poudre noire. Celui du « Sphinx d’or » se nomme Yen-Si, celui de « L’ombre de Saïno » Ni-Tsan.



Le scénario a été écrit par un prêtre et, dans la difficulté, les personnages ont souvent recours à la prière et à l’évocation des dieux du christianisme, en particulier "Madame Marie". Mais peut-être était-ce précisément une habitude de cette époque, ajoutant là un élément réaliste ?
Comme a écrit Dominique Petitfaux :
« Le choix de la période du Moyen-âge permettait de présenter aux lecteurs des héros naturellement imprégnés de christianisme. »
https://www.bd-anciennes.com/blog/thier ... de-bayard/

Toutefois, de son côté le rédacteur de l’article de Wikipédia remarque :
« On peut parler de sensualité dans le traitement du personnage de Leïla, la jeune princesse orientale discrètement (mais indéniablement) amoureuse de Thierry. Une jolie brune aux courbes féminines et au sourire charmeur, qui de surcroît prend part à l'action grâce à ses compétences et son intelligence, voilà à quoi les contemporains de Thierry Tintin ou Blake et Mortimer n'eurent jamais droit, tandis que la bande dessinée française laïque, dans Pilote par exemple, n'osera ce type de personnage que cinq à dix ans plus tard. »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Avent ... _Royaumont

On peut également noter une certaine audace pour ce qui concerne la violence, ainsi une case où Thierry et ses amis, torses nus et ensanglantés, combattent des adversaires, et où Thierry transperce le corps d’un homme de son épée rougie de sang. (L’ombre de Saïno p. 63)


Jean-Pierre Dionnet a écrit dans Métal hurlant :
« Ce sont des curés qui ont édité la meilleure bande-dessinée de cape et d’épée du monde, et c’est un curé qui l’a écrite. (…)
Le dessin de Pierre Forget est riche d’architectures vertigineuses, plus proches de Piranèse et de Lovecraft que du Sacré-Cœur de Jésus, et le scénario de Jean Quimper est plein de péripéties et de descriptions fiévreuses du maître du mal, Saïno, qui est proprement démoniaque. »
Cité par Dominique Petitfaux.
https://www.bd-anciennes.com/blog/thier ... de-bayard/
Modifié en dernier par Nutello le sam. 07 avr. 2018, 01:42, modifié 4 fois.
Nutello
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Re: Thierry de Royaumont

Message par Nutello »

Une continuation - ou du moins une filiation - à Thierry de Royaumont peut se retrouver dans l’œuvre de Roger Jarrossay.
Prince Axel contient en effet des réminiscences de l’œuvre d’André Sève et Pierre Forget, autant sur l’aspect scénaristique que graphique.

Dans « Le Prince Noir », nous retrouvons une thématique très proche de celle de « L’ombre de Saïno ».
De la même manière, un sinistre seigneur cherche à s'emparer de toute une région grâce à des complicités à l'intérieur de chaque domaine. (Titan n° 1 à 8)

« Le Pays des Brumes, empire de Mandragor le magicien », commence avec l’exploration d’un château truqué empli de pièges et se déroule pour l’essentiel dans un vaste ensemble de cavernes et de souterrains. (Titan n° 9 à 16)
D’autre part, une même scène d’encerclement d’une troupe par une vaste armée en surplomb se ressemble beaucoup d’une œuvre à l’autre. (Titan n° 15 p. 56 à 59 et n° 16 p. 36 à 38 - L’ombre de Saïno p. 48)

Dans le dernier récit de Prince Axel, sans titre, nous retrouvons le même graphisme dans la reconstitution des décors d'une cité médiévale, avec maisons à encorbellements et pignons pointus, que dans les premières pages de « L’ombre de Saïno ». (Bimbo n° 159 à 163)
Et un dessin de Bruno Jarrossay se révèle être l’exact décalquage au détail près (un anneau au mur, un bassin circulaire, la nature des ombres de piliers… ) d’un dessin de Pierre Forget. (Bimbo n° 161 p. 63 - L’ombre de Saïno p. 4)

Autre détail, Prince Axel porte sur son pourpoint un sigle dessiné dans un cercle comme les guerriers de Saïno.


Les amateurs de l’une peuvent amplement s’intéresser à l’autre série.
Modifié en dernier par Nutello le sam. 07 avr. 2018, 01:32, modifié 1 fois.
Nutello
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Re: Thierry de Royaumont

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Thierry de Royaumont tome 4 : « Pour sauver Leïla »

Lors de l’assaut par Thierry et ses troupes de la forteresse de Saïno, ses séides parviennent à s’enfuir, en outre en enlevant la jeune Leïla de Coucy.

Thierry et ses trois compagnons se lancent donc derrière eux, dans une épopée hautement rocambolesque.
La poursuite commence à cheval puis en barque dans des décors désolés de marécages et de longues landes fangeuses et crépusculaires aux arbres morts sous des ciels de nuit, jusqu’à un impressionnant moulin à eau constitué de corps de bâtiment et de tours enchevêtrés.
Les fuyards multiplient les pièges et les embûches pour ralentir leurs quatre poursuivants, avec l’aide de félons soumis à leur cause grâce à l’or et aussi la crainte et la menace.
Après avoir embarqué à Marseille, la poursuite se continue par mer jusqu’à Tripoli, puis en caravanes de dromadaires à travers le désert libyen jusqu’à la "Cité interdite" de Saïno - château extraordinaire construit sur et entre des pitons rocheux au milieu d’un cirque volcanique encastré dans un haut plateau - étrange assemblage d’édifices à bulbes et autres formes arrondies les faisant plus ou moins ressembler à des carafes ou des flacons de parfum anciens.

Le finale emberlificoté est assez décevant, même s’il s’appuie sur une idée très originale : en vérité, Saïno n’existe pas, ou plutôt pas encore.
Les dirigeants de la "Cité interdite" attendent en effet d’avoir conquis suffisamment de territoires pour désigner, parmi un ensemble d’hommes choisis pour leur force et leur intelligence et entraînés et soumis à de très dures épreuves, celui qui en deviendra le maître suprême, celui qui sera enfin digne de devenir Saïno.


Cette idée rare d'une société de malfrats dirigée par un être diabolique qui n'existe pas encore, trouve un peu son pendant dans la révélation finale du 2nd récit de Prince Axel de Roger Jarrossay, "Le pays des brumes".
Il apparaît là aussi qu'un être maléfique régnant sur une contrée n'existe pas lui non plus, puisqu'il est en fait une illusion produite par la combustion permanente de champignons hallucinogènes. (Titan n° 9 à 16)
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