Bonjour,
À partir du n° 138 cessent définitivement les pérégrinations du trio Spencer-Spade-Texas dont d’autres personnages prennent désormais la place dans des récits complets indépendants.
Avec le n° 140 « Héritiers d’un monde », ce remplacement est justifié. Cet épisode se déroule en effet bien des siècles plus tard. La Terre a depuis longtemps été ravagée et sa population a disparu. La planète est devenue un chaos de roches où ne se trouve plus la moindre trace de vie.
Ce sont donc trois humains de la planète Électronica qui sont les protagonistes. Le moustachu Docteur Spencer devient le moustachu Jeff, Texas est blond et s’appelle Rudy, et Spade se nomme Peter.
Ces personnages décident de faire un retour aux origines, et de prendre la direction de la lointaine Terre, lointaine dans le passé de l’espèce humaine.
C’est dans un paysage austère et nu que le trio se pose, toute végétation absente. Ils parcourent une surface de pics et de pierres à bord d’une voiture sans roue, parfois arrêtent le véhicule pour mieux visiter un site.
À partir de là, les auteurs ont suivi le modèle des fouilles archéologiques dans la Vallée des Rois.
Dans ce désert rocheux, Jeff, Rudy et Peter découvrent une amorce d’escalier s’enfonçant dans le sol et obstrué par des éboulis. Déblayant les rochers, ils descendent les marches et, à l’image d’égyptologues à l’entrée d’une sépulture souterraine de pharaon, se heurtent à une porte, ici plus moderne, métallique. Ils franchissent ce nouvel obstacle, et la ressemblance se poursuit. Ils empruntent des corridors et traversent une succession de chambres, celles-ci, au lieu de mobilier funéraire, contenant une bibliothèque et des collections d’objets comme dans un musée.
Enfin, parvenus devant la pièce ultime, ils se trouvent face à un appareillage complexe et un livre contenant des instructions : tirer certains leviers, appuyer sur des boutons… et attendre qu’une lampe verte s’allume.
Les auteurs ménagent là un peu de suspense, car un éboulement de terre et de roches a empli l’escalier d’entrée – et de sortie –, fermant la tombe derrière eux. Pendant le temps que le dispositif qu’ils ont remis en route fasse son office, les trois explorateurs libèrent l’escalier grâce à des explosifs.
Enfin la lampe verte s’allume et le secret de la dernière chambre se dévoile. L’ultime porte s’ouvre révélant deux sarcophages qui, loin de contenir des corps momifiés ou autres restes humains, s’ouvrent à leur tour pour montrer une femme et un homme sortant de leur hibernation, les « héritiers d’un monde » du titre, seuls et derniers terriens, héritiers d’un monde à recréer entièrement. La vie surgit, la renaissance, de ce qui avait l’apparence d’un tombeau.
C’est évidemment un exercice régulier, presque un stéréotype de la science-fiction de servir de fable pour mettre en garde le lecteur et lui annoncer des guerres et des apocalypses du futur propres à anéantir l’humanité, voire la vie, voire la planète.
Ici, les auteurs n’ont pas trop insisté. En effet, cette partie de l’histoire du monde est connue par ce qu’en décrit le couple qui n’a précisément pas été témoin de la destruction de la surface de la planète. Ils en disent ce qu’ils ont vécu dans ce complexe souterrain, les expériences préliminaires d’un groupe de scientifiques, puis leur préparation, et enfin leur mise en hibernation avant la période fatale. Pas d’images violentes de la fin du monde, par conséquent, juste la peinture du décor nu et désolé du résultat.