Psychédélisme en bd

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Nutello
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Re: Psychédélisme en bd

Message par Nutello »

Perry Rhodan est une vaste collection de romans de science-fiction d'origine allemande, comptant plus de deux mille tomes, créée en 1958 par Walter Ernsting sous le pseudonyme de Clark Dalton, et K. H. Scheer, auxquels sont venus s'adjoindre d'autres auteurs : Kurt Mahr, Kurt Brand, William Voltz, H. G. Ewers, W. W. Schols, etc.
En France, les éditions du Fleuve noir ont publié depuis 1966 environ 150 volumes correspondant chacun à deux titres originaux.
Un film a été réalisé en 1966 par Primo Zeglio, production italo-hispano-germanique intitulée Perry Rhodan - SOS aus dem Weltall en Allemagne, 4... 3... 2... 1... Morte en Italie, et 4, 3, 2, 1 Objectif lune en France.
Dans les années 1967-68, plusieurs collections de bandes dessinées ont vu le jour en Allemagne, Perry Rhodan im Bild en 27 fascicules, puis Perry Rhodan - Unser Mann im All en 129 fascicules se divisant en deux cycles, l'un de 36 numéros, le second commençant au n° 37 jusqu'à la fin.
Certains récits du début de ce second cycle ont été traduits dans les 12 numéros français de Perry le fantastique (Ed. Jeunesses et vacances) d'août 1975 à décembre 1976. Les scénarios semblent être de Dirk Hess et les dessins de dessinateurs appartenant au studio romain d'Alberto Giolitti, parmi lesquels Giorgio Gambiotti.

Perry Rhodan constitue un autre space opera sur le motif traditionnel de l'exploration d'autres terres. Le personnage principal voyage de planètes en planètes suivi de quelques compagnons, un colosse à deux têtes chauves, un minuscule homme-souris, un amérindien et deux jeunes femmes inévitablement magnifiques, l'une rousse, l'autre blonde et mutante.
Les intrigues, très linéaires, exploitent des constantes usuelles, mêlant invasion d'êtres hostiles, combats interstellaires, révolte de robots contre leurs créateurs humains, références à la mythologie antique - gorgones, amazones, sirènes, centaures, cheval ailé -, récit médiéval avec tournoi, planète restée à l'ère secondaire, dinosaures et ptéranodons, néandertaliens, mutants, hommes-poissons, araignées et insectes géants, créatures de cristal, ordinateurs intelligents, sauts dans l'hyperespace, téléportation, facultés paranormales, etc.

Les bandes dessinées de Perry Rhodan tiennent une grande part de leur aspect psychédélique à la figuration de personnages féminins et au traitement de celle-ci. En premier lieu, il faut citer les deux héroïnes qui accompagnent Perry Rhodan, l'astronaute rousse à la coiffure à volutes rouges, jaunes et noires et la jeune mutante vêtue de quelques arabesques et à la chevelure flamboyante ornée de plumes. On peut ajouter les nombreuses figures féminines de rencontre, les sirènes et les amazones aux longs cheveux animés et la Méduse aux rubans et à la cape voltigeants et à la coiffure op art de La planète Médusa (n° 1), les filles papillons des "Statisticiens de l'univers" (n° 6), les spectrales "dévoreuses d'énergie" (n° 11), et de façon générale les diverses habitantes des autres mondes, favorites de prince, sauvageonnes, prêtresses, femmes des eaux et autres filles-fleurs figurant de ci de là, toujours plastiquement irréprochables.

Des mises en scènes valorisent ces apparitions féminines. La mutante de "Les Millies arrivent" (n° 1) se matérialise dans le décor enchanteur d'un parc empli de fleurs et d'oiseaux de paradis. Plus loin, elle rencontre des extra-terrestres également dans un jardin flatteur (n° 8). Dans La planète Médusa (n° 1), quand une amazone, "projection mentale", se dissout dans l'air, c'est en volutes sophistiquées. Signalons la jeune mutante en état d'apesanteur, à la chevelure épandue (n° 6).
Les décors eux aussi participent au psychédélisme de la bande. L'espace s'emplit de longs linéaments plus ou moins curvilignes, les rayonnements radioactifs prennent l'apparence d'effluves (n° 5), un astroport se couvre d'architectures et de statues avant-gardistes (n° 7), les dématérialisations et téléportations offrent des aspects spectaculaires (n° 8), un vaisseau contient un réservoir de plasma aux pseudopodes très sculpturaux (même n°), etc.

L'ensemble est toutefois singulièrement bariolé, façon pop-art de nouveau, comme pour Les aventures de Jodelle et Pravda la survireuse, ou encore Jezabel de Magnus et Bunker.
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Re: Psychédélisme en bd

Message par Nutello »

En 1963, le dessinateur Steve Ditko a imaginé, sur un scénario de Stan Lee, un personnage qui est apparu dans Strange tales n° 110 (Ed. Marvel), Doctor Strange master of black magic.

Doctor Strange, d'abord "maître de la magie noire", puis "des arts mystiques", peut voyager dans d'autres dimensions, ce qui a permis à Steve Ditko de se livrer à une véritable frénésie graphique.
Pour créer un sentiment d'étrangeté, le repère fondamental de tout paysage, la ligne d'horizon séparant terre et ciel, disparaît pour laisser la place à un espace sans référence de limite ni de borne dans aucune direction, où ne figure pas de "lointain", seulement un fond uni devant lequel se découpent des éléments de décor proches.
Des parcelles de sol rectangulaires ou elliptiques flottent dans ce vide pour permettre aux personnages d'y être "posés" ; des branches d'arbres, des éléments tubulaires se déploient dans des entrelacs complexes ou se rejoignent pour composer des sphères couvertes de sinuosités ; des réseaux de bandes dessinent des filets ; des brillances, des éclats font rayonner leurs branches irradiantes ; des formes géométriques, cercles, triangles, rectangles, pentagones, figurent des entrées ; des surfaces se constellent d'étoiles noires à huit branches ; des ellipses agrémentées de petites sphères s'assemblent en symboles d'atomes géants. Les teintes varient sans cesse, usant de toutes les ressources de la palette.

Cette bande a eu une influence sur le psychédélisme.
"Doctor Strange grâce au talent de Steve Ditko devint un modèle pour les artistes de la côte ouest et fut une des sources d'inspiration de l'art psychédélique. Ses excursions magiques dans d'autres dimensions, ses aventures oniriques, ses combats psychiques où n'intervenait aucune violence physique donnèrent lieu sous la plume de Ditko à autant de voyages hallucinés, aussi fous et colorés que des trips à l'acide" a écrit Marc Duveau dans Comics USA (Ed. Albin Michel). "Les seuls qui se sentirent concernés par les univers imaginés par Steve Ditko furent les membres du flower people de la côte ouest qui crurent y retrouver des décors rencontrés sous l'effet du LSD. Doctor Strange influença de ce fait l'art psychédélique et fut le héros préféré des hippies."

Dans The Steve Ditko index, Tristan Lapoussière a relevé les allusions à Doctor Strange dans le roman-reportage Acid test de Tom Wolfe (Ed. du Seuil, collection Points). Pour décrire l'autobus peinturluré des Merry Pranksters, Tom Wolfe a défini "les milliers d'enluminures, grandes et petites, [rutilant] d'oranges, de verts, de magentas, de lavandes, de bleus de chlore, de tous les pastels fluorescents imaginables" comme "un mélange de Fernand Léger et de Doctor Strange" ; pendant un acid trip, Ken Kesey, auteur de Vol au-dessus d'un nid de coucous, et personnage du récit, lit un fascicule de Doctor Strange ; plus loin encore, l'auteur a comparé la tension entre un autre personnage de ce récit documentaire et Ken Kesey à l'affrontement du Doctor Strange et de l'un de ses adversaires ; évoquant le contenu d'une malle emplie de costumes à travers une énumération pittoresque, il a mentionné "des capes à la Doctor Strange".
En 1965, un concert fondateur donné à San Francisco est intitulé : "A tribute to Dr Strange".
Le groupe célèbre Pink Floyd a fait figurer le personnage sur le bord droit de la pochette de l'album A saucerful of secrets de 1968, et l'a cité l'année suivante dans la chanson "Cymbaline" de la bande originale du film More de Barbet Schroeder : "Doctor Strange is always changing size".

Toutefois, pour ce qui concerne Steve Ditko, "les corrélations relevées entre les aventures de Doctor Strange et les effets du LSD tenaient de la coïncidence". En effet, selon Marc Duveau, Steve Ditko méprisait les hippies auxquels il opposait des personnages "à l'allure stricte, aux vêtements de bon ton et soigneusement entretenus, aux cheveux coupés court, au visage serein", par exemple dans le dernier épisode de Blue Beetle.

Steve Ditko a utilisé les mêmes effets de surfaces flottant dans le vide, de réseaux de mailles, de tubes et de bandes, de formes tentaculaires, d'éclairs et de sphères d'énergie dans des récits dessinés pour les éditions Warren.
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satanik
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Re: Psychédélisme en bd

Message par satanik »

Analyse intéressante ,
sauf que pour moi, la musique des Doors n'a rien de psychédélique,
et le groupe n'a jamais suivi le mouvement
Chaque fois que l'on se fait photographier, on croit qu'il va naître un Dieu
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Lord Foxhole
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Re: Psychédélisme en bd

Message par Lord Foxhole »

Bonne idée, Nutello, de revenir sur ce courant qui a graphiquement marqué la bande dessinée de l'époque... Et qui est totalement oublié aujourd'hui !

Tu nous diras un petit mot au sujet de Vaughn Bodé, mort prématurément en 1975 ?

(Ici le scan de la couverture du Deadbone Erotica - New York, Bantam Books, 1971 - de ma collection personnelle :wink: ).
Deadbone_Erotica.jpg
“La barbarie est l'état naturel de l'humanité, [...]. La civilisation n'est pas naturelle. Elle résulte simplement d'un concours de circonstances. Et la barbarie finira toujours par triompher.” ― Robert E. Howard.
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Re: Psychédélisme en bd

Message par Nutello »

satanik a écrit :Analyse intéressante ,
sauf que pour moi, la musique des Doors n'a rien de psychédélique,
et le groupe n'a jamais suivi le mouvement
Exact... Comment ai-je pu commettre une pareille erreur ? Je corrige plus haut... Merci.
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Re: Psychédélisme en bd

Message par Nutello »

Lord Foxhole a écrit :Tu nous diras un petit mot au sujet de Vaughn Bodé, mort prématurément en 1975 ?
Bodé ? J'avoue que je n'avais pas pensé à lui : je ne le connais pas très bien, et c'est plutôt de la bd humoristique...
Mais c''est vrai que l'on parle de lui ici : http://www.cannabisculture.com/articles/4406.html
Les références sont claires...
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Re: Psychédélisme en bd

Message par Nutello »

Raymond Reding, auteur de Jari et de Vincent Larcher, avait habitué les lecteurs de Tintin à des histoires sportives toutes prosaïques...

En 1969, il s'est un peu lâché avec l'album Olympic 2004, puis Onze gauchers pour Mexico, de 1970, en plongeant dans une science-fiction pour le moins surprenante.

Un troisième tome, le très étrange Zoo du docteur Ketzal (Ed. Dargaud) de 1973, fait état pour sa part de fleurs hallucinogènes. Celles-ci permettent de voir l'avenir dans un curieux récit mêlant pyramides maya, forces paranormales, télépathie, hypnose, "monde du reflet", pierres flottantes et gravité inversée, et dans lequel le réalisme coutumier de la "ligne claire" de "l'école franco-belge" se voit de temps à autre envahi par des séquences fantasmagoriques dans une grande débauche colorée.
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Re: Psychédélisme en bd

Message par Nutello »

Lord Foxhole a écrit :Tu nous diras un petit mot au sujet de Vaughn Bodé, mort prématurément en 1975 ?
Un peu dans le même ordre d'idées, et pour les nostalgiques de la période Actuel 2e série des années 1970, on peut rappeler quelques expériences graphiques underground sur le mode de la dérision :
- "Ego trip" de J. Schrier, voyage humoristique dans le subconscient d'un personnage à la recherche de son ego (n° 10-11, juillet-août 1971) ;
- "Leo la crevette contre les crabes mous" de Richard Campara (n° 28 spécial comix, février 1973) ;
- "Délice" de Pierre Pavloff (n° 35, septembre 1973) ;
- "Le dernier show" de Dave Sheridan (n° 40 spécial bandes dessinées, mars 1974).
Et il y en a sûrement d'autres...
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Re: Psychédélisme en bd

Message par Nutello »

A part dans l'univers des comics tendance Crumb et Shelton, les allusions à l'absorption de substances psychédéliques sont plutôt rares dans les bandes dessinées de l'époque et media proches, soient-elles directes - le joint de Pravda, les drogues du "maître des songes" dans 5 x Infini (Fantastik série I n° 13) - ou indirectes - la chambre des rêves de la reine de Sogo dans Barbarella, l'atmosphère hallucinogène du "Tabou des souvenirs" dans 5 x Infini (Comics 130 n° 4 - Fantastik série II n° 7) -. Il faut toutefois mentionner quelques champignons directement impliqués dans une série, Prince Axel.

Dans "Le pays des brumes, empire de Mandragor le magicien", de Roger Jay-Jarrossay publié dans Titan (SFPI) n° 9 à 16, de janvier à août 1964, ce territoire de cavernes, de forêts mortes et de châteaux truqués ou "habités" de statues aux poses étranges, est entièrement baigné de brumes produites par la combustion de champignons hallucinogènes géants.
Dans une part indiscernable de réalité et d'illusion, une ombre devient un cavalier, des armures inoccupées s'animent et à l'inverse des guerriers semblent faits de vide, des branches d'arbres dépouillés se muent en griffes vivantes, des stalactites sont perçues comme des lames tranchantes, et un nain, Mandragor, prend l'apparence d'un grand personnage androgyne.

Notons toutefois que le graphisme de cette bande n'a strictement rien de psychédélique, étant parue avant l'époque considérée.
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Re: Psychédélisme en bd

Message par Nutello »

Plus tard, bien après l'ère psychédélique, une bande italienne, Martin Mystère, publiée en France dans Ombrax, a présenté quelques évocations de scènes hallucinatoires.

Dans "L'arche de Noé" (Ombrax n° 213, d'octobre 1983), sous l'effet d'une "étrange odeur qui se propage dans l'air", "substances hallucinogènes qui n'agissent qu'au contact de la peau ou sous l'effet de la respiration", les personnages de fresques paraissent prendre vie dans un tombeau égyptien.
Dans "L'énigme de l’Étrusque" (Ombrax n° 214), un "stimulateur de l'inconscient" fait surgir "d'immondes figures refoulées dans les abîmes de l'inconscient", des "souvenirs ancestraux [qui] bombardent le cerveau [des personnages]... de terribles horreurs ataviques [qui] font vaciller la raison".
"La fontaine de jouvence" (Ombrax n° 218) fait allusion aux visions des chamans, grands consommateurs de molécules psychodysleptiques.

Dans "Horreur à Providence - La maison du bout du monde" (Ombrax n° 214 et 215), une maison lovecraftienne montre "des angles et des perspectives qui ne peuvent exister", des "géométries sinistres".
Pour figurer "les abîmes qui se cachent derrière ces murs", ce lieu où "tout se transforme, (...) le centre de gravité lui-même paraît changer continuellement, (...) le haut devient le bas et vice versa, (...) l'intérieur paraît se refermer sur lui-même tandis que les derniers vestiges de la réalité se dissolvent dans une masse d'horreur dynamique, les notions de temps et d'espace ont perdu leur signification, chaque paramètre de la réalité tridimensionnelle est bouleversé dans son sens contraire comme dans un monde cauchemardesque ou, encore, comme dans le voyage provoqué par le LSD, les lois physiques n'ont plus cours (...)", le dessinateur Ricci a fait appel à des illusions d'optiques, des figures géométriques impossibles inspirées de l'œuvre de Maurits Cornelis Escher, une fois de plus des effets visuels op art constitués du rapprochement de bandes noires et blanches parallèles, et des images empruntées au film Au-delà du réel de Ken Russel de 1980.

Là aussi, le graphisme n'a rien de psychédélique, le réalisme noir des auteurs des éditions Bonnelli n'étant en rien inspiré par cette esthétique, tout comme, d'ailleurs, toute l'histoire de la bande dessinée qui a suivi ces années.
Remarquons toutefois l'expression : "comme dans le voyage provoqué par le LSD", à rapprocher du paragraphe de fermeture du récit : "A l'université du Manitoba, on a construit une chambre dite de "privation sensorielle". On y enferme un sujet qui éprouve les mêmes hallucinations, mais provoquées par une dose massive de LSD il a le sentiment d'évoluer conjointement dans le temps et dans l'espace". Incitation à tenter l'expérience ?
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Re: Psychédélisme en bd

Message par Tovenaar »

Sujet intéressant :jap:
satanik a écrit :Analyse intéressante ,
sauf que pour moi, la musique des Doors n'a rien de psychédélique,
et le groupe n'a jamais suivi le mouvement
Effectivement !
Tu as corrigé l'erreur. :pouce:
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Re: Psychédélisme en bd

Message par Nutello »

Prof TNJ a écrit :Sujet intéressant :jap:
satanik a écrit :Analyse intéressante ,
sauf que pour moi, la musique des Doors n'a rien de psychédélique,
et le groupe n'a jamais suivi le mouvement
Effectivement !
Mea culpa, mea culpa !

Il faut dire qu'aujourd'hui, le terme "psychédélique" est utilisé de façon anarchique, comme synonyme tantôt de "hippie" ou "60s", tantôt de "bizarroïde"...
J'ai dû être influencé par ce premier sens ou plutôt contre-sens.
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Message par Tovenaar »

Bravo !

Voici autre chose :
fanny.jpg
:D
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Re: Psychédélisme en bd

Message par Garth »

Et ça… 
Hyperbolicsyllabicsesquedalymistic… 
http://www.youtube.com/watch?v=FCzElCx_LK8

Mais je crois qu'on s'égare un peu, là…
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Lord Foxhole
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Re: Psychédélisme en bd

Message par Lord Foxhole »

Nutello a écrit :
Lord Foxhole a écrit :Tu nous diras un petit mot au sujet de Vaughn Bodé, mort prématurément en 1975 ?
Bodé ? J'avoue que je n'avais pas pensé à lui : je ne le connais pas très bien, et c'est plutôt de la bd humoristique...
Mais c''est vrai que l'on parle de lui ici : http://www.cannabisculture.com/articles/4406.html
Les références sont claires...
Merci... :wink:
Vaughn Bodé est un auteur assez inclassable, dont j'ai appris l'existence relativement tard (vers la fin des années 1980)... A ce moment-là, il avait déjà sombré dans l'oubli.
Mort trop jeune (34 ans), trop tôt, avant d'avoir eut le temps de faire quelque-chose de véritablement durable dans le temps.
Je possède l'album français Erotica, publié chez Neptune en 1983...
http://www.bedetheque.com/BD-Erotica-To ... 29081.html
Nutello a écrit : Dans "Horreur à Providence - La maison du bout du monde" (Ombrax n° 214 et 215), une maison lovecraftienne montre "des angles et des perspectives qui ne peuvent exister", des "géométries sinistres".
Pour figurer "les abîmes qui se cachent derrière ces murs", ce lieu où "tout se transforme, (...) le centre de gravité lui-même paraît changer continuellement, (...) le haut devient le bas et vice versa, (...) l'intérieur paraît se refermer sur lui-même tandis que les derniers vestiges de la réalité se dissolvent dans une masse d'horreur dynamique, les notions de temps et d'espace ont perdu leur signification, chaque paramètre de la réalité tridimensionnelle est bouleversé dans son sens contraire comme dans un monde cauchemardesque ou, encore, comme dans le voyage provoqué par le LSD, les lois physiques n'ont plus cours (...)", le dessinateur Ricci a fait appel à des illusions d'optiques, des figures géométriques impossibles inspirées de l'œuvre de Maurits Cornelis Escher, une fois de plus des effets visuels op art constitués du rapprochement de bandes noires et blanches parallèles, et des images empruntées au film Au-delà du réel de Ken Russel de 1980.
Oh ! En cherchant du côté des auteurs qui ont adapté du Lovecraft en BD dans les années 1960-70, je suis bien certain que l'on doit trouver des choses assez croquignolettes... :D
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Re: Psychédélisme en bd

Message par Archie »

Sujet vraiment très très intéressant. Merci Nutello.
Que je lirais petit à petit car de sacrés pavés. :wink:
Jean-Louis
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Re: Psychédélisme en bd

Message par Jean-Louis »

Il y a aussi Druillet, qui a réalisé quelques superbes pages, notamment dans 'Les 7 voyages de Lone Sloane' et 'Délirius'. Lui aussi était fasciné par Lovecraft et Escher...

Toutefois, je pense que le LSD et autres substances hallucinogènes n'ont été qu'une composante très mineure dans le développement du courant artistique dit 'psychédélique'. La libération des moeurs (donc aussi de l'imagination) et le recul des limites, propres à cette époque, ainsi que l'engouement pour la science-fiction et le fantastique, ont été des facteurs bien plus déterminants, à mon avis...

Hélas, ce mouvement artistique/sociétal ne pouvait prospérer que dans une société d'abondance ; la crise est arrivée, et les gens sont retournés à des préoccupations beaucoup plus terre à terre...

Sur un point de détail, l'on peut noter, concernant les artistes des affiches des groupes Pop de San Francisco, l'influence de l'Art Nouveau (à mettre en relation avec les trouvailles graphiques de Windsor Mc Kay , dans 'Little Nemo'). D'ailleurs, Mc Kay ne fut-il pas précurseur du mouvement psychédélique (et sans LSD ! :wink: )? Mais comme le thème commun est d'ordre onirique...

Sur un autre point, les avancées dans le domaine de la chimie ont joué leur rôle, en fournissant des nouvelles encres et pigments aux couleurs vives.
Dans le domaine musical, l'arrivée des synthétiseurs, et des boîtes à effets n'a pas été pour peu dans l'élaboration d'un style musical. L'art et la technique ont toujours avancé de concert...
yan59
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Re: Psychédélisme en bd

Message par yan59 »

content que tu évoques Druillet, Jean-Louis, car n'étant pas assez pointu sur le thème du topic je n'osais le faire, bien que son œuvre entre pleinement dans ce que j'imagine être le psychédélisme. Dans le même état d'esprit, j'y classe aussi certaines pages de William Vance sur Bob Morane, mais peut-être à tort.
Qu'en pensez-vous ?
L'archipel de la terreur
L'archipel de la terreur
L'oeil du samouraï
L'oeil du samouraï
Les géants de Mû
Les géants de Mû
L'empreinte du crapaud
L'empreinte du crapaud
Les sortilèges de l'Ombre Jaune
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Nutello
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Re: Psychédélisme en bd

Message par Nutello »

yan59 a écrit :content que tu évoques Druillet, Jean-Louis, car n'étant pas assez pointu sur le thème du topic je n'osais le faire, bien que son œuvre entre pleinement dans ce que j'imagine être le psychédélisme. Dans le même état d'esprit, j'y classe aussi certaines pages de William Vance sur Bob Morane, mais peut-être à tort.
Qu'en pensez-vous ?
Bonjour,

Je suis tout à fait d'accord. Je n'avais pas pensé à Bob Morane, c'est un oubli de ma part (il doit y en avoir bien d'autres !)
Certaines de ces pages sont en effet "inspirées".

Pour ce qui est de Druillet, son premier album n'était pas "psyché". Pour les albums suivants, c'est déjà plus net en effet !
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Re: Psychédélisme en bd

Message par yan59 »

oui, très net même ! :lol6:
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