Donc ici, reprise du sujet 'E3'.
D'abord, installons-nous dans le confort technologique des éditeurs d'illustrés.
Le démarrage est d'abord timide. Trouver des textes, trouver des auteurs (texte et dessin) n'est pas très facile dans l'immédiat d'après-guerre. Organiser ses 'éditions', trouver de bons gestionnaires, équilibrer la balance entre les salariés et les prestataires sans histoire préalable prend quelques années.
Globalement, 20 PFs ont été publiés en 1949, 200 en 1955 et 1000 en 1959 (total des numéros). C'est donc une explosion.
Des freins divers apparaîtront au fil des années, censure plus ou moins grande, perte d'acteurs importants, grèves dans l'imprimerie, difficultés avec les sociétés de distribution, et j'en oublie.
Mais globalement, à partir de 1960, on savait comment faire. Et cela a duré jusqu'en 1975 avec une petite résurgence jusqu'en 1980. Un confort et des habitudes s'installent donc.
Tout cela n'empêche pas la Société d'évoluer. Les autres médias se développent, la couleur se généralise.
Et puis, à ne pas oublier, les acteurs principaux de ce marché, pour la plupart issus de la guerre, vieillissent.
Ratier, Navarro, Bagarre, Keirsbilk, Vistel et Chapelle approchent ou dépassent l'âge de la retraite. Peut-être l'adaptation aux temps de Dylan devient insuffisante. Artima-Arédit subit les attaques de la commission de censure vers la fin des années 70. Les commissions des sociétés de distribution augmentent, il y a des bagarres (cf les 'fin des abonnements').
Le nombre de ventes n'augmente plus et il faut faire des économies ...
Alors, on reste sur ses vieilles séries en principe bien implantées, on essaye maladroitement quelques nouveautés, et on publie des rééditions. Avec cette technique, le vieux lecteur abandonne ses revues et qui va commencer une série découverte chez son marchand de journaux au numéro 352 ? Pas de nouveau lecteur, abandon des anciens. La chute a commencé.
Or, il faut suivre le mécanisme de la presse : un clou chasse l'autre. Tout nouveau n° remplace le précédent. Les invendus sont regroupés et comptés puis rendus à l'éditeur. Du comptage, on déduit la parution du prochain numéro.
Plus ou moins d'exemplaires. Ici, on baisse. Par exemple, les derniers numéros d'Impéria indiquaient leur tirage en dernière page. 30.000 était à peu près le plancher. En dessous, arrêt de la série.
En 1975, il y avait 47.500 marchands de journaux en France. Quels tirages fallait-il pour avoir au moins 3 ou 4 exemplaires partout ?
A force d'arrêter leur séries, les éditeurs historiques sont arrivés à 0 et ont mis la clé sous la porte.
En Italie, les éditeurs ont eu la double idée suivante :
- les vieux lecteurs doivent être conservés, donc on continue à publier du nouveau, moins souvent puisque les ventes baissent
- il faut trouver de nouveaux lecteurs. Donc on relancent les 'bases' au numéro 1 avec un petit plus. L'attraction d'un n° 1 en presse est forte, on le sait aussi en France mais ... Si l'on prend les TEX italiens dont on parle souvent sur ce forum.
première publication en strisce, puis Gigante (2e), puis tre stelle, puis Tutto Tex puis nueva ristampa. Aujourd'hui (ou hier) encore 4 éditions parallèles pur viser différentes classes d'âge de lecteurs ...
Pour citer mon graphique, j'insisterai sur deux points :
- Entre 1949 et 1962, on VOIT que les Récits Complets ont été remplacés par les PFs (réduction du orange compensé par l'augmentation du violet).
- Entre 1980 et 1994, on VOIT que les PFS n'ont été remplacés par RIEN.
à vous !