L'état de l'art aujourd'hui concernant la corrélation pseudonymes / auteurs Gerfaut :
- Enrique Sánchez y Pascual (1918-1996), le plus prolifique, alias Ludwig Kranz, Frank Krieg, Hans Klüber, H. Sampas, Karl von Vereiter, Franz Winkels, Heinz Wirmann, Harry Woodley, Walter Kühne, Harry Cowerland.
C'était un scénariste de petits formats et un romancier tout aussi prolifique en Espagne, là encore sous divers pseudonymes (dont certains réutilisés pour Gerfaut) que certains doivent connaître ici : Alan Comet, Alan Starr, Alex Simmons, Law Space, etc... Il a en utilisé des dizaines. Son œuvre dans la littérature dite populaire est colossale.
Je n'ai par contre aucune idée de l'origine des relations entre l'éditeur français et l'espagnol. Un pays important pour Gerfaut puisque son illustrateur phare sera Jordi Longarón (1933-2019), lui aussi très prolifique dans son domaine.
- Robert Vaudois (1921-2017), alias Rudy Fürtwengler, R.V. Karanoff.
A entre autres écrit quelques romans aux Presses de la Cité sous son vrai nom, puis des romans de guerre pour la collection Baroud chez L'Arabesque avec le pseudonyme R.V. Karanoff qu'il réutilisera chez Gerfaut.
- Baudouin Chailley (né en 1939), alias Baldwin Wolf, Igor Ivanov, Guy Jacquelin.
Avant d'entrer chez Gerfaut, il a écrit des romans de guerre chez Fleuve Noir dans sa collection FEU, sous les pseudonymes Piet Legay et Guy Lespig, devenant le principal contributeur de la collection, et pour la série L'Aventurier (Piet Legay). Tout en écrivant pour Gerfaut, il restera fidèle au Fleuve Noir, donnant plusieurs dizaines de romans pour la collection Anticipation, toujours avec le pseudo Piet Legay, qu'il utilise encore en écrivant des romans de SF ces dernières années parus sous le label Rivière Blanche.
- André Favières ( ?-? ), alias Hans H. Lusthoff, Andreï Servaïeff.
Avant d'écrire pour Gerfaut, il écrit à partir de 1950 des romans policier et d'espionnage.
- Jean-Hubert Guffens (1921-1979), le belge de la bande, alias Kurt Gerwitz (le principal utilisé), Luc Bernières, Boris Orloff, Ivan K. Tcherbine, Stephen Mc Boyd, John T. Walsh, Gunther von Reist, Johann Klauss.
Un autre gros utilisateur de pseudonymes tous éditeurs confondus (une vingtaine a priori). Belge, il s'installe en France et change de nom, après un passé dit mouvementé (sans qu'on en connaisse les détails). C'est lui qui inaugure la collection Guerre de Gerfaut en 1964.
- Kurt-Emile Höhener (1931-? ), alias Jef Le Mat, Mitsuo Kabuchi.
Lui était monégasque. Un autre aventurier de la littérature populaire, qui a touché à divers genres (policier, espionnage, fesse... ), caché sous une trentaine de pseudonymes, le plus connu étant Pierre Genève. Il a côtoyé André Héléna et Jean Bruce. Il a été aussi éditeur, patron des Presses Noires qui deviennent ensuite Eurédif.
- Pierre Francois Fournel (1921-1996), alias Heinrich Zimmer, Franz Rheinhards.
Avant d'être un auteur récurrent au Gerfaut, il a écrit une série de romans d'espionnage sous le pseudonyme P. Franck Fournel nommé Le Canadien dans les années 1950. Un qui a baroudé, puisqu'il aurait combattu sur le front de l'Est dans l'armée allemande avant d'entrer dans la légion...
- Gilles-Maurice Poulain (1932-? ), alias Alain Guyenne, Gunther Klein, Friedrich Söffker, Andrew Stacy, Dimitri Starkov, Ivan Tcherko, Helmuth Zorn.
L'un des auteurs les plus publiés par Gerfaut. A d'abord écrit sous divers pseudos des romans policiers dans les années 1950 lui aussi, ainsi que des romans sentimentaux, d'espionnage, et de science-fiction. Après Pascual, ce fut le plus prolifique en titres de guerre Gerfaut.
- André Jammet (1929-? ), alias James W. Porter, Anton Sedoff, Hermann Siebel.
Encore un qui a pas mal bourlingué avant de se mettre à écrire. A utilisé d'autres pseudos pour d'autres éditeurs, pour écrire de l'espionnage, de l'érotique et du gore (Mort Humann chez Fleuve Noir, c'est lui).
- Olivier Jammet ( ?-? ), alias Friedrich Niels.
Fils du précédent, il a plagié des romans de guerre de son père déjà publiés chez Gerfaut que l'éditeur a édité quand même...
- Roger Maury (1925-2016), alias Walther Samitz, Hugo Keppler.
Lu dans la collection Feu du Fleuve Noir sous son vrai nom mais aussi avec le pseudo Jacky Fray aux éditions de L'Arabesque. Un écrivain qui va pondre dans les 70 romans sous diverses identités ou sous son vrai patronyme (dans la collection L'Aventurier par exemple au Fleuve).
- Viviane Pernet ( ?-? ), alias W. Syrmen.
C'est l'unique fille de la bande. A écrit deux romans de guerre pour Gerfaut. Mais l'éditeur l'a aussi publié dans sa collection Cape et épées, où elle utilisait les pseudos Jehan de Villedieu et Francis D’Artois. Une grande inconnue du roman populaire, qui a utilisé près d'une quarantaine de pseudonymes. Par exemple elle a signé le polar Trois jours à vivre sous le nom de Peter Vanett, publié dans la collection Spécial Police du Fleuve Noir, adapté en film par Gilles Grangier et Michel Audiard.
- Hubert Génin ( ?-? ), alias Ludwig Sörner, Toshiro Tanaka.
Trois romans parus chez Gerfaut. On le retrouve avec son vrai nom dans la collection Baroud de L'Arabesque. A écrit de l'espionnage sous le pseudo Pol Quercy. Et probablement d'autres romans sous d'autres pseudos pour d'autres éditeurs dans les années 1950-60...
- Enrique Martínez Fariñas (1925-1985), alias Richard War.
L'autre espagnol de l'équipe si c'est lui (j'ai quelques doutes encore). Un auteur aussi prolifique que son compatriote, mais essentiellement en Espagne, peu exporté. Scénariste aussi de petits formats, certains ont été adaptés en France (Le Prince des Brumes, lu dans Robin des Bois et Zoom de Jeunesse et Vacances). Lui aussi a utilisé un paquet de pseudonymes : Elliot Dooley, Lew Spencer, Don Carter, Chantal Fleury, Helmuth Von Sohel, etc...
- Jean Roussel (1911-1993), alias Karl Sterberg, Igor Volkhov.
Un peu plus connu sous son autre pseudonyme Jean Rignac, car officiant ainsi comme astrologue sur les ondes de RTL dans les années 1970-80, un peu le concurrent de la fameuse Madame Soleil d'Europe 1... Il écrira dans ce domaine plusieurs livres. Connu aussi sous le pseudo Jean Norcel pour des romans d'espionnage chez L'Arabesque. Mais il fera de l'astrologie son fond de commerce à partir de la fin des années 1960.
- Georges Roques ( ?-? ), alias Gunther Rokk.
Un écrivain qu'on retrouve dès la fin des années 1940 pour de la littérature policière et érotique, sous divers pseudos (Georgie Rockman, Barbara Moockrick, Joan Cawley... ).
- Jean-André Faucher (1921-1999), alias... Jean-André Faucher !
Pas de pseudonyme pour lui, c'est son vrai nom. Et ce n'est pas non plus un romancier, mais un journaliste et historien. Gerfaut va publier son étude sur la Commune, puis quelques mois avant la fin de l'éditeur, son étude sur le nazisme. Faucher était une personnalité assez remuante politiquement (voir l'article
Wikipédia).
- Morris Hershman (1926-2016).
Lui non plus, pas de pseudo. Étrangement, c'est l'unique auteur traduit par Gerfaut le temps d'un roman, au contraire de son concurrent Fleuve Noir qui va mélanger auteurs maisons et autres étrangers dans sa collection FEU. Il est l'auteur de 87 romans, ainsi que de 311 nouvelles et a utilisé plusieurs pseudonymes pour différents genres comme le policier, la science-fiction ou le western.
- Gilbert Gicquel ( ?-? ), alias Pierre Gicquel et Karl Oberg.
Lui c'est une énigme. Auteur de plusieurs romans intéressants se déroulant pendant la guerre d'Indochine, ce qui est plutôt original, avec un héros récurrent inspiré d'un vrai militaire français de ce conflit à la tête d'un commando de membres du Viêt Minh retournés. Aucune information le concernant à ce jour.
Et il reste une poignée de pseudonymes pour lesquels on ne sait donner une paternité :
Julius Dahn
Fred S. Mirror
Heinrich Oppenheimer
Rudy Stiefel
Cela ne représente qu'une petite poignée de romans de guerre publiés par Gerfaut.
Nous avons donc à ce jour :
Enrique Sánchez y Pascual
Gilles-Maurice Poulain
Jean-Hubert Guffens
André Jammet
Olivier Jammet
Robert Vaudois
Baudouin Chailley
Pierre Francois Fournel
Gilbert Gicquel
Georges Roques
Jean Roussel
André Favières
Roger Maury
Kurt-Emile Höhener
Hubert Génin
Viviane Pernet
Enrique Martínez Fariñas
= 17 auteurs qui se répartissent quasiment l'ensemble des 620 titres de guerre Gerfaut parus.
+ les cas particuliers Morris Hershman et Jean-André Faucher.
Quand je vois la production de certains, rien que dans la collection principale, plus de 90 pour Enrique Sánchez y Pascual, avec juste derrière Gilles-Maurice Poulain, une grosse quarantaine pour Jean-Hubert Guffens, une bonne trentaine pour Pierre Francois Fournel, Robert Vaudois, Baudouin Chailley ou André Jammet, sans parler de leurs apports dans les autres séries ou pour d’autres éditeurs, je ne peux m’empêcher penser au film Le Magnifique avec Belmondo dans le rôle d’un pisse-copie payé au mot ou à la page, tenu de fournir un roman par semaine (je sais que certains en pondaient un en un week-end). L’incroyable étant que parfois, le roman était bon, même si forcément il y avait des tâcherons.
Dans le cas qui nous occupe, sortent du lot :
- Jean-Hubert Guffens, qui, sous son pseudonyme Kurt Gerwitz, a donné quelques romans solides de par leurs trames dramatiques, avec parfois des structures non linéaires par l’utilisation de flashback ou d’intrigues parallèles qui finissent par converger,
- Pierre Francois Fournel, qui a créé des personnages récurrents de soldats allemands confrontés aux rigueurs du front de l’Est, et parfois à celles de leurs compatriotes notamment lorsqu’est évoqué l’attentat contre Hitler du 20 juillet 1944, où l’amitié est généralement mise en avant,
- Robert Vaudois, dans une démarche similaire au précédent, narre aussi les aventures de personnages récurrents de soldats allemands, parfois à la première personne, et là aussi, fidélité et amitié sont mises en avant dans un contexte hostile et dangereux,
- Gilles-Maurice Poulain, avec sa série de romans signés Dimitri Starkov, avec son couple de résistants polonais pris entre le marteau et l’enclume, le marteau soviétique et l’enclume nazie,
- Gilbert Gicquel, devenant Pierre Gicquel, va quasiment exclusivement narrer les aventures d’un sergent français assisté d’un costaud caporal dans la moiteur de la jungle indochinoise, à la tête d’un commando de locaux, notamment des anciens du Vietminh retournés, mais pas forcément fiables, dans des intrigues très documentées,
- Baudouin Chailley, sous le pseudo de Baldwin Wolf, a signé une poignée de romans suivant les aléas d’une petite unité de sabotage infiltrée derrière les lignes russes,
- André Jammet, qui avec son pseudo James W. Porter, présenta une série de romans dignes des pulps américains de guerre décomplexée, avec un duo faisant régulièrement sauter des japonais par paquets de douze.
Les autres auteurs sont plus ou moins intéressants. Enrique Sánchez y Pascual a donné quelques bons romans parfois émouvants, noyés dans la quantité de titres répartis dans ses nombreux pseudonymes. Signalons aussi sa petite série Panzer de quatre romans, qui, comme son nom l’indique, suit l’équipage d’un char allemand, hélas non finalisée.
Par contre on peut éviter sans regret les romans de Georges Roques (Gunther Rokk). Tout comme ceux d’Olivier Jammet, qui sont des plagiats de son père, ou d’André Favières (Hans H. Lusthoff, Andreï Servaïeff)…
Mais tout ceci est basé sur des souvenirs de lecteur adolescent et jeune adulte de 20 ans, quand je lisais ces romans à la chaine dans les années 1980, ayant débuté leur lecture vers mes 14/15 ans. J’en lisais un à deux par semaine. Certes ce n’est pas Les Croix de bois de Roland Dorgelès, Le Feu de Barbusse ou À l'Ouest rien de nouveau de Remarque, mais il faut prendre ces romans comme ce qu'ils sont, des fictions plus ou moins crédibles, comme la plupart des romans d'espionnage ou policier de l'époque.
Ces quelques détails sont issus de mes recherches er surtout celles de membres du forum du site
A propos de Littérature Populaire, hélas plus très vivace, le sujet, comme les petits formats par exemple, n'intéressant plus grand monde d'autre que les nostalgiques les ayant lu...