HISTOIRE DE L'ASTON MARTIN DB5 James Bond 007 CORGI TOYS
En septembre 1964 sortit le film Goldfinger. C'est le troisième film de James Bond, avec Sean Connery (les deux premiers sont Dr No et Bons baisers de Russie), film dans lequel apparaît une extraordinaire voiture bourrée de gadgets, une Aston Martin DB5.
Chez Corgi, malgré l'opportunité évidente de sortir la DB5 en modèle réduit, le directeur Howard Fairbarn refusa de le faire, arguant que ce serait trop compliqué à concevoir et à fabriquer.
Trois mois plus tard, devant le succès persistant du film, il changea d'avis, et ordonna de mettre tous les moyens disponibles pour sortir leur DB5 Corgi Toys le plus vite possible.
Vu l'urgence pressante, Marcel Van Cleemput, le chef designer en charge du développement, décida de modifier la DB4 déjà au catalogue Corgi, et de lui adjoindre trois des gadgets du film : le siège éjectable, le volet blindé à l'arrière et les mitrailleuses rétractables à l'avant. Cela allait être la C261 au 1/46e.
Ci-dessous, la DB4 et la DB5 (remarquez la forme différente des phares) :
Tim Richards, qui avait reçu une formation en école d'arts, fut chargé de modeler les prototypes de figurines en plasticine. C'est lui qui eut aussi pour tâche de modifier le moule de la DB4. Le temps était compté, pas question de suivre le processus habituel (que j'ai décrit à la page précédente) ; il devait très vite préparer le moule en résine de la DB5.
(Incidemment, c'est aussi lui qui modela les figurines originelles de Daktari).
John Marshall avait été engagé comme maquettiste en 1961. Très vite, il se fit remarquer du grand patron Philipp Ullmann par son esprit inventif, et il fut tout naturellement chargé de concevoir les mécanismes internes de la DB5.
Il se mit à l’œuvre, et commença par découper une ouverture dans le toit d'une DB4. Après avoir pendant une semaine conçu plusieurs versions successives et défectueuses du mécanisme d'éjection, il avait finalement abouti à ce que nous connaissons. Il se chargea tout aussi bien du reste des gadgets. Son travail donna lieu au dépôt de pas moins de sept brevets d'invention.
Il gagna ainsi ses galons définitifs de concepteur de mécanismes spéciaux, et nous le retrouverons d'ailleurs les années suivantes comme maître d’œuvre de la conception interne de la plupart des modèles réduits Corgi à gadgets (la Batmobile, la voiture Uncle, la Green Hornet, la Chitty Chitty Bang Bang...).
Pour la DB5, comme il fallait convaincre les décideurs de Corgi de la robustesse suffisante de son siège éjecteur, John Marshall construisit un banc-test avec un petit moteur électrique et quelques cames. Le mécanisme appuyait sur le toit pour le refermer, puis appuyait ensuite sur la tirette de déclenchement de l'éjecteur. Le cycle mettait 15 secondes à s'effectuer.
Il put s'effectuer 20410 fois avec succès, avant qu'une pièce finalement ne cède :
La voiture, peinte de couleur or, et non pas couleur argent comme dans le film (pour mieux la distinguer du métal brut), fut emballée dans une boite joliment illustrée, avec des 'instructions secrètes', et fut lancée en octobre 1965 :
Ce fut un extraordinaire succès, il s'en vendit 750 000 dans les derniers mois de 1965. Corgi avait doublé sa production pour pouvoir en fabriquer 10 000 par jour, avec ses 28 pièces détachées assemblées à la main ; et même en engageant quantité d'employés temporaires, malgré cela Corgi eut beaucoup de mal à satisfaire la demande.
En février 1968, Corgi en sortit une version 'upgradée', le C270 au 1/43e, avec en plus les crève-pneus et les plaques d'immatriculation rotatives, et en vendit 1,2 million de plus. Ce fut le modèle de DB5 le plus richement équipé en gadgets ; et même la miniature la plus riche en gadgets de toute la production entière de Corgi, et encore plus des autres constructeurs de modèles réduits.
Par la suite, Corgi sortit deux autres versions de la DB5 James Bond moins riches en gadgets, une au 1/36e et une au 1/64e qui se vendit à plusieurs millions d'exemplaires.
Corgi Toys continua à vendre des DB5 James Bond jusqu'à la fin de son existence. Peut-être même qu'il s'en fabrique encore...
Avec la Batmobile, l'Aston Martin fut la plus grosse vente de toute l'histoire de Corgi. Comme par hasard, ce furent les miniatures les plus généreuses en gadgets. Hélas, Corgi ne sut pas comprendre que c'était celles-ci qui se vendaient le mieux, et ainsi hélas les autres productions dérivées des films ou séries TV ne firent que s'appauvrir de plus en plus en quantité de gadgets. Pour plusieurs séries vers la fin, Corgi se contenta de repackager des modèles de voitures déjà à leur catalogue, et d'ajouter une ou plusieurs figurines même pas dans la voiture, mais debout à part...
Au fil des années de production Corgi, il s'est vendu en tout 4,9 millions de Batmobile, 4 millions de C261, et 1,2 million de C270. Probablement les C270 se vendirent moins bien parce que les enfants intéressés avaient déjà une C261, qu'ils étaient moins tentés de se retrouver avec deux modèles réduits très semblables ; et qu'ils préféraient alors acheter un autre modèle, différent de ce qu'il avaient déjà...
Pour rappel, ce que je vous montre en restauration DB5 dans ces pages, ce sont uniquement des C270.
