Ce bimensuel en langue française édité en Egypte appartenait à la myriade de publications catholiques liée au mouvement spirituel de La croisade eucharistique des enfants visant à promouvoir le sacrement de première communion dès l’âge de raison. D’où son titre et sa connexion avec le journal Cœurs Vaillants qui partageait avant-guerre le même crédo. Dirigé par un jésuite, le Père Joseph Mertens, le journal était adossé, sur le plan logistique et financier, au prestigieux Collège de la Sainte-Famille du Caire qui contribuait à faire rayonner une langue et une culture françaises alors très prisées par l’élite du pays. De septembre 1939 à novembre 1942, la situation de l’Egypte est chaotique. Le royaume, censé être neutre et souverain, est en réalité sous domination anglaise. Les troupes britanniques qui stationnent dans le pays vont repousser les assauts successifs des forces de l’Axe. La situation des nombreux résidents français, dont la majorité œuvre pour la Compagnie Universelle du Canal Maritime de Suez, est tout aussi confuse et incertaine. De juillet 1940 à février 1942, la communauté française d'Egypte est administrée par la Légation du gouvernement de Vichy installée au Caire alors que dans le même temps la ville s’ouvre pas à pas aux représentants et aux combattants de la France Libre. Maréchalistes et gaullistes se côtoient et se toisent. C’est dans ce contexte anxiogène, pour rompre avec le caractère austère de son périodique et ramener un peu de gaité dans la vie quotidienne des plus jeunes de ses lecteurs, que le Père Mertens va proposer par intermittence dans Le Chevalier de L’Hostie un insert remonté du journal Cœurs Vaillants (dont des extraits de Tintin) qui pour l’heure n’était plus diffusé de manière officielle en Egypte. Ainsi, à la date du dimanche 24 mai 1942, est distribué un numéro hors série spécial Pentecôte réservé aux nouveaux communiants du collège de la Sainte-Famille dans lequel apparaît une annonce pour un insigne représentant Tintin et reprenant le slogan des Cœurs Vaillants. L’affaire va tourner au fiasco pour deux raisons distinctes. La réalisation à moindre coût de l’insigne fut confiée à un métallier du souk Khân el Khalili. Or les façonniers de cet artisan, ne maîtrisant pas la langue française, intervertirent ou omirent des lettres du pourtour rendant la majeure partie du tirage inutilisable. Par ailleurs, des parents d’élèves influents s’inquiétèrent auprès du Père Recteur du collège du fait que cet insigne pouvait être révélateur de l’appartenance à une communauté précise alors que la ville regorgeait d’espions, de supplétifs et d’exilés de tous bords. Ces événements conjugués à l'exode massif et précipité des Français d'Egypte en 1956 expliquent l’extrême rareté de cet insigne et le fait qu’il soit si peu connu de nos jours, et ce, même des tintinophiles avertis.
- L'annonce
- L'insigne
- Couverture du hors série de Pentecôte 1942
Et moi qui a cru que ton poisson d'avril c'était "Le calculateur des commerciaux de Pif Gadget" ! 
... Pas Glop la "Pasglopitude" !!!
