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«Votre devoir est génial. Tous les autres m’ont parlé plus ou moins intelligemment, et plutôt moins que plus, du risque. Mais vous, vous avez risqué. Je dis bien que c’est une idée fantastique car si je n’avais pas tourné la page, Monsieur Laugier aurait eu zéro».
Celui-ci est vraiment joli ! (On ne peut pas trancher mais dans ce cas, fendre)
«Votre devoir est génial. Tous les autres m’ont parlé plus ou moins intelligemment, et plutôt moins que plus, du risque. Mais vous, vous avez risqué. Je dis bien que c’est une idée fantastique car si je n’avais pas tourné la page, Monsieur Laugier aurait eu zéro».
Pour revenir à l'Action Joe français, la seule période qui fait vraiment sens pour moi, j'ai scanné intégralement pour ce sujet un catalogue de 1976. Il y a même certains prix de l'époque en francs ajoutés au stylo. Attention, pour les nostalgiques des seventies, entourez-vous des précautions nécessaires, rétro-émotion prévisible...
Question subsidiaire : Et toi, sauras-tu retrouver dans ces pages "Action Bob" avec sa panoplie d'albigeois ?
Action Man et Action Joe sont des jouets distincts ? Ils se ressemblent tellement...
«Votre devoir est génial. Tous les autres m’ont parlé plus ou moins intelligemment, et plutôt moins que plus, du risque. Mais vous, vous avez risqué. Je dis bien que c’est une idée fantastique car si je n’avais pas tourné la page, Monsieur Laugier aurait eu zéro».
L'historique international de ce jouet est assez complexe à suivre. Je t'en ferai une synthèse sous peu. En attendant, pour simplifier à l’extrême, la gamme Action Joe concerne spécifiquement les articles distribués sous cette marque commerciale uniquement en France et seulement de 1976 à 1981 par la Compagnie Générale du Jouet sous licence de l'américain Hasbro.
Gamin je confondais les Big Jim et les Action Joe, grave erreur que celle ci.
Quelle désillusion lorsque je me suis aperçu de la différence de taille (j'étais de la team Big Jim je l'avoue).
Voici dans les grandes lignes l’historique promis :
► Genèse du concept. Les revendications relatives à la paternité de GI Joe varient autour de la trame suivante. Au début des années 60, Lawrence Reiner, chef du département Jeux chez Ideal Toys, compagnie américaine réputée pour ses poupées incassables en composite et ses peluches (dont le fameux Teddy's Bear), aurait soumis à ses employeurs l’idée d’une poupée militaire articulée pour garçons couplée à une stratégie marketing déjà connue dite « du rasoir et des lames » qui consiste a vendre à prix bas un article principal (le rasoir – la poupée) pour marger sur les recharges indispensables (les lames – les panoplies). Essuyant un refus au motif que « la poupée ce n’est que pour les filles » et ne pouvant démarcher en personne la concurrence, Larry Reiner aurait passé un accord avec un inventeur et spécialiste des brevets nommé Stanley Weston pour le faire à sa place. Stan Weston peaufina l’idée et la présenta à Donald Lavine, directeur du développement de produits chez Hasbro, manufacture de jouets qui commercialisait Monsieur Patate. Don Lavine, vétéran de la guerre de Corée, fut sensible au concept dans lequel il voyait une forme d'hommage aux anciens combattants. Lavine accompagna en interne chaque étape du projet et confia à un de ses adjoints, Samuel Speers, le soin de réaliser des prototypes. Merrill Hassenfeld, directeur général et copropriétaire de la firme (Hasbro = Hassenfeld Brothers) prit le risque de donner son feu vert à la production et à la commercialisation de ce mannequin articulé pour garçons. Hasbro créant pour l’occasion l’expression « figurine d’action » (action figure) afin de pouvoir communiquer sur ce jouet tout en évitant la connotation de genre induite par le terme poupée.
► États-Unis. C’est donc là que tout commence avec GI Joe, une poupée mannequin de 12 pouces (environ 30 cm) comportant une vingtaine de points d’articulation. Le modèle est inspiré des mannequins articulés en bois utilisés par les artistes. Il est breveté par la firme américaine Hasbro à partir de 1963. Le nom de GI Joe renvoie à l’imaginaire collectif de la Seconde Guerre mondiale. La première gamme est lancée en 1964. Elle comprend 4 personnages représentant chacun un corps de l’Armée américaine : Action Soldier pour l’US Army, Action Sailor pour l’US Navy, Action Marine pour l’US Marine Corps et Action Pilot pour l’US Air Force. Les cheveux d’origine sont peints et les mains ne sont pas souples. La cicatrice sur la joue droite qui résulte d’un défaut initial de production deviendra une caractéristique emblématique du jouet au point de servir de preuve dans des procès ultérieurs en contrefaçon. Un grand nombre d'accessoires et d'équipements vendus séparément viennent compléter les figurines de base livrées dans des boîtes dont les illustrations incitent sciemment aux achats connexes. Une première variante afro-américaine sort en 1965. En 1966, la gamme des personnages s’étoffe avec six combattants extranationaux : allemand et japonais pour les forces de L’Axe ; australien, britannique, russe ainsi qu’un résistant français pour le camp des alliés. Après 1968, l’image militariste renvoyée par GI Joe est perçue comme trop clivante aux USA en raison de l’intensification du mouvement contre la guerre au Viêt Nam. Le fabricant transforme alors ses personnages en aventuriers. Cette transformation amorcée en 1969 débouche sur la gamme GI Joe Adventure Team de 1970 avec un corps plus musclé et un logo spécifique. Hasbro stoppe totalement la fabrication du GI Joe historique en 1978 lorsque les goût des enfants américains se déplacent sur les figurines de 10 cm (3,75 pouces) popularisées par Kenner pour les produits dérivés Star Wars.
► Les licences. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que Hasbro n’était pas implanté en Europe dans les années 60 et 70. La firme se contentait alors d’accorder des licences à des sociétés européennes. Les détenteurs de ces licences avaient toute latitude pour développer des spécificités propres à chaque pays qui dépassaient largement le seul cadre du packaging. Autrement dit, ils pouvaient créer (de manière économiquement raisonnée et dans la limite du respect des intérêts du produit original) de nouvelles choses sur la base des GI Joe et ne pas se contenter de simplement réemballer des références importées des États-Unis. En Europe, il y avait 5 détenteurs différents de la licence officielle GI Joe : 1 en Grande-Bretagne, 1 en France, 1 en RFA, 1 en Espagne, 1 en Italie.
► Grande-Bretagne. C’est la firme Palitoy qui est détentrice de la licence dès 1966 et va diffuser ou fabriquer GI Joe sous l’appellation commerciale Action Man. Le nom est directement inspiré de celui de la série TV Danger Man (Destination Danger avec Patrick McGoohan) qui cartonne à l’époque outre-Manche. Les britanniques vont apporter des innovations majeures qui seront reprises par Hasbro : mains souples qui agrippent les objets, cheveux floqués et barbe. Palitoy mettra le paquet sur l’univers militaire tout en proposant par ailleurs des thèmes en lien avec le Far-West, les sports, l’aventure et la conquête spatiale. Palitoy cessera de produire Action Man en 1984
► France. Des grossistes et distributeurs de jouets importent sporadiquement des GI Joe américains et des Action Man britanniques dès la seconde moitié des années soixante. La Compagnie Générale du Jouet qui deviendra le Groupe Céji naît en 1969 de la fusion des sociétés Arbois/ Clodrey/ Jeux Éducatifs Universels/ Joustra/ Lang. Cette compagnie est alors le plus puissant groupe français dans le domaine de la fabrication et de la distribution de jouets. Le nouveau groupe va se rapprocher de Hasbro et de Palitoy pour, dans un premier temps, avoir l’exclusivité des imports en France. Ceji se rapproche ensuite de l’usine hongkongaise Cheung Industrial qui fabrique de manière indépendante de nombreux articles GI Joe pour Hasbro. Ceji se rend alors compte qu’il est possible de réduire les coûts d’importation depuis cette usine en groupant des commandes avec les allemands, les italiens et les espagnols qui détiennent aussi des licences GI Joe. En 1976, Ceji lance donc sa propre gamme pour les enfants de 7 à 14 ans à partir des moules originels des mannequins et des accessoires basées à Hong Kong. Ce sera Action Joe (contraction de Action Man et Gi Joe). Seules les grosses pièces comme les véhicules seront importées directement depuis les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne. L’aventure va durer jusqu’en 1981. Céji ira jusqu’à croiser la licence GI Joe avec les licences Rahan, Albator et Zorro. Le commandant Cousteau refusera cependant d’accorder une licence pour un Action Joe représentant un plongeur du Monde du silence. Le 1er janvier 1982 la licence arrive à son terme et elle n’est pas renouvelée car la société Miro Meccano a récupéré la diffusion des jouets Hasbro et Palitoy en France et va alors se contenter de recycler une partie de la gamme anglaise Action Man jusqu’à sa disparition en 1984.
► Allemagne de l’Ouest. La licence est détenue dans les années 70 par la firme Schildkröt Spielwaren GmbH de Mannheim qui utilise la dénomination Action Team (contraction du Action Man anglais et du Adventure Team américain). Étant donné le passé de l’Allemagne c’est l’aventure qui est privilégiée et les quelques militaires de la gamme revêtiront le brassard et le casque bleu de l'ONU.
► Espagne. Depuis 1968 la Manufacture Delgado désignée sous l’appellation Madel occupait la place de leader sur le marché hispanique de la poupée mannequin pour garçons avec le cultissime Madelman de 17 cm. En 1975, le fabricant Geyper achète une licence Hasbro pour tenter de s’accaparer une part du gâteau de Madel et baptise sa poupée de manière assez basique en calquant son concurrent : Geyperman. Geyper est surtout connu pour avoir développé une gamme Far-West assez conséquente et originale.
► Italie. La licence est détenue dans les années 70 par Polistil qui commercialise la poupée sous le titre GI Joe Action Team.
► La miniaturisation de GI Joe et le retour d’Action Man. C’est à partir de là que ça devient le binz. Dans le milieu des années 80, la poupée mannequin de grande taille n’intéresse plus trop les gamins des pays occidentalisés qui ne jurent désormais que par les figurines semi-articulées de 10 cm type Kenner. À partir de 1982, Hasbro se lance avec succès sur ce créneau avec une figurine de 10 cm nommée… G.I. JOE ! Le même patronyme que sa poupée mannequin de 30 cm disparue 4 ans plus tôt. Palitoy fait de même en Grande-Bretagne en remplaçant progressivement son Action Man de 30 cm par un Action Force de 10 cm. C’est d’ailleurs l’Action Force de Palitoy qui arrive en premier sur le marché français suivi en 1986 des vrais « petits » G.I. JOE de chez Hasbro. À partir de cette époque, les nouvelles générations se représenteront GI Joe comme étant une gamme de figurines de petite taille. Mais le GI Joe de 30 cm fait son come-back aux États-Unis à partir de 1991 par le biais de coffrets limités et commémoratifs. La société Hasbro est désormais implantée en Europe. Elle va relancer et commercialiser elle-même à partir de 1993 un Action Man de 12 pouces (le nom G.I. JOE étant connoté 3,75 pouces en Europe - Hasbro rachète tous les droits de propriété intellectuelle de Palitoy dont le nom Action Man). Le nouvel Action Man est donc sur les linéaires à portée de main de tous les jeunes français en 1994. Il est maintenant destiné aux enfants de moins de 10 ans, le packaging se caractérise par une dominante orange, le logo figure un A orange intégré dans un M noir, la joue du héros est balafrée, la qualité est bien moindre que celle de ses illustres prédécesseurs, les finitions sont plus grossières, les cheveux moulés, l’habillement n’est plus interchangeable (chez Action Joe, un officier de la Wehrmacht pouvait se transformer en un clin d’œil en Jojo le cow-boy poursuivant la pauvre Suzy). Le succès commercial est au rendez-vous, les univers se multiplient, l'électronique fait son apparition, le nouvel Action Man devient un phénomène de la culture populaire. En 2006, Action Man est de nouveau totalement repensé, sa taille est réduite, son apparence relookée en adéquation avec la série animée télévisée Action Man - A.T.O.M. (Alpha Teens On Machines), pour disparaître deux ans plus tard.
► Hors Europe et copies. Des licences officielles GI Joe ont aussi été accordées en Argentine (Joe Super Temerario par Veri-Li), au Brésil (Falcon par Estrela), au Japon (Combat Joe par Takara) et au Mexique (Hombres de Acción et Aventurero de Acción par Lili Ledy). Quand aux imitations plus ou moins réussies, elles sont nombreuses à travers le monde mais les plus invasives venaient de Hong Kong ou une même poupée pouvait porter des noms différents selon le commanditaire ou le pays destinataire. Citons Adventure Man/Dynaman de Barter Ltd et Johnny Stong/Bruce Action/Super Mike de Fairland Toys. En France, les Établissements Bertin ont distribué Adventure Man dont on peut retrouver les réclames dans Pif en 1978, La Redoute a distribué les poupées Fairland Toys, sans oublier que sur les étals du marché et dans les bazars il était facile de se procurer pour pas cher le soldat Bertrand et ses uniformes de la marque MF.
Merci pour cet intéressant résumé... Il répond, je crois, à la plupart des questions.
«Votre devoir est génial. Tous les autres m’ont parlé plus ou moins intelligemment, et plutôt moins que plus, du risque. Mais vous, vous avez risqué. Je dis bien que c’est une idée fantastique car si je n’avais pas tourné la page, Monsieur Laugier aurait eu zéro».
Merci pour l'historique, très intéressant. J'ai fait mon petit tour sur le site Français dédié à Action Joe et je me suis aperçu à mon grand étonnement que j'en avait eu au moins 2 (le barbu Joe le chef de groupe et Bob le chasseur d'image). Marrant de voir ça, je n'avais eu qu'un Big Jim (l'agent secret avec les différents visages) mais c'est surtout les véhicules (Moto, Camping Car et Hélicoptère) dont je me souviens. Pour mes Action Joe j'utilisais le Dune Cruiser de chez Joustra et je me souviens que ma mère qui était couturière me faisait des vêtements, que de souvenirs.
«Votre devoir est génial. Tous les autres m’ont parlé plus ou moins intelligemment, et plutôt moins que plus, du risque. Mais vous, vous avez risqué. Je dis bien que c’est une idée fantastique car si je n’avais pas tourné la page, Monsieur Laugier aurait eu zéro».
el bravo a écrit : ven. 23 mai 2025, 16:44
Catalogue 1981
Merci ...
Comment ça se fait que les prix ne sont pas indiqués sur le catalogue ?
«Votre devoir est génial. Tous les autres m’ont parlé plus ou moins intelligemment, et plutôt moins que plus, du risque. Mais vous, vous avez risqué. Je dis bien que c’est une idée fantastique car si je n’avais pas tourné la page, Monsieur Laugier aurait eu zéro».
CRISWEL a écrit : ven. 23 mai 2025, 16:58
Comment ça se fait que les prix ne sont pas indiqués sur le catalogue ?
Avant 1987, la réglementation française relative à l'information du consommateur sur les prix était plus souple. Chez les fabricants de jouets, il n'était pas rare de voir les listes de prix imprimées à part des catalogues de produits sur des feuillets mobiles à la discrétion des revendeurs. L'intérêt était double. Stratégie marketing : le but était de donner envie à un gamin de compléter sa collection sans rebuter d'emblée ses parents en raison du prix. Stratégie commerciale : il était possible de réactualiser rapidement les tarifs en cours d'année sans forcément réimprimer un catalogue.