Cristino le guerillero
- Jacques Flash
- Grand Maître
- Enregistré le : mar. 30 mars 2004, 02:00
Cristino le guerillero
L’été, c’est bien sûr les vacances, le soleil, la plage, le farniente. C’est aussi le temps des lectures faciles, des romans à deux sous et des nouvelles qui se mettent à pulluler dans les magazines. Voici donc dans la même veine, une petite histoire qui se veut avant tout une simple fiction même si elle s’inspire d’un cadre historique et de personnages qui ont réellement existé :
- Jacques Flash
- Grand Maître
- Enregistré le : mar. 30 mars 2004, 02:00
La bicyclette, c’est celle de l’ami Pierrot. Le cycliste, lui, c’est José. “Fais bien attention à toi !” lui avait crié Denise quand il avait quitté en trombe la mansarde de la rue de l’Orillon. Il faut dire que ce mois de février 1946 est particulièrement rude et que José est d’une nature fragile. Il y a peu, il était encore sans boulot, sans logis et dormait la nuit sur les bancs du canal Saint-Martin. Sans parler de l’horreur de ce qu’il avait vécu les années précédentes. De quoi vous bousiller la santé pour le restant de vos jours ! Tout ça c’était avant que l’amicale des anciens prisonniers ne l’envoie à Toulouse, avant qu’il ne séduise la fille du troquet, avant qu’il ne revienne vivre avec elle dans ce minuscule appartement de Belleville.
Mais en ce moment, josé n’a qu’une seule préoccupation : rejoindre le plus rapidement possible la plaine Saint-denis. Il est sur le point d’y parvenir. Rum balabum balabum bam bam, Deberemos resistir ¡Ay Carmela! ¡Ay Carmela! Rum balabum balabum bam bam, Prometemos combatir ¡Ay Carmela! ¡Ay Carmela! Aucun doute n’est possible, le chant de l’Ebre, c’est forcément le signal de ralliement. José se noie dans la foule impressionnante qui submerge les ruelles étroites du quartier des espagnols. Il est arrivé. Si la rumeur qui bruissait depuis le début de la matinée s’avérait exacte, il se devait d’être là, avec les siens, pour un dernier adieu à celui qui venait de tomber. Ainsi le Caudillo n’aurait pas plié sous la pression internationale, il aurait même donné l’ordre fatal au peloton d’exécution, Cristino aurait succombé sous les balles franquistes...
Cristino et José, deux vies construites sur une même trame historique. Le désespoir de la retirada sur les sentiers des Pyrénées avec l’armée républicaine en déroute. L’humiliation du camp d’internement d’Argelès. L’amertume du travail forcé. Les mines près d’Alès pour Cristino. Les
fortifications de Moselle pour José. La guerre qui les rattrape une seconde fois. Le premier multiplie les actes de bravoure dans l’armée des ombres à Nîmes ou à La Madeleine. Le second, triangle bleu en guise de brassard, lutte pour sa survie au KLM de Mauthausen. La mort leur accorde encore un sursis mais pour faire quoi ? Repartir clandestinement combattre le dictateur qui les a chassés ou batailler pour s’intégrer ici ? Cristino s’en va. José reste.
Une phrase à peine lisible écrite au crayon sur une feuille de papier à cigarettes avait suffi pour convaincre Manuel. “Je suis au régime d’exception, seul dans une cellule...”. Il fallait écrire un livre pour mobiliser l’opinion publique sur le sort de Cristino. On avait demandé à deux camarades du Journal de l’illustrer. Max ferait la couverture. José les images intérieures. Les dessins réalistes, c’étaient pourtant pas son truc. Il excellait plutôt dans les cabots anthropomorphes mais il savait au fond de lui qu’il devait le faire. Le livre venait de sortir, Cristino était mort et José criait sa douleur dans le flot des manifestants.
De cette triste histoire, il ne reste presque rien. Un nom - Cristino Garcia - accolé à des établissements scolaires et à un quartier d’Aubervilliers. Un livret oublié - Cristino le guérillero - agrémenté de quelques illustrations. Des dessins que nous avons retrouvés pour vous et qui sont signés d’un certain José Cabrero Arnal :
Mais en ce moment, josé n’a qu’une seule préoccupation : rejoindre le plus rapidement possible la plaine Saint-denis. Il est sur le point d’y parvenir. Rum balabum balabum bam bam, Deberemos resistir ¡Ay Carmela! ¡Ay Carmela! Rum balabum balabum bam bam, Prometemos combatir ¡Ay Carmela! ¡Ay Carmela! Aucun doute n’est possible, le chant de l’Ebre, c’est forcément le signal de ralliement. José se noie dans la foule impressionnante qui submerge les ruelles étroites du quartier des espagnols. Il est arrivé. Si la rumeur qui bruissait depuis le début de la matinée s’avérait exacte, il se devait d’être là, avec les siens, pour un dernier adieu à celui qui venait de tomber. Ainsi le Caudillo n’aurait pas plié sous la pression internationale, il aurait même donné l’ordre fatal au peloton d’exécution, Cristino aurait succombé sous les balles franquistes...
Cristino et José, deux vies construites sur une même trame historique. Le désespoir de la retirada sur les sentiers des Pyrénées avec l’armée républicaine en déroute. L’humiliation du camp d’internement d’Argelès. L’amertume du travail forcé. Les mines près d’Alès pour Cristino. Les
fortifications de Moselle pour José. La guerre qui les rattrape une seconde fois. Le premier multiplie les actes de bravoure dans l’armée des ombres à Nîmes ou à La Madeleine. Le second, triangle bleu en guise de brassard, lutte pour sa survie au KLM de Mauthausen. La mort leur accorde encore un sursis mais pour faire quoi ? Repartir clandestinement combattre le dictateur qui les a chassés ou batailler pour s’intégrer ici ? Cristino s’en va. José reste.
Une phrase à peine lisible écrite au crayon sur une feuille de papier à cigarettes avait suffi pour convaincre Manuel. “Je suis au régime d’exception, seul dans une cellule...”. Il fallait écrire un livre pour mobiliser l’opinion publique sur le sort de Cristino. On avait demandé à deux camarades du Journal de l’illustrer. Max ferait la couverture. José les images intérieures. Les dessins réalistes, c’étaient pourtant pas son truc. Il excellait plutôt dans les cabots anthropomorphes mais il savait au fond de lui qu’il devait le faire. Le livre venait de sortir, Cristino était mort et José criait sa douleur dans le flot des manifestants.
De cette triste histoire, il ne reste presque rien. Un nom - Cristino Garcia - accolé à des établissements scolaires et à un quartier d’Aubervilliers. Un livret oublié - Cristino le guérillero - agrémenté de quelques illustrations. Des dessins que nous avons retrouvés pour vous et qui sont signés d’un certain José Cabrero Arnal :
Modifié en dernier par Jacques Flash le dim. 11 avr. 2010, 12:16, modifié 1 fois.
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Re: Cristino le guerillero
Juste pour l'anecdote, étant en train d'évaluer des appels d'offres pour mon boulot, je suis tombé sur ce projet Construction du groupe scolaire intercommunal Cristino Garcia à Saint-Denis.
Un nouvel hommage pour un homme qui s'est battu toute sa courte vie d'adulte pour une Espagne et une France libres.
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