la Comédie des Menteurs de David Ellis

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Fredo
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la Comédie des Menteurs de David Ellis

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# Broché: 441 pages
# Editeur : Editions Gallimard (5 avril 2007)
# Collection : Serie noire
# Langue : Français
# ISBN-10: 2070774813

Présentation de l'éditeur
Racontée à rebours, depuis sa conclusion énigmatique jusqu'à son brillant commencement, La comédie des menteurs est l'histoire d'une femme, Allison Pagone, qui passe en jugement pour meurtre. Prise entre deux feux, un procureur qui veut l'envoyer dans le couloir de la mort et une agente du FBI qui pense pouvoir l'utiliser contre sa famille pour déjouer un complot terroriste, Allison ne pense qu'à une seule chose : protéger sa fille et son ex-mari, qui semblent pourtant avoir des choses à se reprocher. C'est quelques instants après sa mort que nous découvrons Allison pour la première fois.
Après quoi la narration remonte le temps, comme dans le célèbre film Memento : une heure plus tôt... la veille... de plus en plus loin dans le temps, jusqu'à ce que, parvenus au commencement, nous puissions comprendre ce qui s'est passé et, de manière plus inattendue encore, ce qui ne s'est pas passé...


Dure dure avant d'avoir assez d'infos pour savoir où l'on va, qui fait quoi, etc. Déstabilisant, c’est certain. Je pense que les gens qui sont habitués à lâcher un roman quand le début ne leur plait pas risque de passer à coté de celui-ci également. Je connais un libraire à Saint Cloud par exemple, qui ne prendra certainement pas la peine d'aller au delà et je peux le comprendre ...
Nous avons tous besoin d’être rassuré par la structure d’un livre, pour nous immerger dans ce monde que l’on veut nous faire découvrir. Nous avons tous besoin de nous retrouver en terrain connu, d’une certaine mise en place des personnages pour nous familiariser avec. Et forcé de constater que David Ellis ne choisit pas la facilité en commençant son récit par … la fin ! Un paquet de monde risque de s’y casser les dents, seront-ils assez patient pour attendre de passer le cap des 80 pages pour voir se dessiner une histoire diabolique ?! Ce n’est pas certain …
Cela faisait un bail que je ne m’étais pas forcé à tourner les pages d’un livre. Oui, l’histoire devient intéressante au bout de la centaine de pages mais il est vraiment difficile de garder un œil lucide sur l’histoire alors qu’il faut également gérer la construction à rebours.
Ce n’est pas impossible, c’est juste difficile. Cela exige de la part du lecteur une forte ténacité, une attention toute particulière, une concentration.
Mais personnellement, ça m’ennuie et c’est dommage. Mais comme c’est un pur exercice de style, c’est un livre à ne pas rater. C’est le paradoxe du roman. La forme prend le pas sur le fond. La construction devient le centre des attentions, c’est de cela que l’on va parler en premier quand on va conseiller le livre. (Un peu comme le roman de James Ellroy, American Tabloid, avec sa narration particulière.) Parce que en règle général, une histoire à suspense, commence par le bas de la pyramide, avec son lot d’informations qui nous mène à la pointe de cette pyramide, au paroxysme de cette ascension.
Alors qu’ici, l’auteur raconte la fin et crée la surprise en dévoilant le pourquoi du comment. Mais pour le lecteur, il s’agit de s’identifier à des personnages qui raisonnent à l’envers, comme l’histoire. Et si les personnages raisonnent à l’envers, le lecteur aussi, et ce n’est pas l’exercice de plus évident, même pour un lecteur averti.
En fait, il faut désapprendre à lire pour parvenir à tourner les pages, et à prendre le plis : le chapitre qui va suivre va me dire comment a commencé celui que je viens de terminer. Cela devient véritablement passionnant dans les derniers chapitres, cela valait le coup d’attendre mais j’ai trouvé le livre assez éprouvant à lire.
C’est important dans un roman de privilégier aussi bien la forme que le fond mais quand la forme prend le pas sur le fond, elle empiète forcément sur l’histoire.
C’est une situation inédite pour moi que d’être désappointé plus par la construction que par l’histoire. C’est ce qui me sort régulièrement de ma lecture. J’ai du mal à éprouver une quelconque sympathie, un quelconque intérêt pour ces personnages qui vivent leurs vies de romans à l’envers … Je garde une certaine froideur, une distance face aux destins de ces êtes de papiers. La forme prend le pas sur l’émotion. Au final, la Comédie des Menteurs est selon moi un livre passionnant mais qui me laisse froid. Un livre plus mathématique et scientifique que littéraire en fait, un paradoxe.
Donc à conseiller à ceux qui n’ont pas froid aux yeux, qui aiment l’originalité de cet exercice de style et qui ne se décourage pas facilement.
Ce qui est rigolo, c'est que pour les livres que j'ai lu après, il m'a fallut repasser en mode "lecture normale", c'est étrange comme sensation. Ça veut dire que Ellis est parvenu à faire prendre le pli à son lecteur. C'est comme passer sa journée avec des anglo-saxons, à raconter des bêtises en anglais et puis à rentrer le soir, et à se remettre à parler en français. Y a juste à cliquer sur un interrupteur pour repasser en mode normale !

À noter que la traduction du titre serait plus "En Compagnie des Menteurs".
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