Les « redoublages » français de films et séries

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pak
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Re: Les « redoublages » français de films et séries

Message par pak »

Disney bidouille les doublages de ses films depuis au moins les années 1960, si ce n'est les 1950.

À l'époque, ça dérageait moins puisque le seul média diffusant ces films était le cinéma, et ils ne passaient pas à la télévision (de toutes manières, la décennie charnière de la télé dans les foyers est véritablement celle des années 1970, puisqu'au début, seul un foyer sur dix possédait un poste, à la fin, on est sur du neuf sur dix).

Donc il n'y avait pas de moyens de comparaisons à part l'oreille, mais les films ne passaient pas tous les ans en salles, loin de là.

C'est avec l'arrivée de la VHS que ça a commencé à se voir (à s'entendre), et de nos jours, avec la multiplication des sources (TV, VHS, Laserdisc, DVD, Blu-ray, reprises en salles), les moyens de comparaisons sont bien plus nombreux.

Les autres studios s'y sont mis plus tard, mais ils s'y sont mis...


Basiquement, il existe deux raisons principales à ces redoublages.


La première est que la source initiale est modifiée, d'une manière ou d'une autre. Cala peut-être l'usure de la source. On a tous connu des DVDs d'anciens films avec un son en VO impeccable et une VF pleine de souffle, de craquements, parfois limite audible. Et avec l'arrivée de la HD et l'amélioration constante du rendu sonore des télévisions, certains studios ont eu à arbitrer entre le coût d'une restauration sonore et celui d'un nouveau doublage. La source peut être aussi modifiée parce que le film a été remonté pour un director's cut, une version longue ou l'ajout de nouvelles scènes non doublées. Là encore, des occasions de se poser la question d'un nouveau doublage intégral.

Enfin, une VF peut être tout simplement perdue. Dans certains forums de cinéma, on a déjà vu des appels à la recherche d'une source sonore française de la part d'éditeurs parce que le studio d'origine n'arrivait pas à retrouver la VF du film concerné. La VF est source de ventes supplémentaires en France, tout comme une augmentation potentielle d'audimat pour une diffusion télé. Autant une partie du public américain est allergique aux sous-titres, autant c'est vrai aussi en France, d'où d'éternels débats VF versus VO souvent conflictuels dans les forums sur le cinéma...


La seconde est moins technique et nettement plus mercantile. Les notions de propriétés d'une œuvre américaine et française sont diamétralement opposées. Pour schématiser, en France, chaque acte créatif est lié à un droit d'auteur, aux États-Unis, l’œuvre appartient à celui qui la produit. En fait, le cinéma est traité outre-Atlantique comme un produit industriel. Dans l'industrie, et c'est vrai en France, lorsqu'un employé d'une entreprise dépose un brevet, celui-ci ne lui appartient pas, mais est la propriété de l'entreprise qui le rémunère. En gros, il est payé pour ça, et c'est l'entreprise qui lui a donné les moyens de créer son brevet, donc ce brevet appartient à son employeur.

Un film américain, c'est la même chose. Un studio paye une équipe technique et artistique pour créer un film, mais au final, le film appartient au studio. Chaque intervenant est comme un prestataire payé pour une tache, et ça s'arrête là. En France, ce n'est pas le cas du fait de la protection des droits d'auteur sur laquelle butent les studios américains. Pour traduire un film, que ce soit par écrit (sous-titrages) ou pour l'oral (doublage), c'est déjà un acte de création protégé. À celui-ci s'ajoute la prestation de l'acteur de doublage, aussi considérée en France comme acte de création. Et ça peut se compliquer par exemple si l'acteur de doublage fait modifier ses dialogues, devenant s'il le veut partie prenante de l'écriture et donc éligible lui aussi au droit d'auteur. De plus ces droits sont pérennes dans le temps, et impliquent même des ayants-droits qui, souvent, deviennent trop gourmands.

Donc l'exploitation d'un vieux film étranger en France peut s'avérer problématique dés lors où la recherche des droits et ayants-droits liés à la VF l'est aussi. Disney a depuis longtemps décidé de reprendre la main afin de ne pas être dépendant de sources extérieures, procédant à des redoublages internes sous contrats clavetés. J'imagine de même pour ses nouveaux films. En gros, le contrat stipule que l’adaptateur ou le doubleur accepte d'être rémunéré à la tâche, ponctuelle, et renonce à tous ses droits ultérieurs tels que définis par le droit français, comme une participation aux bénéfices si le film cartonne ou de toucher des royalties à chaque passage TV ou exploitation vidéo. On est donc plus proche ici de la prestation de service (droit américain) que du droit d'auteur (notion plus européenne et très française).


Donc en gros, si le studio en a les moyens, puisque le marché français veut une VF (ou du moins si le film en vaut le coup commercialement), il est plus simple de refaire un doublage que de s'emmerder à comprendre quoi payer à qui.


Le doublage est entré en une ère plus industrielle. L'époque des Roger Carel, Michel Roux, Claude Bertrand, Francis Lax, Jaques Balutin et autres est terminée. J'imagine que les doubleurs ont désormais des contrats verrouillés. Refuser ces contrats, ce serait se fermer la porte des studios qui les imposent. De plus la chasse au coût, comme partout, pour tirer les prix vers le bas, a un impact sur la qualité de certaines prestations. Depuis quelques années, des classiques ont été diffusés sur Arte avec des nouveaux doublages calamiteux, et s'il y a bien une évolution technique que je bénis, c'est le multilingue arrivé avec le DVD et désormais disponible sur beaucoup de chaines de télévision. Mais même là ça a ses limites : traductions approximatives, absence de sous-titres lors de certaines répliques, orthographe parfois malmenée, on sent régulièrement qu'il n'y a pas vraiment de contrôle qualité très poussé, trop cher en temps et donc en argent...


Bref, mieux vaut être bilingue, voire multilingue ! Mais bon, j'ai déjà du mal avec l'anglais, alors le russe ou le japonais... :out3:
Il m'apparaît de plus en plus clairement que les motifs ténébreux de cette obscurité s'enrobent d'un mystère opaque assez peu propice aux interprétations lumineuses... Achille Talon

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batless
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Re: Les « redoublages » français de films et séries

Message par batless »

On a parlé de Bugs Bunny ?
Recherche magazines Hara kiri.... Archie collection héritage "le mariage" tome 3-4-5-6-7-8-9.......Alien Vs Predator War tome 4
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hoops
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Re: Les « redoublages » français de films et séries

Message par hoops »

batless a écrit : dim. 16 janv. 2022, 13:43 On a parlé de Bugs Bunny ?
Justement je me rappelle que dans Décode pas Bunny, Serge Bromberg présentait des dessins animés Warner redoublés, dans l'ensemble je ne me rappelle pas avoir été choqué si ce n'est par la retraduction de l'épisode Opéra des Walkyries, où la chanson n'est plus vraiment la même.
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