Hier soir j'ai vu le film
Casse-tête chinois pour le Judoka, coproduction franco-italo-allemande d'espionnage complètement oubliée (et oubliable) réalisée par Maurice Labro, réalisateur lui aussi oublié de films populaires qui a débuté sa carrière dans les années 1930, et qui la finira en réalisant des films d'action et d'espionnage dans les années 1960 (
Le Gorille a mordu l'archevêque et
Corrida pour un espion avec Roger Hanin,
Coplan prend des risques... ).
Le Judoka est un personnage non moins oublié (décidément) d'une série de romans d'espionnages créé pour la collection
Espionnage de Fleuve Noir en 1960 (11 titre parus entre 1960 et 1971) avant d'avoir sa propre collection chez Albin Michel entre 1965 et 1968 (au moins 48 titres). Tous écrits par Ernie Clerk, en fait un pseudonyme collectif derrière lequel se cachent plusieurs auteurs différents.
Mais ce qui m'a motivé à ouvrir ce sujet est la scène d'ouverture du générique s'ouvrant sur un léger travelling vers l'entrée d'une librairie au milieu de laquelle trône un présentoir chargé de petits formats de l'époque.
On peut en reconnaitre plusieurs, hélas pas tous sur la vue d'ensemble, le film diffusé n'étant pas en HD ce qui rend les détails flous.
Parmi ces titres on reconnait :
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Heure H (Les Bons Amis), une série de guerre assez rare, n° 9 de décembre 1966,
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Go (Les Bons Amis), rare aussi, n°22 de février 1967,
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Rapaces (Impéria), n°144 de juillet 1967,
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Garry Pacifique (Impéria), n°39 de mars 1967,
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Naja (Gemini), n°7 d'août 1967,
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Cathy (Arédit), n°56 de juin 1967,
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Le Journal de Pif (Vaillant), n°161 du 13/08/1967,
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Coin Coin (Arédit), n°14 de janvier 1967 (le dernier de la série),
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Clapotis (Arédit), n°23, juillet 1967,
- La revue de variétés
Formidable, n°20 de mai 1967, sûrement devenue un collector chez les aficionados de Johnny.
Pour le reste, c'est trop flou pour moi. Ce qui est étonnant, c'est que cette scène suggère que le film est issu d'une bande-dessinée qu'un lecteur vient prendre dans ce kiosque (c'est la couverture rouge avec le motif de dragon dans un cercle blanc au milieu en haut du présentoir), et d'ailleurs le générique se poursuit en présentant les personnages avec des dessins de bulles de BD. Mais ce n'est pas le cas, car comme dit plus haut, le film est l'adaptation d'un roman d'espionnage, en l’occurrence
Le Judoka dans l'enfer (et non Judoka en enfer comme écrit dans la page Wiki du film), n°2 de la première série
Espionnage d'Albin Michel, paru en 1965.
Il aurait donc été plus judicieux de présenter le roman sur un présentoir de romans dits de gare (ou d'aéroport), ce qui ne manquait pas à l'époque avec les diverses séries de romans d'espionnage et policier des éditeurs tels que Fleuve Noir, Gerfaut, L'Arabesque, Presses de la Cité, Plon...
C'est le second et dernier film adaptant les aventures du Judoka il me semble, le premier étant
Le Judoka agent secret de Pierre Zimmer tourné en 1966, avec Jean-Claude Bercq dans le rôle-titre, et Marilù Tolo qui interprète le rôle féminin principal dans les deux films, mais avec des personnages différents.
Étant donné la présence du
Naja et du
Journal de Pif, on peut estimer le tournage du film durant l'été 1967 même s'il est difficile de dire si c'est au début ou à la fin, puisque je ne sais pas si les scènes françaises ont été tournées en premier où au retour de Hong Kong. La durée d'un tournage d'un tel film était d'environ 3 mois. Le film est d'abord sorti en Allemagne de l'Ouest le 22/12/1967, puis en France le 06/02/1968.
Des scènes ont été tournées à l'Aéroport de Paris dixit le générique de fin. On peut supposer que celle d'ouverture dans la librairie en fait partie, et que c'était à Orly puisque l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle n'existait pas encore en 1967, année du tournage. L'essentiel du film ayant été tourné à Hong Kong.
Les dessins du générique sont de Ch. Rau, l'affichiste Charles Rau j'imagine (il signait Ch. RAU). En voici quelques captures :
L'affiche du film (signée Charles Rau ? ) :
Le film fera 554 481 entrées en France, dont 82 496 à Paris, score très modeste pour l'époque, et à des années lumières des entrées des
James Bond, dont le succès a généré ce genre de productions bas de gamme...
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