Fantomiald
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Fantomiald Série italienne.
Fantomiald est né en 1969 dans les pages de Topolino, le magazine italien des héros Disney, sur une idée de la rédactrice en chef Elisa Penna qui prend alors en compte les récriminations des jeunes lecteurs reprochant à l'éditeur Mondadori de toujours montrer Donald comme le malchanceux de service, un fainéant, criblé de dettes, poursuivi par Picsou, la poisse et les créanciers, bref, l'éternel looser ! Fantomiald s'inspirerait du fumetti Diabolik, créé en 1962. Le nom italien de Fantomiald, Paperinik (PK) est la réunion du nom italien de Donald, Paperino et de la lettre K que l'on retrouve souvent dans le nom des héros noirs de fumetti : Satanik, Kriminal ou Sadik. Mais Fantomiald est également l'héritier des héros de la littérature française que sont Arsène Lupin, Rocambole (et non Rokambole) et surtout Fantômas. Enfin, d'aucuns y verront du Zorro ou du Batman (notamment à cause de ses ailes de chauve-souris).
La première véritable apparition du canard masqué remonte au 1er juin 1969 dans Topolino n°705 à la rubrique "Qui... Paperino Quack" qui annonce sa première aventure Paperinik il diabolico vendicatore publiée en deux parties dans Topolino 706 et 707, les 8 et 16 juin 1969 et traduite beaucoup plus tard chez nous, dans Mickey Parade 1166 bis (1974) sous le titre Comment on devient Fantomiald. Elle est l'œuvre du talentueux dessinateur G.B. Carpi et du prolifique et truculent scénariste Guido Martina, habituel persécuteur de Donald qui se rachète donc là un peu.
Dans cet épisode, Donald découvre la Villa Rose qui cache le repaire secret du gentleman cambrioleur Fantomias (Fantomius) disparu depuis des décennies : la villa en ruines appartient en fait à son cousin Gontran (qui l'a bien évidemment gagnée à un concours !) mais Donald qui a mis la main sur le journal secret de Fantomias découvre que ce dernier menait une double vie lui permettant de se venger de ceux qui le traitaient de bon à rien. Donald décide de taire la chose et d'utiliser le costume et les gadgets du brigand pour se venger à son tour de Picsou et humilier son cousin à la veine insolente : il devient alors Fantomiald ! Il pénètre par effraction chez son oncle et lui dérobe son magot de billets de 1000 dollars puis il parvient à faire endosser le crime à son cousin. Si dans cette première aventure à l'épilogue peu moral, il vole et ridiculise Picsou, les épisodes suivants le montrent en défenseur du bien même si les méthodes restent douteuses et éloignées du politiquement correct si propre à l'univers Disney...À noter que dans ce premier épisode, le héros masqué apparaît justement sans son masque... à cause d'une erreur de coloriste !
C'est enfin la revanche de Donald : les auteurs satisfont ainsi le lectorat et font d'une pierre deux coups puisque ils peuvent continuer à accabler le neveu de Picsou de toutes les malchances dans des aventures traditionnelles tandis que son alter ego le vengera dans d'autres récits.
Au cours des épisodes suivants, Donald qui n'est pas un super-canard utilisera des gadgets à la James Bond fournis par l'inventeur Géo Trouvetou (comme des bottes à ressort, une voiture digne de la batmobile et surtout des masques à la Mission Impossible lui permettant de se faire passer pour Flairsou, Picsou ou Gontran). Géo est donc le seul à connaître une double identité que même ses neveux ignorent : les différents stratagèmes qu'emploie notre héros pour endormir leur méfiance fournissent matière à de savoureux gags et rappellent en cela les problèmes que doivent surmonter tous ces super-héros à identité secrète comme Spider-Man et surtout Superman. Donald va jusqu'à forcer sa nature de fainéant et de trouillard pour mieux tromper ses neveux...à l'image d'un Superman transformant son alter ego Clark Kent en un personnage pleutre et empoté. Les enfants (et leurs aînés) peuvent donc trouver là une justification au caractère médiocre de leur canard favori et par la même à leurs propres faiblesses...
Les artistes les plus talentueux vont se succéder sur le personnage entre 1969 et 1980 : à commencer par le génial Romano Scarpa dans Topolino 743, pour la deuxième aventure de Fantomiald (Fantomiald contre Fantomas dans Mickey Parade 1166 bis) suivi par Massimo De Vita, un de ceux qui le dessinera le plus souvent et qui, surtout, lui apportera une réelle dimension, quant à Giorgio Cavazzano, il aura le privilège de créer graphiquement la version féminine et même féministe de Fantomiald en 1973, qui n 'est autre que Daisy, bien sûr (voir Mickey Parade 1327 bis, 1977) et même Luciano Bottaro s'y collera tardivement, en 1978 dans Fantomiald et le parapluie volant (Mickey Parade 55, 1984). D'autres scénaristes signeront également quelques aventures de Fantomiald comme Michelini, Artibani ou Panaro.
Plus tard, dans les années quatre-vingt, le personnage évolue vers une version franchement super-héros (et donc plus en accord avec la morale), un justicier au service d'une population reconnaissante, franchement éloignée du concept de gentleman-cambrioleur d'origine, notamment sous la plume de Concina, Pezzin, Sarda, Panaro ou Chierchini. En 1996, un groupe de jeunes auteurs imaginent l'ultime version de Fantomiald, rebaptisé P.K. (Power Duck en France) puis PK2 en 2001 dans la nouvelle série P.K. Paperinik New Adventures : le héros qui vit dans une époque futuriste, assisté d'Uno, une intelligence artificielle qui remplace Géo, affronte des extra-terrestres et n'a absolument plus rien à voir avec le Fantomiald d'origine (il faudrait plutôt parler de spin-off) : il est davantage influencé par les super-héros et mangas de l'époque et on peut préférer la première version même si cette récente série, publiée chez nous dans Super Picsou Géant connaît un indéniable succès, particulièrement, il est vrai chez les très jeunes lecteurs qui n'ont pas connu le premier Fantomiald.
Si en Italie, les aventures de Fantomiald sont d'abord éparses dans le magazine Topolino (plus tard, il possédera son propre mensuel), elles sont ensuite regroupées en rééditions dans les I classici Walt Disney (avec des prologues et transitions dessinés par G. Perego) où sont puisées directement les bandes traduites en France dans des numéros de Mickey Parade, de fait exclusivement consacrés au héros masqué entre 1974 et 1977. Par la suite, la publication devient également erratique (fantomatique ?) dans les Mickey Parade suivants hormis quelques numéro en 1984 puis 1990 presque entièrement dédiés à Fantomiald. On retrouve aussi le canard masqué dans Picsou Magazine dès 1976 puis dans Le journal de Mickey et il est réédité dans Le journal de Mickey Mystère ou Mickey Jeux au cours des années 90 tandis que depuis la fin des années 90, Super Picsou Géant et Mickey Parade proposent la nouvelle version de Paperinik.
Il serait grand temps que les habituels exégètes français du 9e art cessent de dédaigner un tel personnage au succès si important dans de nombreux pays et qu'on le découvre enfin au détour de telle ou telle encyclopédie et pas seulement dans des fanzines comme Le Collectionneur de Bandes Dessinées ou PIMPF.
Bibliographie
- On est tous fan... de Fantomiald in Pimpf Mag n°12
Liens externes
Auteur de l'article
- Fabrice Castanet