CAPTAIN AMERICA 1972
Episodes de Captain America de 145 à 156 VO
Année importante pour Captain America. Les changements sont nombreux. D’abord aux scénarios. Stan Lee, après avoir quitté la série en 1971 revient pour un numéro. Gary Freidrich prend le relais à nouveau provisoirement avant que Gerry Conway intervienne sur quatre numéros. Enfin Steve Englehart débarque et reste jusqu’à la fin de l’année 1975. Au dessin John Romita Sr est remplacé par Gil Kane pour le premier numéro et ensuite Sal Buscema arrive sur la série pour son premier run qui durera jusqu’en début de l’année 1975.
Au niveau encrage, nous avons John Romita Sr sur le premier numéro. Puis John Verpoorte, Vince Colleta, Jim Mooney, Frank Giacoia et Frank McLaughlin se succèdent.
Au niveau de la série il y a aussi beaucoup d’action. Le super héros prend toujours l’ascendant sur Steve Rodgers. Ainsi Steve Rogers le civil et policier, pourtant infiltré, est pratiquement aux abonnés absents. Les tensions avec Sharon Carter se réduisent considérablement (pour un certain temps au moins) dans la mesure où celle ci finit par démissionner du S.H.I.E.L.D. comme Cap lui avait demandé.
Cela permet ainsi à Steve Rogers de faire un peu plus son apparition dans les derniers numéros et de le voir enfin en tant que personne dans son intimité et non plus seulement qu’en tant que héros à temps plein même si cela reste marginal.
Les tensions entre le Cap et Nick Fury ne s’arrangent pas du tout. Le refus de Cap de rejoindre le S.H.I.E.L.D. n’est bien sûr qu’un prétexte. En réalité la comtesse Valentina est à l’origine de ces tension. Amoureuse de Nick Fury elle flirte avec Cap pour rendre Fury jaloux et cela marche.
Cap et Fury en viennent même aux mains pour s’expliquer.
Nous ne sommes toutefois pas dans la cadre du fameux triangle amoureux (thème cher à Stan Lee) puisque Cap n’a toujours d’yeux que pour Sharon. Quoi qu’il en soit au final Cap n’est plus le bienvenu au S.H.I.E.L.D.
De son côté le Faucon est plus que jamais décidé à défendre en priorité les intérêts de son quartier d’Harlem même si cela veut dire laisser Cap de côté. La encore il y à quelques tensions. Cap a tendance à venir chercher Sam pour que le Falcon l’aide mais Sam n’est pas d’accord. Le changement de costume à la fin de l’année 1971 est aussi censé affirmer l’indépendance du Faucon par rapport à Cap.
Ceci étant, la force des choses fait que les deux comparses se retrouvent malgré tout ensemble.
Dans l’épisode avec Baltroc et l’étranger ils poursuivent chacun leur propre piste qui les conduisent pourtant au même endroit.
Ensuite lors de l’arc du cap et Bucky des années 50, Sam Wilson ne peut s’empêcher de partir à Miami en Floride pour aider Cap contre son double diabolique. Il faut admettre également que le tandem avait semer le trouble dans Harlem pour commencer.
En terme d’histoire il y à du bon.
L’intégrale commence par un arc contre les hommes d’Hydra. Cela nous donne l’occasion de retrouver le Caïd, son fils et sa ravissante épouse Vanessa. C’est d’ailleurs la première apparition de ces trois personnages depuis les épisodes de Spider man avec le comploteur en 1970. La surprise de cet arc (mais est ce vraiment une surprise?) est le retour de Crâne Rouge qui, comme à son accoutumée, orchestre tout dans l’ombre. Il revient avec son androïde «le cinquième sleeper».
Ensuite nous avons deux épisodes avec Baltroc et l’étranger. Des épisodes assez surprenant pour cette série mais loin d’être désagréable pour autant.
Après Captain America et le faucon ont fort à faire contre le scorpion et mister Hyde (une association aussi surprenante qu’improbable).
Enfin l’album se finit avec un arc superbe contre le Captain America et le Bucky des années 50 (que l’on retrouve ensuite en 1979-1980 en tant que «grand directeur» avec la force nationale et on apprend qu’il se nomme en réalité William Burnside en 2010) .
Steve Englehart signe ici son premier coup d’éclat sur la série (et cela ne sera pas le dernier surtout avec l’empire secret en 1974).
Après la fin de la seconde guerre mondiale, la série originale de Captain América s’essouffle malgré des efforts de Timely (futur Atlas/Marvel) pour poursuivre la série. En pure perte et la série s’arrête finalement en 1949.
Ensuite dans les années 50 Atlas (futur Marvel) tente de relancer le personnage dans une série «Young men».
La série est réalisée par Stan Lee et John Romita Sr. Le personnage est, toutefois, différent. Captain América et Bucky se battent surtout contre les adversaires communistes dont un crâne rouge communiste (références trouvées sur Wikipédia mais aussi dans l’intégrale 1972 puisqu’il y à un extrait tiré de Young men sur leurs origines).
C’est en 1953 en pleine période du MacCarthysme aux Etats-Unis. Cette série ne marche pas du tout et s’arrête rapidement au bout de quelques numéros. On retrouve toutefois le personnage, au cours d’une nouvelle tentative pour relancer Captain, dans «Men’s adventures» et «Captain America comics» en 1954 (références Wikipédia).
En 1964, dix ans plus tard, lorsque Stan Lee et Jack Kirbry relancent le personnage, on peut supposer qu’ils ont oublié la série des années 50 puisque la disparition de Cap est expliquée par une hibernation dans la glace depuis la fin de la guerre en 1945 ce qui est incohérent avec l’histoire du cap des années 50.
C’est dans ce contexte que Englehart reprend ce personnage dans la série.
L’idée de celui-ci est multiple. Englehart cherche, bien sûr, à faire la transition entre le Captain América original et le Captain América des années 50 pour avoir une continuité et une cohérence dans l’histoire globale.
C’est aussi l’occasion de mettre en avant la différence entre les deux antagonistes. C’est super intéressant. Le Cap et Bucky des années 50 sont censés remplacer le tandem original pour défendre les Etats-Unis à cette époque. Malheureusement la formule étant incomplète ils deviennent fou. Englehart mets donc face à face Captain America face à son côté le plus sombre possible. Les deux sont en total opposition. La où Captain America (Steve Rogers) se bat pour défendre la justice, les inégalités et le fanatisme sous toute ses formes quelle que soit l’époque, le double reste, lui, sur une vision ultra nationaliste et ultra radicale. La personnification du MacCarthysme. Un pseudo héros dont la chasse aux sorcières contre l’ennemi communiste devient finalement une chasse aux sorcières généralisée. Cette dernière est basée sur des critères complètement subjectifs et plus liée à ses propres peurs, angoisses et préjugés plutôt qu’à des valeurs humaines basées sur la liberté et l’égalité des droits.
Avec cette opposition de style et d’idéologie, Englehart replace le Captain la où il est le meilleur : combattre les ennemis de la démocratie et nous rappelle également que les ennemis peuvent être tout autant extérieur à la nation qu’à l’intérieur même. Englehart en fera la parfaite démonstration une fois de plus en 1974 lors de l’arc avec l’Empire secret.
Pour ce premier album sans les grands noms que l’on avait jusqu’alors (Stan Lee, Romita Sr, Kirby, Colan) celui ci est une réussite.
Les intrigues sont pas mal et intéressantes même si quelques épisodes semblent un peu en décalage.
Sal Buscema nous fait la démonstration de tout son talent. Malgré des changements d’encreurs les dessins de Sal ne souffrent pas trop.
L’arc des imposteurs est juste excellent. Il fait non seulement le lien avec l’histoire passée du personnage permettant de relier les deux cap mais offre aussi de nombreuses perspectives pour les artistes à venir sur la série. Ce que ne manquera pas de faire Roger McKenzie en 1979 en reprenant le personnage pour en faire le grand directeur du mouvement extrémiste «la force nationale».
Globalement 1972 fait partie des meilleures années de Cap dans les années 70.
Note :
8,75/10
Point positif : L’arc du cap des années 50 est fabuleux. Un de mes arcs préféré avec l’empire secret (sachant que pour le moment j’en suis en 1977-1979 et je n’ai pas encore lu l’arc sur la force nationale). La présence du Caïd est rafraîchissante pour la série. Le cinquième slepper et le diabolique Crâne Rouge.
Point négatif : Les deux épisodes avec Baltroc et l’étranger. Bien qu’intéressants ces épisodes à la dimension cosmique me semblent un peu hors sujet par rapport à la série.
J’ai aussi un peu de mal à adhérer à l’association Scorpion/Mister Hyde. Il me semble que les deux personnages ne sont pas fait pour travailler ensemble (après j’ai vu essentiellement Mister Hyde avec le Cobra dans DD donc je manque peut être d’objectivité).